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LUXEMBOURG 2020

Alexis Juncosa • Directeur artistique, Luxembourg City Film Festival

"Nous aimerions devenir un ‘metafestival’ où l’on voit ce qui peut se faire de mieux"

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- Rencontre avec Alexis Juncosa, à la barre de la programmation du Luxembourg City Film Festival, dont la 10e édition se tiendra du 5 au 15 mars

Alexis Juncosa • Directeur artistique, Luxembourg City Film Festival
(© Alexander Nanau)

Rencontre avec Alexis Juncosa, à la barre de la programmation du Luxembourg City Film Festival (LuxFilmFest). Malgré un calendrier européen très chargé, cet événement lancé en 2011 s’est depuis imposé avec brio, parvenant à développer plusieurs expertises uniques. Tour d’horizon sur la 10e édition du festival, qui se tiendra du 5 au 15 mars.

Cineuropa : Le Luxembourg City Film Festival célèbre sa 10e édition cette année. Revenons à la genèse de cet événement : pourquoi sa création était-elle nécessaire et comment son mandat et ses objectifs se sont-ils affinés au cours du temps ?
Alexis Juncosa :
Il a initialement été pensé en fonction des spécificités et aspirations de la société luxembourgeoise. Il est donc cosmopolite dans sa sélection -170 nationalités cohabitent au Luxembourg-, assure la promotion de la (co)production nationale, développe une large politique d’éducation à l’image et s’intéresse à son époque par le biais du documentaire. Ces quatre piliers le définirent à sa création et restent son socle. Au fil des éditions nous avons choisi -outre la promotion de l’expérience unique du cinéma en salle- de développer un maillage avec les différentes institutions culturelles de la capitale pour en faire un moment de fête de la culture, entendue au sens large.

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Qu'est-ce qui fait aujourd'hui, selon vous, la force de votre festival? Parlez-nous également de son positionnement vis-à-vis des autres rendez-vous européens du début d'année ?
Sa force est probablement née de ses contraintes initiales. En démarrant avec un budget limité il aurait été inconséquent de développer un ‘talents festivals’ où la notoriété se taille à l’aune de ses invités loués pour l’occasion. Nous avons donc choisi de tout miser sur la qualité des films présentés en développant une approche ‘panorama’. Mettre autour d’une table l’ensemble de la scène professionnelle nationale (diffuseurs, producteurs, réalisateurs, institutionnels) et constituer une sélection autour d’un principe de dénominateur commun fut extrêmement structurant. Nous eûmes aussi la chance d’arriver au bon moment et de tomber dès la première édition sur des œuvres aussi emblématiques qu’Une séparation d'Asghar Farhadi, ce qui nous permit d’être rapidement repérés sur le circuit. Le positionnement à la sortie des interminables hivers luxembourgeois est également délibéré : nous sommes habitués aux premières internationales de films hérités de Sundance ou Berlin.

Depuis plusieurs éditions, le Luxembourg City Film Festival semble développer une expertise considérable en réalité virtuelle. Comment concevez-vous ce volet, et quels sont ses nouveautés en 2020 ?
Notre première initiative VR remonte à la préhistoire du genre, quand début 2016 nous avions présenté, sous un chapiteau à miroirs, des œuvres en format smartphone-cardboard. HTC venait à peine de développer le casque Vive, le Playstation VR n’était encore qu’un fantasme, mais l’expérience avait séduit. Rapidement le Film Fund Luxembourg a manifesté son intérêt pour le registre et s’en est emparé. C’est lui qui, depuis quelques années, est en charge de la curation et va, cette année pour la première fois, passer en mode compétitif en présentant des œuvres de premier plan. Le développement de ce pan est tel qu’ils ont dû quitter notre Quartier Général pour s’installer dans une splendide abbaye (Neïmenster) où la scénographie, la qualité des œuvres et des intervenants devrait faire date.

Le Luxembourg City Film Festival lance en 2020 son volet "Industry Days": parlez-nous des activités professionnelles se déroulant dans ce cadre, et en particulier du nouveau regroupement "Europa Film Festivals".
Depuis plusieurs années nous avions pris pour habitude d’inviter, notamment dans le jury documentaire, des responsables de festivals, cette initiative visant notamment à mettre en place des synergies dans un milieu trop souvent compétitif alors que nous avons plus à gagner en nous associant. Cette envie de nous fédérer était partagée par le Galway Film Fleadh qui avait entamé une réflexion similaire. Nous avons donc décidé d’unir nous forces pour constituer un réseau qui sera officiellement lancé en juillet en Irlande, dans le cadre de l’année culturelle de Galway. À Luxembourg ces premiers Industry Days profiteront de la présence des 14 festivals fondateurs pour retrouver le réseau de vendeurs Internationaux Europa International. Nous travaillons ensemble à la rédaction d’une charte de bonnes pratiques qui devrait faire évoluer favorablement le secteur. Cette volonté de rencontres sera aussi matérialisée par le 352max, un événement via lequel les producteurs luxembourgeois pourront pitcher leurs projets devant festivals et vendeurs. Des écrivains français de renom pitcheront eux aussi devant des producteurs afin de trouver des prolongements cinématographiques à leurs œuvres au fort potentiel de propriété intellectuelle. Le dénominateur commun de ces Industry Days c’est clairement l’intention de devenir une plateforme de rencontres.

Une fois encore, la section de la programmation "Made in/with Luxembourg" est particulièrement solide en 2020: quels en sont les incontournables?
Nous avons retenu Yalda, la nuit du pardon [+lire aussi :
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de Massoud Bakhshi, comme film de remise de prix. Le prix de la compétition World Cinema Dramatic du récent festival de Sundance est venu valider notre appréciation de cette œuvre iranienne de premier plan. Nous avons également retenu Collective [+lire aussi :
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d’Alexander Nanau en compétition documentaire, parce que sans surprise, l’auteur de Toto et ses sœurs [+lire aussi :
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a signé un nouveau bijou avec ce thriller politique roumain. Et c’est une grande fierté de souligner que c’est au cours du LuxFilmFest qu’il a rencontré le producteur avec lequel il a coproduit le film. Le nombre de (co)productions luxembourgeoises s’illustrant sur des festivals A est en forte hausse, grâce notamment à l’ingénieux dispositif Cineworld mis en œuvre par le Film Fund et nous nous en réjouissons. Mais les coproductions plus classiques ne sont pas en reste avec, par exemple, Jumbo [+lire aussi :
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interview : Zoé Wittock
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de Zoé Wittock qui était également à Sundance et fait beaucoup parler de lui. Mais ces films phares en cachent de plus discrets mais tout aussi beaux que l’on pourra découvrir à un rythme quotidien.

Quelles orientations et projets souhaiteriez-vous développer dans les prochaines années ?
Nous avons hâte de voir quel accueil va être réservé à ces premiers Industry Days qui sont certes ‘bricolés’, mais avec beaucoup de cœur. Nous sommes persuadés qu’ils peuvent accompagner avec les arguments propres à un festival les trajectoires de la création nationale, mais aussi porter la réflexion à un niveau européen en accueillant les différentes organisations déjà actives, tant pour les festivals que les vendeurs, les distributeurs ou les diffuseurs. Ce sera donc indéniablement un grand axe de travail. L’éducation à l’image, qui est l’un des grands défis de notre époque, doit aussi atteindre un nouveau palier, au-delà des limites strictes du festival. Nous travaillons d’ailleurs à une approche plus longitudinale de la ‘marque’ LuxFilmFest avec, pour commencer, un soutien chaque premier mercredi du mois à des œuvres que l’on a envie d’épauler. Si l’on devait résumer notre ambition à un terme, nous aimerions devenir un ‘metafestival’ où l’on voit, sans obsession de la world premiere - ce qui peut se faire de mieux et où l’on se retrouve pour défendre tous ensemble une passion commune.

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