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Espagne / Chine

Salvador Simó • Réalisateur de Dragonkeeper

“Aujourd'hui, le public choisit l'animation numérique pour les films familiaux, et l'animation traditionnelle est reléguée au cinéma pour adultes”

par 

- L'Espagnol, co-réalisateur de ce film d'animation familial tiré du livre Liu et le vieux dragon de Carole Wilkinson, qu'on lui a confié, détaille pour nous les aspects techniques et artistiques du film

Salvador Simó • Réalisateur de Dragonkeeper
(© Juan Mir)

Vendredi 19 avril, les cinémas espagnols vont accueillir Guardiana de dragones (Dragonkeeper) [+lire aussi :
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de Li Jianping et Salvador Simó, distribué par A Contracorriente Films. Il s’agit d’un film d’animation numérique produit par l’Espagne et la Chine qui a été présenté au dernier Festival de Malaga. Nous avons rencontré son réalisateur espagnol dans un hôtel du centre de Madrid pour parler de cette aventure.

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Cineuropa : Comment vous êtes-vous réparti les tâches à deux réalisateurs ?
Salvador Simó :
Selon le contrat, j’étais le réalisateur principal. Li Jianping a veillé à ce que nous ne nous éloignions pas de la Chine, à ce que tout reste conforme à la culture et l’époque où se passe l’action, mais le travail créatif s'est fait en Espagne, et je suis allé là-bas quelques temps pour diriger l’équipe chinoise.

Donc il y avait deux équipes qui travaillaient en même temps. Mais... comment s’est passé cette union entre deux cultures aussi éloignées ?
L’histoire vient du livre de l’Australienne Carole Wilkinson, mais l’action se passe en Chine. Les producteurs se sont dit que pour pouvoir obtenir l'argent nécessaire à faire ce film, l’idéal était de chercher un partenaire chinois. Ensuite, nous nous sommes chargés de la partie créative.

Ce film a pourtant peu à voir avec votre long-métrage précédent, Buñuel en el laberinto de las tortugas [+lire aussi :
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Guardiana de dragones n’est pas un film d’auteur, mais une commande. Initialement, au moment de l'écriture du scénario, je n’étais pas sur le projet. C'est Ignacio Ferreras (Arrugas [+lire aussi :
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) qui devait le réaliser. Quand il a été contraint de quitter le projet, on m'a appelé et je l’ai accepté, le scénario étant prêt. À partir de là, j’ai essayé de mettre au point une manière de raconter l'histoire qui plaise aux producteurs chinois, mais qui fonctionne aussi dans le reste du monde, parce qu’ils ont leur manière de raconter les histoires et nous avons la nôtre. Nous avons donc fait en sorte que le film soit un succès international, qu'il puisse être vu partout dans le monde.

L'histoire est universelle pour les enfants, les adultes, ou toute la famille ?
Pour toute la famille. C’est un film d’aventures comme ceux des années 1990 et 1980, dans le genre des Goonies ou de la saga des Indiana Jones. Les films d’animation aujourd’hui sont généralement des comédies avec des gags, mais pas celui-ci. Il y a un peu d’humour, mais c'est avant tout un récit d’aventures.

Avec de l’action, des vols et des combats…
Oui, le problème était de faire tenir tout le roman dans le temps d’un long-métrage. Le travail d’écriture a duré des années et à partir du scénario, mon travail a été de faire en sorte que l'histoire convienne à tous les publics.

Vous avez donc dû surveiller son niveau de violence ?
Il fallait la maintenir à un certain niveau, si on voulait qu'il convienne à tous les publics. Cela fait 35 ans que je travaille pour des entreprises comme Disney, je sais jusqu’où on peut aller, mais là, on s'est permis des choses qu'on ne nous aurait peut-être pas laissé faire sous le nom d’une autre compagnie.

Le genre de dessin de Buñuel en el laberinto de las tortugas est différent de celui qu'on a ici.
C’était de l’animation traditionnelle or ici, dans Guardiana de dragones, nous avons utilisé des marionnettes numériques.

Des marionnettes numériques ?
Oui, je crois que le terme adéquat, parce qu'en animation traditionnelle, on dessine les personnages et on les fait bouger, alors qu'en animation numérique, on a des marionnettes dans l’ordinateur qu’on fait bouger avec tout un tas de commandes : pour qu'elles tournent la tête, clignent des yeux, etc. L’ordinateur ne fait rien, il faut tout bouger manuellement. C'est pour ça qu'un film en 3D requiert beaucoup plus de travail qu'un film d'animation traditionnel. Même les budgets sont plus élevés : l’animation traditionnelle coûte deux ou trois fois moins que la 3D.

Vous avez donc fait preuve de polyvalence, en passant d’un genre un autre.
J’ai commencé avec l’animation traditionnelle en 1990 et quand elle s'est mise à décliner et que le numérique est apparu, avec Pixar par exemple, je me suis dit : "Soit je me recycle, soit je crève de faim", et c'est comme ça que je suis arrivé là où je suis à présent. Aujourd’hui, le public choisit l’étiquette animation numérique pour les films familiaux, et l’animation traditionnelle est reléguée au rayon adultes. De fait, si on veut qu'un film d’animation fonctionne pour tous les publics, il faut qu'il soit en 3D.

Parce que les spectateurs se sont habitués à ce genre de récit surstimulants ?
Ça me brise le cœur, parce que je suis plus animation traditionnelle. Les histoires s'y transmettent d'une autre manière, mais c’est se battre contre le courant.

Enfin, considérez-vous Guardiana de ladrones comme un blockbuster d’animation ?
L'idée est que le film en soit un, oui. Je l’ai vu en salle au dernier Festival de Malaga, à une séance matinale, et quand j’ai observé la réaction du public familial, ça m’a tranquillisé : seul un enfant s’est levé pendant la séance, mais c’était pour aller faire pipi.

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(Traduit de l'espagnol)

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