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VARSOVIE 2020

Maciej Bochniak • Réalisateur de Magnesia

“Je suis un réalisateur autodidacte ; mon université, c’était le cinéma”

par 

- Nous avons interrogé Maciej Bochniak sur son western polonais Magnesia, avec Dawid Ogrodnik et Mateusz Kościukiewicz, entre autres

Maciej Bochniak • Réalisateur de Magnesia
Le réalisateur Maciej Bochniak (à droite) avec son co-scénariste et acteur Mateusz Kościukiewicz (© Festival du film de Varsovie)

Cineuropa s’est entretenu avec le réalisateur-scénariste polonais Maciej Bochniak, dont le nouveau film, Magnesia [+lire aussi :
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, a participé à la compétition internationale du Festival du film de Varsovie. Tout au long de cet entretien, Bochniak avait son visage partiellement recouvert d’un foulard, ce qui lui donnait l’apparence d’un personnage de son film, un western en couleur dont l’action se déroule dans la Pologne des années 1920.

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Cineuropa : Vous avez, jusqu’à présent, réalisé des films très différents : Ethiopique. Music of the Soul, un documentaire sur le jazz en Éthiopie, Disco Polo [+lire aussi :
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, un long-métrage sur la musique disco polonaise et aujourd’hui Magnesia, un western. Ces films n’ont a priori aucun lien entre eux, alors comment trouvez-vous les sujets de vos films ? Pourquoi cette variété de films ?
Maciej Bochniak : J’aime la diversité au cinéma. Et puis, au début de ma carrière, j’ai décidé que chacun de mes films serait différent du précédent, que ce soit en matière de style, de codes ou de thèmes. Je pensais ainsi m’embarquer dans une aventure à travers le cinéma et ses genres.

Pour l’instant, je m’y suis tenu, et cette façon de travailler me convient. Quant aux sujets, parfois je les choisis, et parfois ce sont eux qui me choisissent. J’essaie d’ouvrir l’œil et de dénicher des histoires intéressantes qui me permettent de voyager d’un continent à l’autre ou de remonter le temps.

Avez-vous trouvé Magnesia ou bien est-ce l’inverse ?
Un peu des deux. Je voulais faire un film de gangsters moderne et nous avons donné un petit coup de pouce au scénario (coécrit avec Mateusz Kościukiewicz) dans ce sens. Pendant l’écriture, je suis tombé sur les romans et sur l’autobiographie de Sergiusz Piasecki. Il vivait à la frontière soviéto-polonaise et ses écrits laissaient entendre que c’était là notre "Est sauvage". Le sujet n’était que peu fouillé et pas suffisamment connu. Donc, après avoir lu ses livres, nous avons décidé de modifier notre histoire, de remonter le temps et de situer l’action dans l’entre-deux-guerres, tout à l’est de la Pologne.

Pendant la période de production de Magnesia, certains l’ont décrit comme un "western à la Tarantino". Êtes-vous d’accord avec ça ?
En partie, oui, si le film s’inspire de ma fascination pour Tarantino, le spectre de mes goûts cinématographiques est bien plus large. Si vous regardez de plus près l’ensemble de son œuvre, vous remarquerez son intérêt pour le cinéma asiatique, de la Corée, en passant par Hong Kong ou la Chine. Je me suis également plongé dans cette période cinématographique, et d’une certaine façon, Tarantino a été mon guide. Plus tard, je me suis rendu compte qu‘il l’avait emprunté à d’autres réalisateurs et à d’autres films ce qui me fascinait dans ses films. Cela m’a permis de voir quels style ou solution avaient vieilli et lesquels avaient conservé leur fraicheur et leur modernité, et lesquels fonctionnaient lorsque vous les intégriez dans de nouveaux films. Pour résumer, je me suis rendu compte que ce qui me plaît dans le cinéma de Tarantino ou dans le cinéma asiatique, c’est cet équilibre entre une histoire captivante et un spectacle visuel.

Avant de devenir réalisateur, Tarantino a travaillé dans un vidéoclub, où il a regardé des tonnes de films auxquels il a ensuite fait référence dans ses propres films. Qu’est-ce que cette "citation visuelle" apporte à votre travail ?
C’est ça, je pense. Je suis un autodidacte. Mon université, c’était le cinéma, j’ai dévoré des tonnes de films que j’ai analysés par la suite et j’ai écouté les réalisateurs en parler. En fait, lorsque vous regardez le premier ou le deuxième film de quelqu’un qui a fait une école de cinéma, vous percevez l’influence de leur professeur. En ce qui me concerne, j’ai été formé par le cinéma américain ou asiatique, il est donc tout à fait naturel que cette influence se retrouve dans mes films. Parfois, lorsque je ne sais pas comment résoudre un problème, je ferme les yeux et j’essaie de me souvenir si j’ai vu quelque chose de semblable dans un film. Les réalisateurs s’inspirent les uns des autres, et c’est normal. C’est amusant et cela procure également un certain plaisir aux spectateurs, même s’ils ne relèvent pas toujours certaines références sur le moment.  

C’est aussi comme écrire une lettre d’amour à d’autres réalisateurs ou à d’autres genres.
Tout à fait. Dans Magnesia, je voulais rendre hommage aux westerns spaghettis. Je pense qu’ils occupent une place particulière dans l’histoire du cinéma. C’est un genre originaire des États-Unis, mais les films étaient tournés en Espagne par des réalisateurs italiens et interprétés par des stars internationales comme Klaus Kinski ou Clint Eastwood. C’est un genre controversé apprécié par certains et boudé par d’autres. Pour moi, c’est grandiose. Je n’ai découvert les westerns spaghettis que récemment, mais j’adore chacun de ses composants, y compris la musique d’Ennio Morricone, qui est à la fois kitsch et fascinante. Comme je n’ai pas pu vivre dans les années 1970 et être un réalisateur italien, j’ai réalisé Magnesia dans la Pologne des années 2020.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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