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ANNECY 2021

Mickaël Marin • Directeur, Festival d’Annecy et Mifa

"L’envie de présentiel n’a jamais été aussi forte"

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- Le directeur du Festival du Film d’animation et de son marché évoque l’édition 2021 qui se déroulera en hybride (en présentiel et en ligne) du 14 au 19 juin

Mickaël Marin • Directeur, Festival d’Annecy et Mifa

Mickaël Marin, directeur du Festival du Film d’animation d’Annecy et de son marché le Mifa, évoque l’édition 2021 qui se déroulera en hybride (en présentiel et en ligne) du 14 au 19 juin.

Cineuropa : Lors de la conférence de presse (lire l’article), vous avez évoqué une édition 2021 de combat pour Annecy après la résilience en 2020.
Mickaël Marin : Toute l’année, nous avons dû combattre nos incertitudes pour ne pas devoir repasser une nouvelle fois le festival et le marché du film intégralement en ligne. Nous avons traversé toutes les phases. Quand l’édition 2020 qui a été un succès en ligne s’est terminée, nous avions déjà imaginé de l’hybride pour 2021, en nous disant néanmoins que la vie allait reprendre, que les gens pourraient voyager, etc. Au fil des mois et des confinements, nous avons envisagé toutes les hypothèses, en gardant cependant toujours à l’esprit que tant qu’il y aurait la moindre petite chance de pouvoir organiser en présentiel, nous la jouerions. Finalement, nous bénéficions d’une fenêtre de tir favorable et nous entrevoyons le bout du tunnel avec le retour possible du public à Annecy, même si ce sera avec une jauge réduite et des conditions sanitaires très rigoureuses. Mais par rapport à 2020, c’est une petite victoire et c’est très important symboliquement, même avec moins de monde, de retrouver le chemin des salles de cinéma et les professionnels au marché du film.

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Quelles sont vos attentes en termes de fréquentation du marché ?
Bien évidemment, la participation française sera majoritaire, mais les Européens seront là et également un peu d’extra-Européens. Nous avons complètement réinventé l’organisation puisque nous n’aurons pas les chapiteaux habituels et que tout se déroulera dans le Centre de Congrès, avec des tables privatives dans les différents espaces et des mini-stands notamment pour les ombrelles régionales ou nationales. Ce que nous avons voulu privilégier, c’est le fait de se retrouver et pouvoir échanger à nouveau. Nous avons mis le cadre en place pour permettre ce qui est redevenu l’essentiel : se parler autour d’une table. Les professionnels ne l’ont pas fait depuis très longtemps et ils en rêvent depuis des mois.

Cette organisation hybride perdurera-t-elle dans les années à venir ?
Dire que cela deviendra le modèle de fonctionnement serait présomptueux car l’un des enseignements de cette crise, c’est que rien n’est jamais acquis, rien n’est jamais définitif. Par contre, depuis un peu plus d’un an, nous faisons du "test and learn" et si les outils que nous avons développés en ligne fonctionnent, nous essayons de les conserver ou de les améliorer si cela fait sens pour les professionnels, pour les films, pour les projets. Mais je pense qu’à terme, nous retrouverons le niveau de participation sur place que nous avons connu avant 2020. Ce que le modèle hybride offrira en revanche à l’avenir, c’est une possibilité de participation pour ceux qui de toutes façons ne venaient pas à Annecy ou ne pouvaient pas venir, par exemple tous les membres des équipes des films en pleine production. Cette année, cela ouvrira aussi un accès à des professionnels qui voulaient venir mais qui sont contraints par ce que leurs sociétés autorisent ou par les conditions épidémiques dans leurs pays, voire par les éventuelles restrictions aux frontières. Mais même si l’hybride restera probablement une option complémentaire, l’envie de présentiel n’a jamais été aussi forte.

La crise sanitaire a-t-elle impacté le nombre de longs métrages prétendants à une sélection à Annecy cette année ?
Non, nous avons reçu pratiquement autant de candidatures que d’habitude. Le plus intéressant, c’est que du côté du marché du film qui est piloté par Véronique Encrenaz, c’est l’année où nous aurons le plus de pitchs de projets. D’une manière un peu paradoxale ou peut-être que c’est une heureuse conséquence de la crise sanitaire, il y a beaucoup de création et Annecy 2021 va en être le reflet. De multiples projets qui sont aussi portés, car c’est une tendance assez lourde dans l’industrie, par les plateformes qui investissent massivement dans l’animation jeunesse et adulte.

Le décalage des dates du Festival de Cannes qui aura lieu cette fois après Annecy et non avant, a-t-il eu des conséquences sur la sélection ?
Il s’agit de très peu de films mais c’est sûr que le calendrier est moins favorable que quand la manifestation cannoise se déroule au mois de mai. Mais nous nous adaptons, j’ai dialogué avec Thierry Frémaux et Annecy fera pour le mieux, comme il l’a toujours fait. Car la particularité de notre travail, à contrario d’un festival qui privilégie les films en prises de vue réelles, c’est que nous profitons du temps long de la production des œuvres d’animation pour les accompagner depuis le démarrage. Nous intervenons donc à différents stades, et quand c’est possible évidemment jusqu’au bout. Mais il nous reste encore quelques semaines pour compléter éventuellement la sélection officielle annoncée par Marcel Jean.

Quid de l’absence de longs métrages français en compétition cette année à Annecy ?
C’est surtout lié aux cycles de production et aux retards car même si le travail a pu reprendre plus facilement en animation pendant la crise sanitaire, tous les films ont été ralentis en fabrication. L’an dernier, nous avions plus de films français en compétition et cette année c’est plutôt en work-in-progress, même s’il il y quand même des coproductions françaises en compétition. Il y a également la question de Cannes que je n’évite pas, mais ce n’est pas l’explication principale. Car il ne faut pas oublier non plus que le volume de production de longs métrages d’animation est beaucoup plus réduit que celui des films en prises de vue réelles.

Qu’espérez-vous en priorité de cette édition d’Annecy 2021 ?
Se retrouver est vraiment ce sur quoi nous insistons. Si nous avions été dans des choix plus rationnels, notamment financiers car le nombre d’accrédités, les jauges, etc. ont une incidence, si nous avions fait le choix de la sécurité, nous aurions opté depuis des mois pour tout basculer en ligne. Nous n’avons pas fait ce choix, il y a un risque pour nous, mais le plus important, c’est que les films aillent en salles de cinéma, que les réalisatrices et les réalisateurs puissent retrouver le public, que le public puisse à nouveau aller en salle et que les professionnels puissent à nouveau se rencontrer. Nous prenons notre risque mais nous le faisons dans l’intérêt général et pour accompagner l’industrie comme nous le faisons depuis 60 ans.

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