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Raúl Arévalo • Réalisateur

"Me faire confiance, c’était un acte de foi"

par 

- VENISE 2016 : L'acteur madrilène Raúl Arévalo livre avec La Colère d'un homme patient un premier film de haut niveau en tant que réalisateur, grâce à l'appui inconditionnel de sa productrice Beatriz Bodegas

Raúl Arévalo  • Réalisateur
(© la Biennale di Venezia - foto ASAC)

Raul Arevalo est l'un des comédiens espagnols les plus sollicités du moment, avec à son actif des films comme Gordos [+lire aussi :
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(qui lui a valu le Goya du meilleur second rôle masculin en 2010), Les Amants passagers [+lire aussi :
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et La isla mínima [+lire aussi :
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. Après des années devant la caméra, à 36 ans, l’acteur madrilène passe de l’autre côté avec La Colère d'un homme patient [+lire aussi :
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, qu’il a pu réaliser grâce au fervent soutien de sa productrice Beatriz Bodegas, de La Canica Films.

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Cineuropa : Pourquoi raconter une histoire aussi brutale ?
Raul Arevalo : La violence m’a toujours intéressé, parce qu’elle est inhérente à l’être humain et qu’hélas, tous les jours, des actes de violence sont commis. C’est aussi quelque chose qu’on a tous en nous, même si on la réprime. Je suis anti-violence, je ne me suis jamais battu avec personne dans la vie, mais j’ai en moi de la colère. J’ai voulu aborder le sujet à travers une histoire avec laquelle je n’ai rien à voir. Quand j’ai écrit le sujet, il y a huit ans, mon père tenait un bar, et j’ai ainsi connu l’ambiance de quartier à Madrid, en écoutant des conversations sur la réaction des uns et des autres devant des actes violents, à froid ou à chaud. Et je me suis demandé ce que cela faisait de ressentir quelque chose de pareil : ce désir de vengeance. C’est ainsi que je me suis mis à enquêter sur la question.

Le titre du film en espagnol, Tarde para la ira (litt. "(trop) tard pour la colère"), a un double sens (tarde signifie "tard" mais aussi "soir", ndlt.).
Je voulais appeler le film Agosto (lire l’article), mais à ce moment-là, la pièce de théâtre du même nom est sortie, suivi par le film avec Meryl Streep, alors j’ai dû changer. En réfléchissant pour lui trouver un bon titre, j’ai lu une citation biblique traduite de l’hébreu disant que Dieu est le seul qui a assez de patience pour attendre le châtiment, et que le vrai défaut des chrétiens est qu’ils n’ont pas assez de patience pour attendre que le châtiment vienne à l’impur et au pécheur. D’où les deux acceptions du titre : il signifie trop tard, mais il renvoie aussi à la fin de la journée. Au début, ce titre me faisait peur parce qu’il me faisait penser à Sergio Leone et à Un après-midi de chien.

Êtes-vous conscient que le film peut heurter certaines sensibilités ?
Le plus difficile était de suivre le parcours du personnage central, et que le spectateur se sente proche de lui, avec toutes les contradictions que cela emporte et peut provoquer. Je n’avais pas envie de moraliser ou de tenir un discours à deux balles, mais de parler de l’être humain et des phénomènes auxquels on n’échappe pas, comme ce sentiment d’envie de vengeance, cette colère ancrée en soi, et la haine et la rancoeur. Car ce sont des sentiments qu’on a tous ressentis au moins une fois. Et sans juger.

On ne peut pas dire en effet que vous vous amusiez de la violence …
J’ai voulu faire un film qui réponde à une esthétique de la laideur : je me sens attiré par l’ambiance des quartiers et des champs de Castille où j’ai grandi, des lieux qui paraissent laids, mais dont parfois on peut extraire, comme le font certains films français et italiens, quelque chose de séduisant. Cependant, je voulais fuir la violence vue comme un spectacle, celle-là même que j’aime tellement dans le cinéma de Tarantino : je souhaitais une violence plus raide, réelle, crue et âpre comme la vie.

Est-ce sur le tournage de La vida inesperada [+lire aussi :
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à New-York qu’est née votre entente professionnelle avec votre productrice, Beatriz Bodegas, de La Canica Films ?
Non, ça s’est passé lors des essais pour le film à Madrid, avant d’aller là-bas, quand je lui ai passé mon scénario et que nous avons commencé à y travailler. Beatriz est remarquable d’être arrivée où elle est dans un univers aussi machiste, encore maintenant. Je voulais devenir réalisateur depuis tout petit et bien que j’eusse une idée très claire de ce que je voulais faire et comment, m’épauler a été un acte de foi. La confiance que Beatriz m’a faite et l’énergie qu’elle a employée à se battre pour moi ont été capitales pour le film, et je lui en suis très reconnaissant, en plus d’avoir bénéficié de ce fait de la plus absolue liberté. Bea a été ma fée marraine. Nous avons aussi eu des désaccords, mais sur l’ensemble, nous avons toujours coïncidé. Elle a veillé tout du long sur moi, m’appuyant à tout moment. C’est grâce à elle que ce film a pu se faire : aucun autre producteur n’aurait pu faire cela. J’en ai appelé d’autres, mais ils hésitaient à me suivre, étant donné que je suis un novice dans la mise en scène – “Qu’a-t-il à offrir qui puisse m’assurer que le film sera bien”, se demandaient-ils.

Avez-vous été influencé par les réalisateurs qui vous ont dirigé en tant qu’acteur ?
Oui, par tous. En treize ans, j’ai travaillé sans discontinuer avec les meilleurs cinéastes et techniciens du pays et j’ai fait le vampire, suçant le sang de chacun. Je n’ai pas fait d’études de cinéma, mais j’achetais des livres et je questionnais les directeurs de la photographie ou les directeurs artistiques pendant les tournages. 

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(Traduit de l'espagnol)

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