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SAN SEBASTIAN 2019 Compétition

Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga • Réalisateurs de Une vie secrète

"La peur peut faire de nous des taupes"

par 

- Le trio basque formé par Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga signe Une vie secrète, un film sensible, métaphorique et émouvant, en compétition à San Sebastian

Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga • Réalisateurs de Une vie secrète
Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga (© Lorenzo Pascasio)

Les réalisateurs Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga jouent de nouveau à domicile, comme ils l'avaient déjà fait avec leurs quatre longs-métrages précédents, dans leur petit dernier, Une vie secrète [+lire aussi :
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,, qui dresse un tableau de la ville asphyxiante menée par les Espagnols qui sont restés longuement cachés par peur de la dictature franquiste, des gens communément appelés "taupes", ici interprétés par Antonio de la Torre et Belén Cuesta. Cineuropa a rencontré le trio de réalisateurs à l’occasion du 67e Festival de San Sebastian, où leur film est en compétition.

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Cineuropa : Alejandro Amenabar aborde aussi le thème du franquisme dans son film Mientras dure la guerra [+lire aussi :
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, et d’autres titres sur le même sujet vont arriver. Qu'est-ce qui vous a amenés à aborder le sujet ?
Aitor Arregi
: Je ne sais pas s'il n'y a pas quelque chose dans l’air qui fait qu'on s'en préoccupe, on ne sait jamais. Nous, nous croyons que la guerre civile est une période suffisamment complexe, puissante et contradictoire pour constituer une bonne matière filmique. À la différence de ce que disent certains, nous pensons qu’on n'a pas assez fait de films sur ce thème : il reste encore beaucoup à raconter sur le sujet. D'ailleurs nous ne sommes pas las non plus des films sur la Seconde Guerre mondiale, et il y en aura sûrement beaucoup plus. Cela en dit long aussi sur le malaise que génère ce thème : c’est pour cela que c’est un projet intéressant, car le magma est très bon.

José Mari Goenaga : Ce n’est pas une coïncidence si tant de films apparaissent qui abordent ce thème, et pourtant les gestations du film d'Amenabar comme du nôtre ont commencé il y a longtemps, quand le débat social n’était pas aussi vif qu’aujourd’hui. On ne sait pas toujours bien si c’est le fait du hasard ou si ce sont des courants d’énergie qui amènent à cela, mais en effet, ces films sortent en une année où il est fort pertinent de parler de tout cela.

Il est nécessaire de rappeler que la paix est fragile et que la haine peut éclater sans qu’on puisse l’arrêter, comme on le voit dans votre film.
J.M.G. :
Oui, le témoignage est là. Ça nous intéressé de ramener en première ligne l’histoire des "taupes", mais aussi de proposer une allégorie sur la peur et la manière dont elle conditionne les gens. Cet aspect métaphorique et psychologique nous attirait plus que l’idée de formuler un témoignage sur la guerre civile.

Dans votre film précédent, Handia, le géant l'Altzo [+lire aussi :
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, vous avez travaillé sur une reconstruction historique importante, mais pour raconter une histoire intime. C’est la même chose qui se passe avec ce film, qui montre les répercussions de l’existence cachée des "taupes" sur leur entourage familial.
Jon Garaño :
Oui, nous aimons les films psychologiques et voyons des vases communiquants entre nos films : dans Handia, pour pouvoir vivre et gagner leur vie, des gens doivent sortir de chez eux, alors que dans La trinchera..., ils doivent se cacher chez eux pour survivre.

Vous avez co-signé le scénario avec Luiso Berdejo. Qu’est-ce qui a fait que vous avez voulu l'ajouter à votre équipe, déjà bien constituée ?
J.M.G. :
Luiso a été super important. L'idée originale de ce projet est née en 2011, mais les premières versions du scénario datent de 2015, au moment où nous travaillions sur la production d’Handia. Il nous a semblé que Luiso, pour son parcours, cadrait avec l’histoire : l’idée lui a plu et il a écrit les premières bases, les ellipses et le premier traitement. Ensuite, nous avons poli le scénario et nous lui avons donné le rythme dont nous avions besoin.

Au début du film, la caméra bouge beaucoup, et puis elle se calme.
J.G. :
Nous voulions que le spectateur se sente comme les personnages. Le début du film est très confus, et donc nous voulions que cette nervosité se sente, avec plus de caméra à l’épaule. Et puis petit à petit, les personnages entrent dans une routine et la caméra devient plus contemplative et statique, témoin de la vie d’un couple.

Pour terminer, comme le démontre votre film, qu’est-ce que ce doit être terrible de vivre dans un placard, c'est à en devenir fou !
J.M.G. :
C’est le sujet : la peur de faire un pas pour franchir le seuil. Il y a là des clins d’œil à d’autres types d’enfermement : à la situation où quelque chose est tellement ancré en toi qu'une force interne t’empêche de faire ce pas vers la liberté. Le film renvoie à un grand nombre de peurs psychologiques qui peuvent exister dans le monde. La peur peut nous transformer en "taupes". Le film traite aussi de la peur de sortir de l'armoire et on peut l'interpréter comme une allégorie : sur la perte de liberté à cause de circonstances extérieures ou pour des raisons intérieures.

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(Traduit de l'espagnol)

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