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DOK LEIPZIG 2019

Marcus Vetter • Réalisateur de The Forum

"Ce film marque le début d'un voyage et pour nous, et pour le public"

par 

- Nous avons discuté avec Marcus Vetter, dont le nouveau travail documentaire, The Forum, a fait l'ouverture du Festival international DOK Leipzig du documentaire et du film d'animation

Marcus Vetter • Réalisateur de The Forum

Nous avons échangé avec Marcus Vetter, dont le nouveau film documentaire, The Forum [+lire aussi :
critique
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interview : Marcus Vetter
fiche film
]
, a fait l’ouverture du Festival international DOK Leipzig du documentaire et du film d’animation.

Cineuropa : Comment avez-vous eu aussi facilement accès au Forum ?
Marcus Vetter : En vérité, c’est mon producteur, Christian Beetz, qui s’est débrouillé pour que j’y aie accès. Il a rencontré le professeur Klaus Schwarb et ils ont été les premiers à parler de la possibilité de réaliser un film. C’était un projet difficile et complexe auquel un réalisateur devait être rattaché. Christian est venu me voir il y a deux ans et m’a dit que Schwab avait donné son feu vert pour le film, à condition qu’il ne soit pas à son sujet.

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De mon côté, je voulais rencontrer Schwab pour voir comment il voyait ce film. Les questions suivantes étaient importantes pour moi : pourquoi a-t-il mis en place le Forum économique mondial ? Qui est-il ? Pourquoi fait-il cela ? Lorsque je l’ai rencontré, j’ai découvert sa personnalité très intéressante. Son discours n’est pas aussi éloquent que ce que nous pourrions croire, venant de ces membres de l’élite. Néanmoins, sa manière de s’exprimer est quelque peu démodée. Je lui ai dit que le public voulait le connaître et savoir pourquoi il faisait cela. Il a alors eu l’impression d’avoir échoué en cours de route. Il a dit qu’il comprenait ce projet et qu’il acceptait d’y prendre part.

Comment le tournage s’est-il déroulé, en pratique ? Disposiez-vous d’une grosse équipe ? En quoi l’accès privilégié qu’on vous avait accordé vous rendait-il si différent des autres équipes de télévision et de médias, qui couvraient également l’événement ?
Lors du premier Forum qui a eu lieu à Davos en 2018, j’étais seulement accompagné d’un chef opérateur du son. C’est là que j’ai essayé de voir jusqu’où je pourrais aller, ce que Schwab me permettrait de faire. Voilà ce que je lui ai dit lors de notre premier échange : j’ai passé un contrat avec mon public. Il veut voir ce qui se passe à huis clos, si Schwab est diplomate ou non. Il veut également comprendre ce qu’il dit aux dirigeants (et comment il s’y prend). J’ai pu tourner des scènes intéressantes incluant Theresa May, Emmanuel Macron et Donald Trump. Mais lors de ces rencontres bilatérales qui ont lieu en secret, j’ai dû partir quand ils ont parlé d’autre chose que du beau temps.

J’ai dit à Schwab que je ne pouvais pas tourner le film dans ces conditions, car le public se sentirait alors trahi. Il m’a répondu que les dirigeants des États étaient mal à l’aise en présence d’une caméra, mais qu’il allait tenter d’y remédier. Ensuite, il y a eu le sommet de l’ASEAN à Hanoi, auquel il m’a convié et durant lequel il s’est beaucoup dévoilé. J’ai pu assister à cette rencontre en présence de fonctionnaires indonésiens et d’Aung San Suu Kyi. C’est là que j’ai su que je pourrais réaliser le film comme je l’avais imaginé.

Puis, nous sommes allés à Davos en 2019 avec une caméra plus petite, où j’étais chargé du son. Je suis allé à la rencontre de Jair Bolsonaro. Je lui ai demandé si je pouvais enregistrer ce qu’il disait avec ma perche et il a accepté. J’ai donc tenu ma perche au-dessus de sa tête pendant 15 à 20 minutes. Al Gore s’en est aperçu et s’est approché de Bolsonaro pour lui parler. C’est d’ailleurs devenu l’une des scènes clés du film. Nous étions une petite équipe, nous avions l’air moins professionnels et nous avons pu filmer les meilleurs moments de cette rencontre. C’est en cela que consiste le tournage d’un film documentaire : il faut se faire petit.

À quel point pensez-vous que les dirigeants des États et des grandes entreprises sont honnêtes, lorsqu’ils disent vouloir changer le monde ? Il est vraiment difficile de leur faire confiance, lorsque nous voyons ce qu’il se passe actuellement.
C’était la grande question de ce documentaire et je crois n’avoir jamais eu la bonne réponse. En m’entretenant avec les membres de l’élite sur leur éthique, je me suis rendu compte que certains envisageaient de faire le bien, mais sur le long terme. J’ai échangé avec Marco Lambertini du WWF (Fonds mondial pour la nature). Ce dernier m’a avoué que les dirigeants des grandes entreprises regrettaient ce qu’ils avaient fait par le passé et qu’ils étaient en train de changer.

Vous devez avoir beaucoup d’autres scènes intéressantes qui ne sont pas dans le montage final du film. Envisagez-vous de réaliser une version longue ou une série télévisée ?
Il fallait évidemment réduire la durée finale du film à 120 minutes pour qu’il sorte sur grand écran. Je ne voulais pas perdre les scènes sur les projets du FEM. Je ne voulais pas non plus que le film soit trop politique. En effet, les projets sur lesquels les dirigeants planchent actuellement sont d’une grande importance. Au final, le film devrait donner au public la possibilité de voir comment s’organise cette rencontre et de dire : "Je vais approfondir cette question." Il s’agit d’un lever de rideau, en quelque sorte. Nous envisageons de réaliser une minisérie à ce sujet, voire même deux de plus par la suite. Ce film marque le début d’un voyage à la fois pour nous et le public.

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(Traduit de l'anglais par Fabien Soulier)

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