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MACAO 2018

Ivo M. Ferreira • Réalisateur d'Empire Hotel

Empire Hotel est un film sur le Portugal fait à Macao”

par 

- Le réalisateur portugais Ivo M. Ferreira, qui vit à Macao, a discuté avec nous de son dernier film, Empire Hotel, dans le cadre du 3e Festival international et Prix de Macao

Ivo M. Ferreira • Réalisateur d'Empire Hotel
(© IFFAM)

Le 3e Festival international et prix de Macao, dit IFFAM, a accueilli l'avant-première locale du 4e film du Portugais résidant à Macao Ivo M. Ferreira, Empire Hotel [+lire aussi :
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, un thriller néo-noir qui se passe entièrement dans la ville d'Asie. Nous avons interrogé le réalisateur sur sa vision de Macao, son histoire et la manière dont elle a vécu la fin de l'empire portugais.

Cineuropa : Pourquoi avez-vous décidé de situer Empire Hotel à Macao ? Qu'est-ce qui vous a ramené ici ?
Ivo M. Ferreira :
Je ne suis pas revenu : je suis toujours allé et venu dans cette ville. Tous mes films précédents comprennent des segments tournés à Macao, de sorte que mon nouveau film est comme un puzzle fragmenté d'histoires qui se sont passées au même endroit. De mon premier film, Em Volta (2002), jusqu'à mes court-métrages les plus récents, tout mon travail contient des éléments de Macao donc si vous mettez tous ces fragments ensemble, vous vous retrouvez avec Empire Hotel. Concrétement, je ne fais ici rien de nouveau, c'est comme un résumé d'atmosphères et d'idées que j'ai déjà eues.

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Ce film est-il comme un recueil de souvenirs de vos expériences ?
D'une certaine manière, mais ce n'est pas un tableau réaliste de mes souvenirs, juste un monde que j'ai créé pour reconstruire cette atmosphère. J'étais très jeune quand je suis venu à Macao pour la première fois. Je logeais dans une chambre d'hôtes, dans la zone où ce film a été tourné. il m'a fallu trois semaines pour comprendre que toutes les gentilles filles des autres chambres étaient des travailleuses du sexe. J'étais assez naïf pour me contenter d'observer ce qui se passait autour de moi. Je pense que c'est un bon exemple de la situation qui consiste à être dans un endroit sans comprendre ce qui s'y passe. C'est comme ça que je voyais Macao, c'est comme ça que je l'ai vécu.

Avez-vous choisi une esthétique néo-noir pour corroborer cette approche ?
En fait, c'est comme ça que l'endroit "demandait" d'être filmé, car j'avais déjà une idée esthétique de la manière de le représenter dans un film. Le lieu justifiait l'approche artistique, "l'imposait", presque. Je n'ai pas réfléchi à deux fois quant à l'apparence que devait avoir ce film, c'était comme ça dès le départ. C'est quelque chose qui s'est fait sans effort, car tout ce que je devais faire, c'était aller dans le sens de la nature du quartier.

Est-ce que vous fournissez ici des renseignements historiques, comme dans vos films précédents. Parlez-vous de la relation du Portugal avec Macao ?
Bien sûr, tous mes films parlent de la fin de l'Empire mélancolique. Quand quelqu'un a mentionné qu'Empire Hotel était un film portugais sur Macao, je n'ai pas été content. Ensuite, mon producteur, Luís Urbano, a dit que c'était plutôt un film de Macao sur le Portugal, je pense que c'est plus exact. L'hôtel doit être vu comme une métaphore, car c'est comme ça que la communauté locale voyait la présence portugaise : nous étions toujours en train d'entrer et sortir, nous étions impolis partout, parce que nous ne faisions que passer et en même temps, nous sentions propriétaires de cet endroit. Cela dit, ce n'est pas un film sur le passé : c'est plutôt une approche anti-utopique, un aperçu du futur, car je veux voir l'évolution de cette ville. Je passe ici sur les changements, mais c'est aussi parce que je veux me concentrer sur la partie que je connais le mieux.

Est-il facile de parler de cette ville qui est toujours en train de se transformer ?
J'essaie de suivre ce qui reste de l'Empire mélancolique. Macao a représenté le dernier endroit où il a existé, et le seul qui soit resté intact après la Révolution des Oeillets. Quand le Portugal s'est retiré des colonies africaines, la plupart des colons sont rentrés au pays, où ils ont eu la pire expérience de leur vie, de sorte qu'ils ont décidé d'aller à Macao. La majorité de ces gens se rattachaient à l'idéologie fasciste de l'Estado Novo donc ils étaient très arrogants ici. La communauté portugaise était notoirement comme ça, mais malgré tout, la ville les a laissés s'intégrer, et leurs vies chinoises ont fini par conquérir leur "héritage" portugais.

Comment le public local a-t-il réagi à Empire Hotel ?
Quand vous êtes à Macao, vous avez le "pouvoir" de décider ce qu'est cette ville, et je suis ici depuis longtemps, donc j'ai dû persuader tout le monde que ce n'était pas un tableau réaliste de la ville, mais quelque chose d'inventé par moi. J'ai été ravi que les communautés chinoises et autochtones apprécient le film et mentionnent son importance par rapport à cette ville.

Allez-vous continuer de suivre la chute de l'Empire portugais ?
Je suis en train d'écrire un nouveau film, Projecto Global, et c'est mon plus gros projet à ce jour, ma première idée de film depuis mes débuts de réalisateur. Il a été présenté l'année dernière au Marché aux projets de l'IFFAM. Il parle d'un mouvement politique portugais des années 1980 qui était une réponse à la contre-révolution du 25 novembre 1975, qui a déstabilisé le pays par une vague de bombardements, de vols, d'exécutions et de menaces. 

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(Traduit de l'anglais)

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