email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SAN SEBASTIAN 2019 Compétition

Belén Funes • Réalisatrice de La hija de un ladrón

"Faire un film, c'est en grande partie savoir improviser"

par 

- Belén Funes se lance dans la réalisation avec La hija de un ladrón, en compétition pour le Coquillage d'or de San Sebastian ; un film sur une jeune mère dans une situation familiale difficile

Belén Funes  • Réalisatrice de La hija de un ladrón
(© Lorenzo Pascasio)

Belén Funes (Barcelone, 1984) a obtenu le marrainage d’Isabel Coixet dès son premier court-métrage, Sara a la fuga, tourné en 2015 et candidat aux Goya dans sa catégorie cette année-là. Deux ans après, elle a filmé La inútil. Elle se lance à présent dans le long-métrage avec La hija de un ladrón [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Belén Funes
fiche film
]
, en compétition officielle au 67e Festival de San Sebastian,, insérant puissamment son nom parmi ceux qui pourraient figurer au palmarès.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Beaucoup d’attentes ont été générées par ce film, qui est passé par exemple par Abycine Lanza (cliquer ici pour plus d'informations) pendant sa post-production…
Belén Funes :
Je crois que les premiers longs attirent beaucoup d’attention. Toujours. C'est mon cas à moi : je suis attentive aux gens qui font leur premier film. J’ai étudié l’écriture de scénario à San Antonio de los Baños (Cuba) et la réalisation à l’ESCAC. Ensuite, pendant un certain temps, j’ai travaillé comme assistante de réalisation et j’ai oublié de faire mes propres films, parce que je n’étais pas motivée et me sentais peu sûre de moi, alors je me suis mis dans les rouages de l’industrie. Ça a été difficile de m’arrêter et de me décider de faire mes propres choses, pour tout vous dire.

Comment s’est passé ce changement de dynamique ?
C’était à un moment où mon niveau d’auto-estime était très bas. Je me suis mise à travailler en pensant que la mise en scène n’était pas pour moi, que ça ne m’intéressait pas et que je ne voulais pas faire ça. J’ai décidé de gagner ma vie comme technicienne, mais je me suis retrouvée sans travail et, pour ne pas être à la maison, je me suis mise à tourner des courts-métrages. Dans ces films, les héroïnes sont toujours des filles et il y a beaucoup de moi-même.

Quels sont les maîtres du cinéma qui vous plaisent ?
En ce moment, ce qui m'intéresse, c'est comment on doit faire son film pour qu'il soit comme on le voulait : Éric Rohmer, les frères Dardenne… Parfois, l’hyper-professionnalisation me déplaît parce qu’elle peut ronger le film qu'on est en train de faire : cela n’a que des inconvénients, parce que tout le monde maîtrise très bien sa fonction, mais faire un film, c’est savoir improviser, d’une certaine manière. Au cinéma, les processus de production sont colossaux, toujours, parce qu’on a besoin de beaucoup d’argent ; ce n’est pas comme peindre une toile, et donc je sens qu’il faut protéger le film de tout cela et au final, décider quelle est la meilleure manière de procéder pour que le film ressorte comme on le voulait. J’ai commencé à lire John Cassavetes, en espérant qu'il m'éclaire, car j'aime beaucoup sa manière de comprendre le cinéma et d'en faire.

La famille (en conflit) est au centre de La hija de un ladrón.
La famille est un lieu riche en inspiration : quand je tente d’analyser les relations qu’il y a entre les membres de l’une d’elle, elles me paraissent très fascinantes. Je voulais parler de la toxicité qu’il y a dans un lien familial qui est mort, dégradé, mais que les personnages ne sont pas malgré tout pas capables de couper, parce que le sang a beaucoup de force.

Le personnage central de votre film, Sara (incarnée par Greta Fernandez), vit dans un appartement partagé fourni par les services sociaux. Comment vous êtes-vous rapprochée de cette réalité ?
Nous avons fait tout un processus de documentation qui a duré longtemps, et qui était un peu stressant parce que dans ce moment-là, on n'écrit pas, ce ne sont que des questions et des enquêtes, et ça donne la sensation que le film n’avance pas, mais en réalité, il est en train de passer un autre niveau. Nous avons passé du temps avec des filles qui s'étaient retrouvées dans des situations similaires à celle que nous relatons et elles arrivaient avec un bébé – toutes avaient environ vingt ans. C’est à partir de là qu'est née l'idée de donner un fils à Sara et de faire apparaître la figure du père du petit.

Comment s'est passé le tournage et comment était l'équipe ?
Nous avons essayé d’être peu sur le tournage, alors qu'il y a toujours beaucoup de gens. Nous avons conçu une manière de travailler intuitive : les acteurs arrivés, on les habillait mais on ne les maquillait pas, et les enfants ne passait pas par tout cela : ils arrivaient directement sur le plateau, pour qu'ils soient dans un registre naturaliste sans penser qu’ils étaient en train de faire un film. Avec la directrice de la photographie (Neus Ollé-Soronellas), nous avons regardé quelques références pour nous inspirer, et nous avons essayé de faire en sorte que le tournage soit agile, pour pouvoir bouger beaucoup tout au long de la journée, parce que le film a beaucoup de lieux de tournage. Et, surtout, il fallait donner la priorité aux acteurs tout le temps. Le tournage a duré en tout six semaines, et j’ai repris l’équipe technique de mes court-métrages.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy