María Ripoll • Réalisatrice
"Le plus grand défi de ma vie est de faire une bonne comédie"
par Alfonso Rivera
- Dans Ahora o nunca, la réalisatrice espagnole María Ripoll mise sur le romantisme, l’action et l’interculturalité

La Barcelonaise María Ripoll mise sur le romantisme, l’action et l’interculturalité dans Ahora o nunca [+lire aussi :
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interview : María Ripoll
fiche film] (litt. "C’est maintenant ou jamais"), un film réunissant Dani Rovira et María Valverde. Cineuropa l’a rencontrée.
Cineuropa : Aviez-vous envie d’un peu de légèreté après avoir réalisé le drame Traces de Santal [+lire aussi :
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María Ripoll : Oui, car même si les histoires sont dramatiques, j’aime faire sourire. Ahora o nunca est une comédie, mais ce que vivent les personnages est dramatique. Faire rire est plus difficile que faire pleurer, et réaliser une bonne comédie est le défi de ma vie. Avec ce film, vous passez du rire aux larmes tout en vous divertissant. L’échange et le mélange des cultures sont également des thèmes qui m’intéressent, comme les Espagnols en Europe, et Bombay dans mon film précédent film. J’ai toujours l’interculturalité en tête. C’est ma première comédie 100 % espagnole. Avec If Only… et Tortilla soup, j’avais pris un risque en travaillant avec des acteurs anglophones, qui manient la spontanéité comme personne. Mais les choses ont changé, et la langue espagnole est désormais apte à faire de la comédie à partir d’une base dramatique.
Qu’est-ce qui explique ce changement ?
La comédie a depuis toujours été reléguée au second plan par les institutions, les festivals et leurs différents jurys. Il y a enfin un prix de la comédie à l’Académie européenne du cinéma, car elle commence à être davantage reconnue. Il a été prouvé que c’est un genre qui touche de plus en plus les spectateurs. Ma principale motivation pour faire Ahora o nunca, c’est que le monde d’aujourd’hui est devenu très compliqué pour beaucoup de gens. Faire une comédie est un devoir de réalisateur. Le public peut ainsi oublier ses problèmes et se divertir, comme ce fût le cas avec Ocho apellidos vascos [+lire aussi :
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Vous collaborez également pour la troisième fois avec le producteur Francisco Ramos.
Il est très intuitif et sait très bien ce qui va marcher. Il m’a fait découvrir Dani Rovira avant même qu’il ne devienne la star de Ocho apellidos vascos. Paco sentait qu’il allait réussir : Dani est parfait pour les comédies et les films d’action, et il sait transmettre les émotions. C’est homme séduisant, mais il reste accessible et sincère et les gens peuvent facilement s’identifier à lui. Il est presque comme un membre de la famille. Et María Valverde est naturelle et délicate, et elle n’avait encore jamais joué dans une comédie.
Comment avez-vous réussi à conserver le ton comique dans des décors aussi variés ?
C’est le film le plus exigeant que j’ai réalisé, et ce, à cause des nombreux lieux de tournage et du grand nombre d’acteurs. Nous avons dû reconstituer quatre aéroports : trois à la Fira de Barcelone et celui d’Amsterdam dans le terminal d’une compagnie maritime. Le tournage a duré une semaine. Chaque jour était plus compliqué que le précédent. Même l’Angleterre a été recréée, dans une petite ville catalane qui possède quatre maisons de style anglais. Celle qui correspondait le mieux à ce que nous recherchions, grâce à son immense jardin, était affreuse à l’intérieur. Nous avons donc dû la transformer. Au début, nous pensions aller dans les Asturies, mais déplacer l’équipe coûtait plus cher que de redécorer la maison. Le tournage a duré sept semaines en tout, et j’ai terminé le film il y a 15 jours. Je travaille 18 h par jour depuis septembre 2014, car avec ses trois histoires, le montage du film a été infernal, un véritable puzzle.
Quelle est la recette d’une bonne comédie romantique ?
Je me suis recentrée sur ce que je connais : nous, les femmes, savons parler des émotions sans en faire trop et ce film contient un certain nombre d’éléments cocasses. Le public va pouvoir s’identifier à chacun des personnages, filles et garçons, même avec les passagers du bus. Ce qui est différent, c’est de raconter les choses avec le sourire, sans perdre le sens du gag et sans laisser l’amour de côté, car c’est l’amour qui fait tourner le monde.
Votre prochain projet sera-t-il dans la même veine comique ?
Oui, c’est un genre avec lequel je me sens bien. Le film sera l’adaptation de No culpes al karma de lo que te pasa por gilipollas [+lire aussi :
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fiche film] (litt. "Ne blâme pas le karma pour ce qui t’arrive parce que tu es un idiot"), un roman fantastique de Laura Norton. Nous travaillons sur le scénario. L’histoire se déroule entre Madrid et Hong-kong. Voyager entre les cultures à travers le cinéma est une de mes obsessions. Le monde est vaste et nous devons nous ouvrir. On peut apprendre de tout.
(Traduit par Karine Breysse)
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