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Torfinn Iversen • Réalisateur

"Je pense avoir fait une comédie douce-amère empreinte de réalisme magique"

par 

- Cineuropa a rencontré le réalisateur norvégien Torfinn Iversen pour parler de Oskar’s America, qui sort en Norvège le 24 mars, après sa première mondiale à la section Generation de Berlin

Torfinn Iversen • Réalisateur

En ouverture du BUFF, festival jeunesse international le plus important de Scandinavie, qui se déroule à Malmö en Suède depuis 1984, on a pu voir tout récemment Oskar’s America [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Torfinn Iversen
fiche film
]
, quelques jours avant la première en Norvège. La première mondiale de ce film a eu lieu il y a peu, à l’occasion de la Berlinale où il avait été sélectionné pour la section Jeunesse dans le volet Generation Kplus. L’auteur en est le réalisateur norvégien Torfinn Iversen que Cineuropa a rencontré alors qu’il était de passage à Oslo.

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Cineuropa : Votre film a été tourné dans votre région d’origine, le nord de la Norvège.
Torfinn Iversen :
Oui,en juin 2016 du côté de Andøya dans l’archipel de Vesterålen. La nature, avec ses paysages très variés, joue un rôle important dans Oskar’s America. Les montagnes escarpées, la mer grande ouverte invitent à l’aventure et stimulent l’imagination : qu’y-a-t-il au-delà de l’horizon ? J’ai commencé les repérages avec le directeur de la photo Odd Reinhardt Nicolaysen environ deux ans avant le tournage.

Pourquoi votre région ?
Je suis aussi le scénariste de ce film, mon premier long-métrage. Il me hante depuis longtemps, et je me suis inspiré de ce que j’ai vécu là-bas. Les éléments personnels sont présents, mais ce n’est pas ma propre histoire. A mes souvenirs d’enfance se mêlent des impressions diverses, des émotions ressenties lors de rencontres. J’ai mis un peu de mes dix ans dans ce film : on souhaite découvrir le vaste monde alors que ce à quoi on aspire se trouve en fait souvent à deux pas. C’est d’habitude à l’Amérique que pensent les Norvégiens en mal de dépaysement.

Comment est né votre film ?
Oskar’s America trouve son origine dès 2012 dans mon court-métrage Levi’s Horse, dans lequel Jørgen Langhelle jouait déjà Levi. Mona Steffensen, la productrice du film, dont la société Original Film est basée à Tromsø, m’a accompagné dans un patient processus de développement. A cette époque-là aucun scénario original n’avait été écrit pour les jeunes depuis six ans. La plupart des films de ce genre s’inspirent en général d’oeuvres littéraires, de livres à succès, ce qui represente un moindre risque pour les producteurs et les distributeurs. Gagner en 2014 l’Eurimages Development Award, et, à cette occasion, tester notre projet dans un contexte international nous a donné confiance.

De quoi parle Oskar’s America ?
Au coeur de l’histoire on trouve l’amitié insolite qui lie Oskar, dix ans, à Levi, un marginal un peu simple d’esprit, souvent en butte aux sarcasmes de l’entourage. Il vit avec son meilleur ami, Cheval, un poney blanc, doux, gentil, et... myope, qui mange de l’herbe et du pop-corn. Oskar, que sa mère, jouée par Marie Blokhus, a confié à son ronchon de grand-père qu’interprète Bjørn Sundquist, rêve d’aller la retrouver en Amérique. Levi, qui lui aussi a des problèmes, va l’aider dans son projet de voyage : traverser l’Atlantique... à la rame, avec Cheval naturellement. Faire monter un poney dans une petite embarcation n’est pas chose facile et tourner cette scène nous a pris beaucoup de temps !

Traverser l’Atlantique en barque ? Drôle de projet...
Réalisé pourtant pour la première fois en 1896 par deux Américains d’origine norvégienne, George Harbo et Frank Samuelsen. Partis de New York, ils vont réussir à traverser l’Atlantique à la rame : 55 jours de mer avant d’atteindre l’Europe. Histoire authentique qui m’a inspiré. La chanson du film parle d’ailleurs de leur exploit. C’est une composition de Jerry Bryant, The Ballad of Harbo and Samuelsen, que Levi chante sans trébucher sur les mots, alors que d’habitude il bégaie.

Et la musique du film ?
On la doit à Ola Fløttum qui a composé des airs aux tonalités mélancoliques, avec malgré tout quelque chose de tonique, de dynamique. Il a aussi, par ses interventions, vraiment contribué à apporter consistance aux personnages, profondeur et perspective au film. Tout aussi précieux le travail d’Øyvind Planting sur le son, ainsi que celui du monteur Arild Tryggestad qui m’a aidé à réduire à 80 minutes les 150 minutes de matériau brut, démarche douloureuse mais indispensable.

Trouver Oskar a-t-il été facile ?
Il a fallu de nombreuses auditions avant que nous trouvions notre Oskar, en l’occurrence le jeune et talentueux Odin Eikre. Les acteurs sont du nord de la Norvège, à l’exception de Jørgen Langhelle qui a dû apprendre l’accent local qui s’imposait. L’authenticité a été l’une de mes préoccupations majeures sans occulter pour autant l’aspect universel de l’histoire.

Vous avez fait appel à des cascadeurs ?
Ni cascadeurs, ni doublures dans mon film, mais des figurants...  70 dans la scène du cinéma de village où l’on voit Cheval équipé de ses lunettes regarder un film célèbre d’Albert Lamorisse, Crin-Blanc.

Voyez-vous des différences entre les films jeunesse scandinaves et ceux d’autres pays ?
Je crois qu’en Scandinavie on fait plus souvent preuve d’audace et de maturité. J’ai été bouleversé par le film suédois Les Frères Coeur-de-Lion adapté d’un livre d’Astrid Lindgren, film suédois que j’ai vu très jeune.

Un film au sujet  grave.
C’est vrai. Prendre les enfants au sérieux tout en les divertissant, c’est important pour moi. C’est pour cela sans doute que je souhaitais faire un film où les enfants aussi bien que les adultes pourraient se reconnaître. Oskar’s America est un film à la fois feel-good et feel-bad.

La vie n’est jamais toute rose.
Les ambiguïtés ne manquent pas en effet. Comment affronter les difficultés de l’existence, comment résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés ? Se voiler la face ne sert à rien. En persévérant on finit par trouver des solutions, et, grâce à l’humour, on peut parvenir à une sorte d’équilibre. Je pense avoir fait un film réaliste avec des touches de surréalisme, une comédie douce-amère empreinte de réalisme magique, une fable par certains côtés.

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