email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Reza Mirkarimi • Directeur du Festival international du film de Fajr

"C’est le bon moment pour commencer des coproductions entre l’Iran et l’Europe"

par 

- Le réalisateur iranien Reza Mirkarimi occupe le poste de directeur du Festival international du film de Fajr, Téhéran, depuis 2015. Cineuropa l'a rencontré pour parler de l'évolution du festival

Reza Mirkarimi  • Directeur du Festival international du film de Fajr
(© Amir Talaie Keyvan)

Le réalisateur iranien très applaudi Reza Mirkarimi (Today a remporté des prix à de nombreux festivals, notamment celui des Nuits Noires de Tallinn) occupe la direction du Festival international du film de Fajr, Téhéran, depuis 2015. Mirkarimi nous parle de l’évolution du festival au fil des ans et de la situation actuelle de la distribution en Iran.

Cineuropa : À quoi ressemblait le Festival de Fajr avant votre entrée en fonction ? Qu’avez-vous changé ?
Reza Mirkarimi : Le festival de Fajr avait beaucoup de succès. Certains grands noms y ont remporté leurs premiers prix internationaux, tels que Nuri Bilge Ceylan et Godfrey Reggio. Au cours des vingt dernières années, il s’est affaibli, et nous tentons désormais de restaurer sa gloire d’antan. D’un point de vue politique, les administrations iraniennes ont déplacé certains domaines dans le secteur privé, comme l’économie par exemple. Pendant un certain nombre d’années, ces dernières ont en outre séparé la culture du gouvernement. C’est un festival soutenu par celui-ci, mais les autorités sont d’accord de nous octroyer plus d’autonomie. C’est très difficile, mais c’est un bon début.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Lorsque le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir, il y a trois ans et demi, ils m’ont invité à reprendre la direction du festival. Je leur ai dit que j’acceptais à la condition d’être entièrement libre et indépendant dans mon travail. Le gouvernement ne s’est pas immiscé dans mon travail et c’est probablement la raison pour laquelle il est possible de voir de nombreux réalisateurs, acteurs et cinéastes iraniens regarder des films et se promener lors du festival. Auparavant, vous n’auriez jamais vu autant de personnes à cet évènement. L’industrie locale a réalisé que le festival est plus indépendant à présent.

En Iran, il est interdit de montrer des scènes de sexe et de nudité. Comment contournez-vous cette loi ?
Ces réglementations s’appliquent plus strictement à la télévision et dans les salles de cinéma, les festivals disposent de plus de lest. Si nous souhaitons diffuser un film contenant ce genre de scènes, nous contactons les réalisateurs pour leur demander la permission de couper ou de flouter les scènes problématiques. Il est parfois très complexe de trouver un accord avec les réalisateurs, mais cette année, sur près de 110 films étrangers, nous n’avons coupé que 15 secondes.

Quels sont vos principaux critères de sélection pour votre programme officiel et pour les films iraniens présentés sur le marché ?
Je suis moi-même réalisateur, et la valeur cinématographique du film est le critère le plus important. Viennent ensuite les variétés de genre et de style. Le contenu n’est pas si essentiel. En ce qui concerne le marché, la saison de pré-festival dans laquelle nous nous trouvons est une belle occasion pour le cinéma iranien d’être présenté aux festivals et acheteurs internationaux. Nous regroupons la totalité des productions cinématographiques iraniennes de l’année précédente – celles qui nous ont été soumises pour le moins : sur 60 soumissions, nous avons sélectionné 30 films. Malheureusement, nous sommes limités en termes de présentation. Sinon, nous en aurions sélectionné davantage.

Quelle est la situation de la distribution des films étrangers en Iran, et quel rôle joue le Festival de Fajr ?
En raison des limitations dans les salles iraniennes, la diffusion de films étrangers est très limitée, notamment à cause de l’aide au cinéma local. Les films étrangers ne sont disponibles que dans les cinémathèques ou lors de petits évènements. Les gens les regardent, mais chez eux. Bien entendu, ils souhaitent les voir sur grand écran. En Iran, nous ne disposons pas d’une grande variété de genre, c’est pourquoi nous avons instauré un programme d’horreur, qui devrait permettre au cinéma iranien de produire différent genres pour différentes générations et goûts. L’année prochaine, nous allons probablement nous concentrer sur la science-fiction, ou d’autres genres.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les coproductions potentielles entre l’Iran et d’autres pays, notamment européens ?
Je pense que c’est le bon moment pour commencer de véritables coproductions entre l’Iran et d’autres pays. Certaines coproductions ont déjà été lancées pour des films à bas budget, mais nous n’avons pas les statistiques exactes. Jusqu’à présent, les productions étrangères venaient tourner en Iran, à l’instar du film italien Just Like My Son, actuellement en tournage à Téhéran. La semaine dernière, une équipe de Bavaria Film est venue négocier une coproduction et au cours des dix dernières années, des équipes iraniennes sont parties travailler en Europe. Nous avons accueilli une équipe chinoise et une autre de Hong Kong. Mais les coproductions dans le sens propre du terme doivent encore être lancées, et c’est le bon moment pour le faire.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy