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Jiří Sádek • Réalisateur

“La technologie inspire le renouvellement de l’art, et inversement”

par 

- Cineuropa a rencontré le jeune talent tchèque Jiří Sádek à l’occasion du Festival de Karlovy Vary pour parler de The Noonday Witch, une relecture filmique d’un poème classique

Jiří Sádek • Réalisateur

Le nouveau talent tchèque Jiří Sádek a présenté son premier long-métrage dans le cadre de la compétition “East of the West” du Festival de Karlovy Vary. Il s’agit d’un film d’horreur psychologique atmosphérique intitulé The Noonday Witch [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Jiří Sádek
fiche film
]
, inspiré de la ballade tchèque du même nom. Le film est sorti sur les écrans tchèques et slovaques il y a quelques mois. Cineuropa a rencontré le réalisateur pour parler de cette relecture d’un classique littéraire et de l’émergence de nouveaux talents du cinéma en République tchèque.

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Cineuropa : The Noonday Witch reprend le poème de Karel Jaromír Erben pour évoquer un sujet social. Pourquoi avez-vous voulu lier les deux ?
Jiří Sádek
The Noonday Witch d’Erben est toujours aussi pertinent aujourd’hui. Un parent travaille qui passe tout le jour loin de chez lui et l’autre s’occupe du foyer pour qu’il se sente bien en rentrant à la maison : il faut faire le dîner, que le linge soit lavé, que les enfants aient pris leur bain et soient couchés, ce qui est plus dur qu’on pourrait le croire. Je connais des familles où le parent qui travaille devient un concept : c’est un usine à argent. Aucun parent ne peut être épanoui dans ce genre de situation. Et le parent qui reste à la maison, ici la mère Eliška, incarnée par Aňa Geislerová, n’imaginait pas non plus en se mariant qu’elle porterait toute la responsabilité. Ce n’est pas ça une famille. On aurait pu raconter cette histoire en s’inspirant du quotidien de n’importe quelle famille tchèque, mais le poème d’Erben m’a semblé une source d’inspiration merveilleuse et pleine d’esprit qui laisse aussi de la liberté – on pourrait tourner cent The Noonday Witches, et il n’y en a pas deux qui se ressembleraient. Partir d’un poème est une approche peu conventionnelle qui ne convient peut-être pas à tout le monde mais pour moi, Kytice, le recueil de poèmes dont vient la ballade, est le Harry Potter du XIXème : tout le monde l’a chez lui.

Pourquoi aborder votre thème à travers un film d’horreur - un genre peu répandu dans le cinéma tchèque?
Tout le monde ne rit pas pour la même chose, alors que la peur est pareille pour tous. Il est vrai que l’horreur n’est pas un genre très commun après toutes ces années de drames, de comédies et de films criminels. Avant, on avait des comédies comme Who Wants to Kill Jessie? de Václav Vorlíček, les films d’horreur de Juraj Herz, les films de Jaromír Jireš, et on les porte en nous, mais ma génération a grandi en compagnie de réalisateurs étrangers, comme David Fincher et M Night Shyamalan. Je pense que The Noonday Witch est le résultat de ce mélange.

Même dans le contexte de l’horreur, vous allez dans une direction contraire à ce que veulent généralement les conventions.
J’ai trouvé l’idée de faire un film d’horreur en plein jour assez logique : les monstres qui ne craignent pas de sortir le jour sont pires que ceux qui se cachent. Le jour est tout aussi inévitable que la nuit. La lumière provoque de la curiosité, pas de la terreur, mais c’est comme ça que le monstre vous attire pour mieux vous torturer. Et pendant une vague de canicule, en plein été, on n’a nulle part où se cacher.

Il y a beaucoup de premiers longs-métrages en République tchèque en ce moment, à tel point que les critiques parlent d’une nouvelle génération.
Je ne sais pas si on peut parler de renaissance de la production nationale, mais cette année, de nombreux nouveaux talents amateurs de cinéma de genre se sont fait jour. Ça me réjouit de voir la diversité des genres à l’ordre du jour. Mon projet n’est pas le seul à avoir été soutenu par le Fonds tchèque pour le cinéma : il y avait aussi un projet de film de science-fiction, par exemple. Les financements réservés aux réalisateurs à leur premier long-métrage ont également accéléré le processus : sans cela, The Noonday Witch n’aurait pas vu le jour. Par ailleurs, j’ai eu la chance de pouvoir tourner The Noonday Witch en 35 mm, mais l’ébullition des jeunes réalisateurs tient certainement au fait que les caméras et dispositifs de montage sont plus accessibles. La technologie inspire le renouvellement de l’art, et inversement.

Malgré son potentiel international, The Noonday Witch est une production tchèque à 100%. Avez-vous envisagé de monter le projet comme une coproduction internationale ?
Je ne me suis pas occupé de la partie financement pour The Noonday Witch, et c’est une bonne chose. Le projet a commencé comme un petit premier film du genre “maison hantée” – il devait initialement coûter dans les 185 000 euros. Et puis Aňa Geislerová nous a rejoints et nous avons décidé de tourner en 35 mm, et alors nous nous sommes rendu compte que ce n’était plus un petit film que nous étions en train de faire. Nous avons néanmoins voulu nous en tenir à un petit nombre de décors et d’acteurs, comme nous l’avions prévu au départ. 

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(Traduit de l'anglais)

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