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LOCARNO 2021 Compétition

Srđan Dragojević • Réalisateur de Heavens Above

“Je suis très fier que les six républiques d’ex-Yougoslavie aient toutes participé à la production”

par 

- Le metteur en scène serbe propose dans son nouveau film une satire de la religion qui reflète les grandes questions sociales d’actualité dans les pays des Balkans

Srđan Dragojević • Réalisateur de Heavens Above

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de Srđan Dragojević est en compétition cette année au Festival de Locarno. En trois épisodes, l'auteur opère une confrontation satirique de sujets philosophiques importants qui déterminent les interactions sociales et sont étroitement liés à la religion. Nous avons discuté avec le réalisateur sur ses sources d'inspiration, l’idée de film et certains détails de la production.

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Vous dites que vous vous êtes inspiré des écrits de l’écrivain français Marcel Aymé.
Srđan Dragojević :
J’ai lu ses nouvelles il y a très longtemps, avant même d'entrer en école de cinéma. Et puis je les ai oubliées, et il y a cinq ans, je les ai retrouvées et je les ai relues. J’étais las des drames sociaux et des films criminels, alors j'ai saisi l’occasion pour adapter les grandes idées fantastiques et de science-fiction d’Aymé. J’ai choisi trois comédies noires surréalistes, j’aime beaucoup ça. Je suppose que les sujets qu’il aborde me parlent particulièrement parce que j’ai 57 ans maintenant et qu'avec la maturité, on a tendance à plus se confronter aux grandes questions liées à la foi et à la mort. De plus, ma sœur est une nonne orthodoxe et nous avons eu beaucoup de discussions sur le sujet. Je réfléchis aussi beaucoup sur la religion.

Pourquoi avez-vous choisi de montrer trois époques différentes ?
Le récit original se passe dans les années 1920 et 1930 au sein de la bourgeoisie française. Je voulais l’adapter à une société qui rappelerait vaguement la Yougoslavie, plutôt que la Serbie. J’ai choisi de situer les histoires entre 1993 et 2026, pour les rattacher à la transition du socialisme au christianisme qui s’est vraiment produite et qui continue encore dans les pays est-européens. C’est un processus très intéressant et bizarre, car on sent un parallèle avec les premiers siècles de la Chrétienté, où les rituels païens co-existaient avec les rituels chrétiens. De nouvelles règles et de nouvelles habitudes dans la religion font de nouveau apparition et sont confrontées avec le socialisme. Je voulais adopter une approche comique pour aborder tout cela.

Comment avez-vous développé vos personnages ? Aviez-vous déjà les acteurs à l’esprit en écrivant les rôles ?
Développer les personnages est un processus qui commence quand on écrit le scénario, sans prendre en compte les vraies conditions de tournage ou des acteurs spécifiques. Ensuite, quand je commence à imaginer le film, je dois tenir compte de vrais lieux et de l'offre du marché en termes d’acteurs, donc il faut s’adapter à cela. Pour les acteurs, il était important que tous puissent être convaincants sur les trois décennies que couvrent les histoires.

Quel est le concept le plus important du film et les principaux sujets que vous vouliez aborder ? 
Je voulais que le film soit comme un puzzle et soulève des questions en utilisant différentes métaphores. Je voulais traiter de la religion en essayant d'en comprendre certains aspects moi-même et confronter les idées d'un dieu d’amour et d’un dieu de vengeance, par exemple. Je m’intéresse aussi aux miracles et aux tentations. Nous vivons une époque qui a son propre veau d'or, qu'on trouve aussi du côté commercial de l'art, et bien sûr, en tant que réalisateur, je m'intéresse aussi aux raisons pour lesquelles on fait de l'art. Pour l’argent, la gloire et la reconnaissance ?

C’est une vie assez archaïque et brutale que vous dépeignez ici.
C’est la réalité dans les Balkans. On s’y habitue, c’est quelque chose dont on fait l’expérience quotidiennement, mais malgré tout, ça peut finir par vous déranger. Mais montrer la vie comme quelque chose d'anarchique est normal pour les réalisateurs est-européens. Même si le film est une invention, je me considère réaliste. Je ne tourne pas le dos à la réalité. Il y a probablement des aspects dans le film que les gens des Balkans comprendront mieux que d’autres, par exemple, dans le premier épisode, la femme de l’homme qui se retrouve entourée d'un halo. Son personnage est une métaphore des médias. Les citoyens des Balkans sont constamment confrontés aux médias, ça va les rendre fou, au bout d'un moment. Les médias sont remplis de propagande nationaliste ; on voit non stop des politiciens qui font étalage de leur pouvoir et manipulent l’opinion publique.

A-t-il été difficile d’obtenir des financements pour le film ?
À dire vrai, cela a pris plus de temps et d’énergie que pour mes autres films, mais je suis très fier que les six républiques d'ex-Yougoslavie participent à la production. Déjà pour The Parade [+lire aussi :
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, on en avait cinq ; maintenant nous les avons tous. C’est important, parce que je vois cette zone comme un seul grand marché, qui offre une créativité incroyable et beaucoup de professionnels talentueux.

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(Traduit de l'anglais)

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