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Ben Stassen • Réalisateur de Royal Corgi

“Dès qu’on annonce la mise en production d’un nouveau projet, on le vend dans 50 à 60 pays”

par 

- Rencontre avec le producteur et réalisateur Ben Stassen, pionnier de la 3D, qui sort son 9e long métrage, Royal Corgi

Ben Stassen • Réalisateur de Royal Corgi
(© Cinevox)

Cineuropa a profité de la sortie de Royal Corgi [+lire aussi :
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, 9e long métrage d’animation de Ben Stassen et des studios nWave pour rencontrer le réalisateur et producteur, dont le studio s’impose comme l’un des rares concurrents indépendants aux studios d’animation américains, et qui revient pour nous sur sa véritable success story. Belga sort le film le 4 avril en Belgique, Apollo le 10 avril en France, Lionsgate le sortira début juillet au Royaume-Uni.

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Cineuropa : Pouvez-vous nous présenter nWave, votre société en quelques mots ?
Ben Stassen :
C’est un mini-studio totalement intégré: on “fabrique“ les images, mais on assure aussi le développement des projets, l’approche marketing… On crée nos propres contenus, ce qui est assez unique. Il y a beaucoup de très bons studios d’animation en Belgique par exemple, qui pour la plupart font de la prestation de service pour d’autres producteurs. Nous, on est seuls maîtres à bord, on développe, on produit, on finance et on distribue mondialement nos produits.

Au départ, dans les années 90, on s’est lancés dans les specialty films, des films pour les musées, les parcs d’attraction, les parcs animaliers, des films divertissants, ou avec un contenu plus éducatif. On s’est lancés dans le long métrage à la fin des années 2000, parce qu’on a vu que le cinéma en relief allait arriver dans les multiplexes. Il y avait un filon à prendre! On avait une grande expertise dans ce domaine, on a pris le risque, et c’est comme ça que l’aventure a commencé. 

Le relief, c’est une nouvelle grammaire cinématographique pour vous ?
Pour moi le relief, c’est la deuxième grande révolution du cinéma, après le passage au cinéma parlant. Le passage de la 2D à la 3D avait et a toujours le potentiel d’être une révolution. Mais pour qu’il y ait révolution, il faut mettre des moyens en oeuvre. C’est ce que j’ai fait avec nos deux premiers longs métrages, Fly Me to the Moon [+lire aussi :
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et Le Voyage Extraordinaire de Samy [+lire aussi :
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. A ma connaissance, Fly Me to the Moon est le seul film à être sorti uniquement en relief. A l’époque, c’était de la folie, c’était avant Avatar ! Il n’y avait que 2000 salles équipées dans le monde entier. Le relief a ce potentiel exceptionnel car on peut embarquer le public dans une expérience totalement différente. Malheureusement cela n’a pas pris, car bien que les salles se soient équipées, aucun cinéaste n’a utilisé le relief comme nouveau langage, à part Cuaron avec Gravity à mon sens. Aujourd’hui, tout est converti en post-production, on ajoute artificiellement un peu de profondeur, mais le public s’en lasse. On continue néanmoins à faire tous nos films en relief, car il reste quelques marchés importants, comme la Chine ou la Russie. Royal Corgi vient de sortir en Hollande, où il a rencontré un succès phénoménal, 500.000 entrées en 1 mois, dont un tiers en relief, ce qui est énorme. En Belgique, on fera peut-être 10 ou 15% des entrées en 3D. En France, c’est moins de 10%. Les gens ne veulent plus payer plus cher pour voir des films en 2D et demi, voire 2D un quart. Pour moi, c’est une vraie frustration, car je suis persuadé que le relief peut amener une autre expérience. Quand je vois le succès de Samy (12 millions de spectateurs dans le monde), il a été démoli par la critique, mais le jeune public l’a suivi, il a passé 1h30 en immersion sous les océans.

Quel est votre marché ?
En s’en tenant aux gros territoires européens, on ne peut pas faire de bénéfices sur un film qui coûte plus de 10 millions d’euros. Et je ne parle même pas de la Belgique, où au-delà de 2 millions… Nous, on fait des films à 20 millions, on est donc ”condamnés” à les vendre dans le monde entier. On a une bonne réputation internationale après 9 longs métrages, et dès qu’on annonce la mise en production d’un nouveau projet, on le vend dans 50 à 60 pays. C’est très dur pour nous de distribuer nos films sur le marché américain, qui est très protectionniste, cadenassé par les grands studios, qui sortent tous au moins deux films d’animation par an. Or, il y a peu de fenêtres de sortie de film aux USA. Mais ce désavantage aux USA est un avantage sur la scène internationale, tous les distributeurs indépendants savent très bien que le film familial est l’un des meilleurs véhicule de rentabilité. Et tous les films familiaux de haut niveau ou presque sont produits par les studios américains, qui distribuent leurs films eux-mêmes! Donc les distributeurs indépendants sont ravis de pouvoir traiter avec des producteurs indépendants, pour avoir des produits d’appel dans leur catalogue. 

Viser le très jeune public, c’est une stratégie payante ?
C’est un positionnement assumé depuis le début. On voulait viser un public plus jeune que les Américains. Eux visent très large, du coup il y a une place à prendre sur le marché des 4/8 ans. Nos concurrents, ce ne sont pas les autres sociétés européennes qui font de l’animation, c’est Pixar ! Avoir cette marque de fabrique ”jeunes enfants admis”, c’est un plus. Avec Royal Corgi cela dit, c’est la première fois que l’on porte un scénario qui permet une double lecture. Les chiens parlent aux enfants, les humains (notamment le couple royal, ou Donald Trump) aux plus grands. J’espère que l’on va séduire encore plus les parents avec ce film. Au début, les distributeurs voulaient positionner le film sur un public très jeune, et plutôt féminin. Mais quand ils ont vu les retours sur le trailer lancé par Lionsgate à l’automne, et qui a fait 20 millions de vue sur Facebook en deux semaines, ils ont vu que l’audience était beaucoup plus large qu’ils ne le pensaient…

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