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SAN SEBASTIAN 2019 New Directors

Fyzal Boulifa • Réalisateur de Lynn + Lucy

"La tragédie de Lynn, c'est qu'elle se trouve de l'amour propre et une identité au pire endroit possible"

par 

- Le réalisateur britannique Fyzal Boulifa impressionne avec son premier long-métrage, Lynn + Lucy, en lice à San Sebastian dans la section New Directors

Fyzal Boulifa • Réalisateur de Lynn + Lucy
(© Jorge Fuembuena / SSIFF)

Après une belle carrière comme réalisateur de courts-métrages, Fyzal Boulifa propose le long-métrage Lynn + Lucy [+lire aussi :
critique
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interview : Fyzal Boulifa
fiche film
]
, un film écrit et réalisé par lui qui parle d’amitié, de maternité et de deuil, le tout soutenu par d’excellentes performances de la part de Roxanne Scrimshaw et Nichola Burley. Cineuropa rencontré le réalisateur à l’occasion du 67e Festival de San Sebastian, où le film est en lice dans la section New Directors.

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Cineuropa : C'est votre premier long-métrage après plusieurs courts-métrages. Comment s’est passé le passage de l’un à l’autre ?
Fyzal Boulifa :
J’ai passé de nombreuses années à faire des courts-métrages et pour moi, c’était comme tout apprendre en partant de zéro. Même écrire le scénario a été très différent. La chose la plus dure a sans doute été de continuer de travailler avec les actrices au fil de ces transformations. Ces deux personnages, Lynn et Lucy, changent toutes les deux beaucoup, et j’étais très conscient du travail que cela requerrait avec les actrices sur la toute la durée du film pour exprimer tous ces changements.

Trouver les bonnes actrices pour jouer Lynn et Lucy était capital. Comment les avez-vous trouvées ?
Nous avons cherché à la fois du côté des comédiennes professionnelles et des non-professionnelles et très vite, j’ai senti qu’il faudrait que ce soit des non-professionnelles. Nous avons rencontré de Roxanne d’abord, et elle s’est immédiatement montrée très intéressée. Il y a quelque chose en elle qui semble ordinaire, mais c’est aussi quelque chose de tendre et d'enfantin, et quelque chose de très dur. Je me suis dit que ce serait très intéressant pour le personnage de Lynn. Ensuite, nous nous sommes mis en quête de Lucy. Nous avons cherché pendant longtemps une actrice non-professionnelle. C’était très dur, parce que c’est un personnage vraiment extrême. Nous n’avons pas pu trouver une non-professionnelle qui avait la maîtrise nécessaire pour cela, donc nous nous sommes à chercher parmi les comédiennes de métier, mais la plupart, dès le moment où on les a confrontées à Roxanne, sont devenus maniérées et jouaient faux. C'est là que nous avons rencontré Nichola, qui est comédienne mais qui a été repérée en casting sauvage dans la rue, quand elle était adolescente, et qui est également issue de la classe ouvrière. Jouer, c’est quelque chose qui lui est simplement arrivé. Ce n’est pas une coïncidence si aucune des deux actrices du film ne sont pas alées à des cours d’art dramatique et si elles n’ont pas grandi en rêvant d’être actrices. Ce que Roxanne a traversé, Nichola l’a vécu des années avant, ce qui a été très positif pendant le tournage.

Les mensonges et leurs conséquences semblent être un des grands sujets abordés dans le film. Êtes-vous d’accord avec cette idée ?
Je n’avais pas pensé à ça comme ça, mais ça me semble en effet correct. La manière dont je pense à tout cela a plus à voir avec le besoin de s’identifier et pour moi, la tragédie de Lynn, c’est qu’elle se trouve de l’amour propre et une identité au pire endroit possible. En faisant le film, je songeais à l'idée qu'on trouve son identité en créant un genre d’"autre". Et Lynn trouve son amour-propre, son sentiment d’être bonne, en s'accrochant fermement à l'idée que Lucy est mauvaise.

Comment êtes-vous parvenu à saisir autant d’informations sur les personnages à travers les gros plans que vous utilisez tout au long du film ?
Ça n’a pas été facile pour les acteurs, parce que la caméra dans le film est très fixe et j’étais très proche d'eux. Le visage humain a une capacité infinie à me fasciner, de sorte que je ne cherchais pas une expression précise sur le plateau. C’est en salle de montage qu'on trouve cela. Ce que je fais sur le plateau, c’est donner aux acteurs un peu de liberté. Ils ne savent pas exactement ce que je veux, mais j’essaie de leur donner de l’espace pour qu’ils s’impliquent.

Vous montrez ici une réalité sombre et triste, mais parfois, une dimension plus légère, plus artificielle, s'insinue dans le film à travers la télévision, les réseaux sociaux, etc. Quelle était votre intention en intégrant ces éléments au film ?
Les médias dans le film sont très importants parce que je pense qu’ils définissent vraiment l’univers de Lynn. En dessinant la trajectoire de Lynn, pour moi, la vraie question était : qu’est-ce qui, dans la culture et la société de Lynn, fait ressortir le pire d’elle-même, d'une certaine manière ? Et les médias sont largement en cause. L’Angleterre est un pays très influencé par les médias, et je pense qu’il y a aussi une sorte de problème spirituel dans ce pays qui tient à une sorte de vide – que les médias me font ressentir encore plus nettement. Le contraste entre les vraies vies des gens et cette culture pop de masse clinquante et agressive est un gros indice pour comprendre pourquoi Lynn se comporte comme elle le fait.

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(Traduit de l'anglais)

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