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VENISE 2023 Compétition

Yorgos Lanthimos • Réalisateur de Pauvres créatures

“J'essaie d'aller un peu plus loin à chaque film”

par 

- VENISE 2023 : Alors que le Lido porte son film aux nues pour son style unique et loue son approche de metteur en scène, le cinéaste grec est las de répéter que son nouveau travail est sans pareil

Yorgos Lanthimos  • Réalisateur de Pauvres créatures

Le premier prétendant sérieux au Lion d’or de la Mostra de Venise à créer l’événement sur le Lido est un film d’époque insolite et libre, banalement intitulé Pauvres créatures [+lire aussi :
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. Le nouveau film du scénariste et réalisateur grec Yorgos Lanthimos est sa deuxième adaptation aux côtés de Tony McNamara, après la comédie noire La Favorite [+lire aussi :
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. C’est également sa deuxième collaboration avec l’actrice Emma Stone pour l’adaptation du roman gothique éponyme de 1992 signé Alasdair Gray.

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Même si le film est salué pour la singularité de son style et pour sa mise en scène, le réalisateur se garde bien de prétendre que sa nouvelle œuvre est unique en son genre. "Peut-être que de nos jours, ce genre de films est rare," a-t-il ajouté lors de la conférence de presse donnée sur le Lido, "mais il y a eu, au fil des années, des adaptations cinématographiques extraordinaires." Néanmoins, nombreux sont les critiques qui n’ont pas hésité à employer ce même adjectif pour décrire l’univers fantastique de Pauvres créatures, présenté par le prisme d’une femme (prénommée Bella Baxter) qui recommence à vivre, sans jugement, honte ou contraintes sociales.

Collaboration et adaptation

"Nous avons décidé que ce serait son histoire, son film", a déclaré Lanthimos. Dans l’œuvre de Gray, les procédés littéraires et les effets de distanciation utilisés pour raconter les différents niveaux de l’histoire sont nombreux. Pauvres créatures, le film, a modifié la structure et la fin du texte original, mais il en a gardé l’essence, l’humour, le ton et les lieux, qui bien entendu ont été reconstitués sur les plateaux. "Dès que j’ai lu le roman, je me suis rendu compte que nous devions construire un monde pour Bella." Plutôt que de partir du monde tel que nous le connaissons, il voulait quelque chose de "légèrement faussé, vu par le prisme de Bella". Le recours aux couleurs vives, aux éléments fantastiques et aux objectifs fish-eye "nous a conduits à tout construire en studio et à y ajouter tous les éléments non réalistes qui, à leur tour, nécessitaient un tournage particulier".

Emma Stone dans le rôle de Bella Baxter

"Emma Stone a rejoint le projet très tôt," déclare Lanthimos. Alors qu’ils travaillaient sur son précédent film, La Favorite, le scénario de Pauvres créatures était déjà en cours de développement. Il ajoute que l’actrice était "très enthousiaste à l’idée de jouer ce personnage et qu’elle voulait être aussi impliquée que possible". Elle a également rejoint le projet avec la caquette de productrice, et a participé aux échanges d’idées en matière de conception de l’univers du film. "Je pense que cela l’a véritablement aidée pour son interprétation, car, elle a gardé cette idée en tête très longtemps, et le moment venu, elle vivait déjà avec ce personnage depuis un certain temps, même si elle n’en était pas nécessairement consciente."

Intimité

Regrettant qu’en raison du mouvement de grève actuel de la SAG, Emma Stone ne puisse pas s’exprimer sur le film, Lanthimos a déclaré que l’intimité était une part intrinsèque du roman. "Il me semblait essentiel de ne pas faire un film puritain, car, j’aurais eu l’impression de trahir l’héroïne. Nous avons donc dû nous faire confiance. Puisque notre héroïne n’éprouve aucune honte, Emma devait se comporter de la même façon, que ce soit envers son corps ou envers sa nudité, et elle l’a tout de suite compris."

Même s’ils ont travaillé en studio et sur d’énormes plateaux de tournage avec une grande équipe de techniciens et un éclairage important, ils sont parvenus à conserver l’atmosphère appropriée pour les scènes de sexe en utilisant un éclairage réaliste et des fenêtres. Cela a permis de limiter le nombre de personnes présentes dans la pièce, les acteurs créant un "environnement confortable et intime. […] Je veux remercier Elle McAlpine, notre coordinatrice de l’intimité. Au début, cette profession a pu effrayer certains réalisateurs, mais si vous travaillez avec la bonne personne, c’est vraiment bien. Vous réalisez alors que ces coordinateurs sont indispensables. Elle a vraiment facilité les choses pour tout le monde, pendant et après les répétitions."

Élaboration du style du film

Même en essayant de créer une représentation crédible des désirs et des manies des humains, on remarque aisément l’attachement que met Lanthimos à trouver les outils appropriés à sa vision et à ses idées. "Je m’intéresse à la réalisation et à l’esthétique qui servent ma façon de raconter une histoire, et j’essaie d’aller un peu plus loin à chaque film. Aller plus loin ne signifie pas forcément aller dans les extrêmes," ajoute-t-il, "même si dans ce cas précis, ça semble être le cas." Le style flamboyant de Pauvres créatures permet un formidable enchaînement après La Favorite, dans lequel les touches de noirceur, de chagrin et de trahison venaient contrebalancer l’esthétique de la cour royale.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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