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CANNES 2020 Marché du Film

Jerôme Paillard • Directeur délégué, Marché du Film

“Certains s’inscrivent encore après la clôture de l’évènement…”

par 

- Rencontre avec Jerôme Paillard, le directeur du Marché du Film de Cannes, pour recueillir les conclusions des organisateurs suite à cette édition très particulière

Jerôme Paillard  • Directeur délégué, Marché du Film
(© Marché du Film)

Cette année, Cineuropa a souhaité rencontrer Jerôme Paillard, le directeur du Marché du Film du Festival de Cannes, après la clôture de l’évènement online, histoire de recueillir les conclusions des organisateurs suite à cette édition très particulière...

Cineuropa : Comment avez-vous vécu cette édition du Marché du Film de l’autre côté de l’écran ?
Jerôme Paillard : Nous étions face à un véritable challenge technique et comportemental. Au final, nous sommes très contents. Nous avons dû mettre en place beaucoup de choses, prévoir des interfaces entre ce qui existait déjà et les nouvelles infrastructures online, mais nous avons eu très peu de problèmes techniques et dans le temps très court qui nous était imparti, nous avons réussi à convertir en virtuel la quasi totalité de ce que nous avions préparés pour l’édition physique. Nous voulions jouer la carte de l’expérience cannoise, c’est pourquoi nous avons fait des choix pour renforcer l’aspect événementiel du Marché online en gardant les références et les comportements liés à l’édition physique: “dailies” disponibles dans un press rack, projections à heures fixes, pavillons à visiter, rendez-vous de visu, concerts tous les soirs et même quelques fêtes aussi. C’était un pari risqué, mais les nombreux retours des professionnels accrédités démontrent que le modèle de plateforme que nous avons proposé n’était pas trop déroutant. Certains nous ont dit qu’ils s’étaient un peu sentis à Cannes. C’est un beau compliment pour notre équipe qui a travaillé dur pour fluidifier l’expérience.

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Comment se sont passées les projections ?
Nous avons organisé 1200 projections, soit pratiquement le nombre que nous enregistrons durant une édition physique avec quelques avantages tout de même. D’abord, une même taille d’écran pour tous puisque nous avons pu multiplier les salles virtuelles et régler facilement nos habituels soucis de capacité. Ensuite, certaines séances qui ont enregistré entre 600 et 700 spectateurs, ce qui n’est jamais possible avec la taille limitée des salles cannoises. Près de 42000 spectateurs ont vu les films et sont, souvent, restés jusqu’au bout. Ce type de données est enregistré et communiqué au vendeur qui, grâce à la formule virtuelle, sait exactement à quel moment le spectateur sort de la projection. 

Avez-vous déjà des retours de vente ?
Quelques uns déjà, mais pas tous. Le business a bien eu lieu, même s’il n’a probablement pas atteint le niveau d’un Cannes normal. De gros projets se sont négociés très cher comme le film de Will Smith qui s’est vendu aux alentours des 75 millions de dollars, mais nous sommes aussi très heureux que le label Cannes de Thierry Frémaux ait eu un impact important sur les ventes et que ces films ont pu jouer le rôle de locomotives comme c’est habituellement le cas avec la sélection officielle. Ces films ont aussi été les plus vus en projection. Il est important de préciser que le Marché online n’a pas été l’occasion d’accepter quiconque se présente en tant que vendeur. Nous sommes restés autour des 260 sociétés, car nous avons choisi de limiter l’accès aux professionnels réputés ou à ceux qui avaient effectivement un slate pertinent pour le Marché sans noyer les professionnels d’offres qui n’ont pas leur place à Cannes.

Est-ce que l’édition online a permis d’ouvrir le Marché du Film a des participants inhabituels ?
Absolument. Nous avons dépassé les 10000 participants et certains ont même demandé à s’inscrire après la clôture de l’évènement pour avoir accès au replay des conférences et aux quelques 200 projections en catch-up qui resteront accessibles jusqu’au mois de septembre. Nous n’avons pas encore eu le temps de générer des statistiques fines, mais beaucoup de témoignages spontanés nous indiquent que de nombreux professionnels, et surtout des producteurs, se sont accrédités pour la première fois ou sont revenus après une absence d’un certain nombre d’années en raison de la facilité d’accès. L’édition online a permis de briser les barrières géographiques, économiques et environnementales qui empêchent certains professionnels de voyager jusqu’à la Croisette en temps normal. C’est la raison pour laquelle nous allons réfléchir à une façon de maintenir une édition virtuelle, moins complète que le Marché du Film physique, mais néanmoins accessible de n’importe où pour les années à venir.

Etes-vous satisfait des résultats générés par les nouvelles initiatives, comme Spot The Composer, par exemple ?
Spot The Composer faisait partie des speed meetings que nous voulions mettre en place cette année. Il y en a eu plus que par le passé. Nous avons organisé pas moins de 14 sessions de speed meetings parmi lesquelles 176 rendez-vous ont effectivement eu lieu dans le cadre de Spot The Composer. C’est un beau résultat, mais il y en a d’autres. 260 rendez-vous ont été organisés entre l’Europe et la Chine dans le cadre de Bridging the Dragon, 220 autour de la VR, 270 pour Frontières et le film de genre... A ces speed meetings de 30 minutes, il faut ajouter les flash meetings de 8 minutes qui ont été planifiés par milliers. Ces flash meetings nous ont permis de recréer un peu l’ambiance des cocktails durant lesquels on échange quelques mots, une accroche et une carte de visite pour un suivi ultérieur.

Est-ce que le changement de dates a posé problème ?
Je ne pense pas. Les gens avaient besoin de temps et nous aussi. C’est vrai que cette année, le Marché du Film a eu lieu juste après Annecy et pendant Sunny Side of the Doc, mais ça n’a pas empêché les professionnels d’enchaîner les évènements de chez eux et être à Cannes et à La Rochelle en même temps, par exemple. Comme nous ne sommes pas exactement sur les mêmes populations, l’organisation n’en a pas souffert.

A quoi ressemble l’agenda du directeur du Marché du Film pendant une édition online ?
Ce fût une expérience très particulière pour moi. D’habitude, mon Cannes se résume à rencontrer beaucoup de monde, organiser des visites, recevoir les délégations... Cette fois-ci, j’étais plus opérationnel et auprès de mon équipe, car la logistique était assez lourde. Je me suis retrouvé à assister à plus de conférences et même à en animer une lors de la présentation du documentaire avec Marion Cotillard. A noter, en passant, que certaines conférences ont attiré pas moins de 400 participants, des chiffres que nous avons beaucoup de mal à atteindre durant une édition cannoise normale.

(Le rédacteur-en-chef de Cineuropa Domenico La Porta et le directeur du Marché du Film Jerôme Paillard lors de l'interview via ZOOM)

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