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LOCARNO 2021 Compétition

Bonifacio Angius • Réalisateur de I giganti

I giganti est une déclaration d’amour”

par 

- Le réalisateur italien présente à Locarno, en compétition internationale, un thriller avec des éléments de western

Bonifacio Angius • Réalisateur de I giganti
(© Locarno Film Festival/Ti-Press/Samuel Golay)

Le réalisateur italien Bonifacio Angius a présenté I giganti [+lire aussi :
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interview : Bonifacio Angius
fiche film
]
, un thriller avec des éléments de western qui se passe dans un petit village de Sardaigne, dans le cadre de la compétition du Festival de Locarno. Le film réunit un groupe d’amis qui ont des difficultés dans leurs relations amoureuses et se réfugient dans l’alcool et les drogues. Nous avons rencontré le réalisateur, qui nous en a dit davantage sur ses sources d'inspiration et l'approche esthétique qu’il a adoptée pour ce film.

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Cineuropa : Quel a été le point de départ, votre source d’inspiration pour ce film ?
Bonifacio Angius :
J’ai eu l’idée de ce film il y a quelques années, mais je n’ai pas commencé la production tout de suite. Et puis j'y suis revenu et j’ai écrit le scénario très vite. En quatre semaines, il était prêt et six semaines plus tard, nous étions en tournage. Il s'est déroulé pendant le confinement total en Italie, dans un petit village de Sardaigne. Nous avons dû suivre les protocoles de sécurité sanitaire, ce qui nous a forcés à nous regrouper encore plus étroitement. Nous sommes devenus une famille, et tout le projet m’a donné le sentiment que j’étais dans une situation de frénésie. J’avais tellement de rôles – réalisateur, producteur, monteur et aussi acteur –  qu'à la fin, j’ai regardé le film et je me suis demandé : "Mais qui a fait ceci ?". La pandémie a été une période très difficile pour moi. Ça a été une douleur affreuse. Je pensais vraiment que ce serait la fin de tout et que je ne serais jamais plus en mesure de faire des films. C’est pour cela que je voulais que ce film ait les personnages les plus complexes que je pouvais imaginer, que je souhaitais créer un contraste avec la tendance qu’on a aujourd’hui de tout simplifier.

Est-ce que les drogues corrompent tout ce qu’on fait et tout ce qu’on a ?
Les drogues sont, avant toute chose, un élément visuel pour moi. J’ai utilisé ce motif pour façonner un récit simple et immédiat. Le film se concentre davantage sur le concept de l’autodestruction chez les gens. Je ne vois pas cette force dans un être humain en particulier, mais plus dans l’humanité dans son ensemble. Notre responsabilité à cet égard est d'ampleur globale. Ce film se veut philosophique : il peut être considéré comme un acte d’auto-sabotage. De plus, l'intention est de trouver un équilibre entre ce qui est tragique et ce qui est comique. Il a quelque chose de déstabilisant, mais aussi de nostalgique et de romantique.

Comment avez-vous développé votre approche esthétique pour ce film ?
Mon inspiration est venue de La Grande Bouffe de Marco Ferreri, auquel je voulais ajouter une perspective western. Je vois ce film comme proche des travaux de Sergio Leone et Luchino Visconti. Les parties les plus belles, à mon avis, sont les flash-back qui rappellent l’atmosphère des films de Visconti. Nous voulions reproduire méticuleusement l’esthétique du western en utilisant les bonnes techniques. Nous avions des objectifs dont on ne se sert plus aujourd’hui, et qui ont été difficiles à trouver, mais ils évoquent un style d'image très similaire au 35 mm. Le contraste entre l’obscurité et les zones de lumière était très important ; il était évoquer ce qu’on appelle le "western spaghetti".

Quel était l’élément le plus important pour vous quand vous avez imaginé l’idée du film ?
Le film prend la forme d’une tragédie grecque, et il en contient certains éléments : le divin, la culpabilité, la catastrophe. Et surtout, le sujet de l’amour est ici central. D'aucuns ont dit que le film est misogyne parce que les femmes n'y sont pas présentes, mais à vrai dire, c’est précisément leur absence physique qui les rend essentielles à l’histoire. Ce film est une déclaration d’amour, plus spécifiquement à ma compagne. Les personnages ont une relation difficile avec l’amour et ils y pensent constamment.

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(Traduit de l'anglais)

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