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Alejandro Amenábar • Réalisateur

"Je suis plus naturellement porté vers le thriller"

par 

- SAN SEBASTIÁN 2015 : Alejandro Amenábar a ouvert le Festival de San Sebastián avec Regression, un thriller psychologique intense s'inspirant du cinéma américain des années 1970

Alejandro Amenábar  • Réalisateur

Alejandro Amenábar a ouvert le 63e Festival de San Sebastián avec Regression [+lire aussi :
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, un thriller psychologique intense s'inspirant du cinéma américain des années 1970. Cineuropa a rencontré le réalisateur:

Cineuropa : On entend beaucoup dire que Regression marque votre retour au thriller, mais vous ne l'avez jamais vraiment laissé...
Alejandro Amenabar : C'est vrai qu'on me dit beaucoup ça. Il y a des réalisateurs qui sont naturellement portés à faire des comédies et bien moi, en tant que spectateur et que metteur en scène, c'est vers le thriller et le mystère que je vais naturellement. Ça m'a toujours semblé logique. Ce film est bien un retour à mes premiers, Tesis et Les Autres. J'avais envie de faire un film de terreur pur et dur. Il faut dire que je fais toujours les films que j'aimerais voir au cinéma en tant que spectateur. Car je suis aussi un spectateur. Or, j'aime la terreur, mais hélas, il n'est pas évident de trouver de bons spécimens du genre. Et c'est comme ça que, comme d'habitude, je me suis retrouvé à dériver dans cette direction, à faire mon petit mélange, et le résultat est une sorte de film psychologique avec des éléments de drame.

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Vous aviez tourné Agora [+lire aussi :
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 à Malte. Pour Regression, vous êtes allé au Canada.
Il est plus facile de tourner au Canada qu'à Madrid, parce que là-bas, ils voient le cinéma différemment, avec un certain respect... Ici, nous n'avons pas de vraie politique pour bien accueillir les productions étrangères qui veulent tourner chez nous, alors que l'Espagne pourrait être une destination  de tournage formidable. Le fait que Pompeya soit en tournage à Toronto, et pas en Espagne en dit long sur la situation de notre pays. Toronto, c'est un plateau de tournage géant : la moitié d'Hollywood va tourner là-bas. C'était le meilleur endroit pour mon film, entre les dégrèvements fiscaux qu'ils proposent, toutes les aides qu'on peut obtenir sur place et ce respect qu'ils ont pour ce qui est bel et bien un métier. Les techniciens espagnols m'ont manqué, avec cette énergie qu'ils ont, leur grand professionnalisme, et cette sensation qu'on a toujours avec eux d'être en famille, mais comme ils sont très bons, nous avons pu en amener quelques uns avec nous. Les autres membres de l'équipe devaient être canadiens.

Dans quelle proportion ?
En gros, on est obligé de tourner avec une équipe canadienne. Nous avons juste amené la costumière Sonia Grande, notre chef-opérateur Daniel Aranyo, notre propre assistant caméra et notre directeur de production. La post-production s'est faite entièrement en Espagne.

Vous avez réuni une troupe d'acteurs internationale qui comprend quelques Européens.
Presque tous les comédiens sont canadiens sauf Ethan Hawke et la grand-mère de la famille, Dale Dickey, qui sont américains. Nous avons aussi deux acteurs britanniques (Emma Watson et David Thewlis) et un Suédois (David Dencik). Nous les avons choisis parce qu'il nous fallait des Européens qui parlent parfaitement anglais avec l'accent américain.

C'est la troisième fois que vous tournez en anglais (après Les Autres et Agora).
C'est plus difficile qu'en espagnol, que dans sa langue maternelle. Il y a des expressions techniques que je ne maîtrise pas encore complètement. Mais en cas de besoin, je peux dire au chef-op ce que je veux et le laisser traduire tout cela pour le reste de l'équipe. Avec les acteurs en revanche, c'est plus délicat : il y a des subtilités que j'arrive à expliquer en castillan, mais pas en anglais. Cela dit, c'est plus dur, mais ça se fait.

Vous avez dit que vous vous êtes inspiré pour ce film du cinéma de Sidney Lumet et d'autres cinéastes nord-américains de cette époque. C'est un cinéma tranquille, où les informations étaient distillées petit à petit, alors que public d'aujourd'hui est habitué à un autre rythme, plus vertigineux. N'était-ce pas un risque de choisir cette voie ?
Si, j'en suis conscient. C'est un film télégraphique : comme je ne voulais pas qu'il soit dense, nous avons évité de faire des acrobaties au niveau du montage, du son et des effets spéciaux numériques, mais je voulais que la trame nous entraîne de A jusqu'à B jusqu'à C, je voulais que le récit soit trépidant. De ce fait, je pense que les spectateurs ne vont pas s'ennuyer et qu'ils vont suivre sans problème l'histoire – car il n'y en a pas plusieurs, mais une seule principale. Par ailleurs, c'est l'un de mes films avec le plus de musique, parce qu'on n'aurait pas pu faire ce que Coppola a fait dans les années 1970 avec Conversation secrète, un film que j'aime passionnément, mais que le public d'aujourd'hui n'arriverait pas à regarder. Je pense que, de temps en temps, un petit changement de rythme n'est pas désagréable, et il permet au spectateur de mieux rentrer dans le film. Ce qui serait horrible pour moi, ce serait que les gens s'ennuient devant Regression.

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(Traduit de l'espagnol)

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