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Luigi Cuciniello • Président de l'association des exploitants italiens ANEC

"Il n'y a pas un lien entre les tendances du marché et la campagne promotionnelle Cinema2day"

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- La fin d'année étant propice aux bilans, nous avons demandé le sien à Luigi Cuciniello, président de l'association des exploitants italiens ANEC, la veille des Journées professionnelles de Sorrente

Luigi Cuciniello • Président de l'association des exploitants italiens ANEC

La fin d'année est propice aux bilans. Si les chiffres, comparés à ceux de l'année dernière à la même période, indiquent une augmentation des recettes et des projections, ces trois derniers mois affichent une décroissance, en dépit de la campagne promotionnelle Cinema2day (une place à deux euros tous les deuxièmes mercredis du mois).

Luigi Cuciniello, président de l'association des exploitants italiens ANEC, a été interrogé à ce sujet par le magazine Cinema & Video International, la veille des Journées professionnelles du cinéma de Sorrente.

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“Je ne pense pas qu'il y ait un lien entre les tendances du marché du cinéma constatées ces derniers mois et la campagne promotionnelle Cinema2day, a-t-il déclaré, mais c'est une année horrible que nous quittons, surtout pour le cinéma italien. En effet, en dépit de quelques films-phénomènes en début d'année, le fait que nous assistions à une croissance des entrées de seulement 6 à 7 % témoigne des grandes difficultés que le cinéma a rencontrées cette année.”  

Cinema & Video International : la campagne promotionnelle Cinema2day a-t-elle failli à sa mission ?
Luigi Cuciniello : Je commencerai par dire que Cinema2day a incité un certain public à aller au cinéma alors qu'il n'en avait pas l'intention au départ : nous avons donc grâce à la campagne réussi à séduire un public qui était auparavant inexistant. D'un point de vue purement pragmatique, un million de spectateurs de plus par jour représente une augmentation des recettes au box-office, même si le prix de la place n’est que de deux euros.

Ceci étant dit, il serait illusoire de croire qu'une initiative comme Cinema2day peut à elle seule changer les tendances du marché dans un lapse de temps aussi court, de septembre à novembre. L'impact de ce genre d'initiative doit être évalué sur le moyen ou long terme. Il nous faudra attendre quelques mois de plus, au moins jusqu’en mars prochain, pour pouvoir dire si l’initiative contribue réellement à la relance des films dans les cinémas. Nous verrons alors si cela a été bénéfique ou si cela a eu un effet de "désertification" des salles de cinéma les autres jours de la semaine.

Alors, qu'est-ce qui ne marche pas ?
Nous avons constaté la montée d'une sorte de « schizophrénie » de la programmation des films, avec un été tragiquement vide dû à une absence d'offres. Le cinéma italien a comme disparu des salles à mi-mai, après la sortie de Folles de joie [+lire aussi :
critique
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Q&A : Paolo Virzì
fiche film
]
, et il a fallu attendre la mi-septembre pour avoir de nouveau assez de sorties de films pour réunir un nombre décent de spectateurs. Ne négligeons pas non plus le fait que certains grands distributeurs aient décidé de changer les dates de sortie de leurs films...

Nous sommes en plein dans la période la plus chargée de décembre. Si on inclut les dix premiers jours de janvier, environ 40 films (39) sortiront dans les quarante prochains jours, soit presque un par jour.
Le pire, c'est qu'il n'y aura que quatre films italiens parmi eux et qu’ils arriveront tous en salle en même temps, pour Noël. On a affaire à un masochisme acharné dont découle une logique qui n'a rien à voir avec le marché, mais plutôt avec un culte de la personnalité : les liens entre les distributeurs, les réalisateurs et les producteurs. Tout le monde peut facilement constater ces problèmes. Dans ce contexte, débattre d'une place de cinéma à deux euros rappelle ce proverbe chinois où l'imbécile regarde le doigt qui désigne la lune au lieu de regarder la lune elle-même.

On tourne en rond et on parle encore de Cinema2day…
Cette initiative a été proposée par le ministre Franceschini et le Ministère de la Culture, ce qui est une bonne chose, car l'industrie du cinéma ne propose que rarement des offres promotionnelles. C'est un investissement pour le secteur tout entier, un sacrifice fait sur les recettes du box-office dans l'objectif d’engager le public à aller voir des films au cinéma.
Cependant, si nous manquons de contenus, c'est-à-dire de films, l’opération est difficile à exploiter à plein. Je le répète : la crise de 2016 est liée à l’offre faible en termes de films.

Répéter sans cesse les mêmes choses, à quoi pensez-vous que cela est dû ?
Je pense que c'est principalement dû au fait que chacun veut maintenir ses revenus et sa position. Le manque de renouvellement fait partie intégrante de notre secteur.

Quid de la nouvelle loi sur le cinéma en préparation ? Elle comprend des mesures intéressantes, dont certaines destinées à inciter à investir dans de nouveaux cinémas et d'autres conçues pour raviver l'intérêt porté aux cinémas historiques. Quelle est l'opinion de l'ANEC sur cette loi ?
Elle est positive, mais il s'agit de développer de façon cohérente toutes les mesures du projet de loi et les décrets d’application qui suivront son approbation, et pour cela, il faut nous investir dans cette cause.

Dans quel état d'esprit partez-vous à Sorrente ?
Je m'inspire de celui de Gramsci : l'optimisme de la volonté et le pessimisme de la raison. Je m'explique : si nous n’analysions que ce qui s'est produit ces dernières années, nous ne verrions que peu de possibilités de changement. En revanche, parallèlement, certains chiffres nous font espérer : par exemple, un million de spectateurs par jour, c'est beaucoup, c'est bon signe. Cela démontre que le cinéma est toujours largement capable de mobiliser son public, même un public indifférent. Si la nouvelle norme réussit à préconiser une marche à suivre efficace, de nouveaux outils et de nouvelles ressources opérationnelles pourraient voir le jour. En fin de compte, si tout le monde y met du sien pour une programmation mieux équilibrée, il y a moins lieu d’être pessimiste.

En collaboration avec

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(Traduit de l'italien)

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