Julie Viez • Productrice de Le 67e été
"Accompagner des auteurs sans contraintes de frontières"
par Fabien Lemercier
- Rencontre avec la productrice française Julie Viez de Cinenovo qui parle du projet Le 67e été de Abu Bakr Shawky, à l'occasion des Cinemed Meetings
Après avoir été responsable de la production chez CG Cinema (sur des films comme Doubles vies [+lire aussi :
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fiche film]), Julie Viez s’est lancée en solo avec Cinenovo. La productrice française est présente au 42e Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier où elle pitche à la Bourse d’aide au développement des Cinemed Meetings (lire la news) le projet Le 67e été de Abu Bakr Shawky.
Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet Le 67e été de Abu Bakr Shawky ?
Julie Viez : J’ai rencontré Abu au Festival de Cannes 2019 et c’est là que nous avons parlé de ce projet qui fait suite à Yomeddine [+lire aussi :
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fiche film] qui avait été sélectionné en compétition officielle à Cannes l’année précédente. Ce qui m’intéresse surtout dans Le 67e été, c’est qu’il y a une authenticité à toute épreuve parce que c’est une grande fresque égyptienne, un vrai hommage à son pays et en cela dans la lignée d’un Cuarón avec Roma, d’un Pawlikowski avec Cold War [+lire aussi :
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fiche film]. Mais en même temps, c’est un film empreint de la personnalité d’Abu qui se manifestait déjà dans Yomeddine : une verve et une habilité pour les dialogues et les personnages qu’il arrive à rendre immédiatement touchants, tout à fait particuliers et savoureux. Cette grand fresque égyptienne, c’est aussi une histoire d’amour et un récit qui comporte beaucoup d’humour.
Avec la France, l’Égypte, l’Allemagne et l’Autriche, le projet implique déjà quatre pays coproducteurs.
C’est la manière dont je travaille sur tous mes films. Cinenovo est une société qui fonctionne de façon très internationale. Quand je rencontre un réalisateur, je ne me pose pas la question de la langue de son film, ni de l’endroit où cela va se tourner. Je privilégie les histoires et les ambitions de réalisateur avant les systèmes de financement. Pour Le 67e été, Abu est de père égyptien et de mère autrichienne, le scénario est inspiré de l’histoire vraie de ses parents qui se sont rencontrés par petites annonces, et très naturellement le film se tournera à la fois en Egypte et en Autriche, donc deux pays forcément essentiels à la coproduction. La France, c’est non seulement le territoire dans lequel je m’inscrits, mais aussi un système de financement assez vertueux pour les films étrangers, donc cela faisait totalement sens. Enfin, comme le projet est assez ambitieux puisqu’il s’agit d’un film historique, on avait besoin d’un petit renfort avec un 4e
Pays. Étant donné que l’Autriche et l’Allemagne travaillent assez bien ensemble et que la France et l’Allemagne également, nous avons décidé d’associer l’Allemagne comme 4e pays. Dans l’idéal, nous envisageons d’entrer en production au second semestre 2021.
Quelle est la ligne éditoriale de Cinenovo ?
Je développe du cinéma d’auteur, donc c’est un rapport assez subjectif à la ligne éditoriale. Mais accompagner des auteurs sans contraintes de frontières, ce qui peut sembler anecdotique, c’est très important quand on sait comment se finance le cinéma en France, car ce n’est vraiment pas commun. Je veux aussi accompagner un cinéma d’auteur prestigieux car ce que je fais, ce n‘est pas du "cinéma du monde". Le nouveau projet d’Abu Bakr Shawky se distingue vraiment de Yomeddine en ce sens là car Yomeddine était plus proche d’un univers "cinéma du monde". Il s’agit plutôt d’accompagner les metteurs en scène dans leurs ambitions, dans l’idée de produire pour le monde.
Quels sont vos autres projets en cours ?
La Salamandre que Cinenovo produit avec High Sea Productions, a été tourné en fin d’année dernière au Brésil avec Marina Foïs et Anna Mouglalis. Le film est réalisé par Alex Carvalho et coproduit par Tribus P en France, N Filmes au Brésil, Scope Pictures en Belgique et San Cinema en Allemagne. Par ailleurs, Cinenovo est désormais majoritaire dans le projet Bouazizi (n.d.r. titre provisoire et nom du vendeur de rue tunisien qui s’était immolé par le feu, ce qui avait déclenché le printemps arabe) de Lotfy Nathan, qui associe toujours Anonymous Content et DetailFilm en Allemagne, avec Film Constellation pour les ventes internationales. Nous tournerons en février sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire et de l’ouverture des frontières aux États-Unis, en Tunisie et en France.
Le prochain film de Marie Monge (Joueurs [+lire aussi :
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fiche film]) qui est une adaptation du best-seller La vraie vie d’Adeline Dieudonné, le carton littéraire de l’année 2018, va entrer en financement. Je développe aussi un projet avec Morgan Simon (Compte tes blessures [+lire aussi :
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fiche film]), mais également Gould Lover qui sera le premier film d’Andy Sommer et qui est une adaptation d’une petite partie de la vie de Glenn Gould, sans oublier The Master of this Silence qui sera le premier long de fiction de Jonathan Littell, l’auteur des Bienveillantes.
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