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VENISE 2021 Hors-compétition

Yvan Attal • Réalisateur de Les Choses humaines

“Aujourd’hui, quand on fait un film de ce genre, il faut dire clairement… certaines choses”

par 

- VENISE 2021 : Il n’a pas été simple pour le réalisateur d’adapter le roman de Karine Tuil qui donne son nom au film, sur une affaire de viol ; l’écriture en particulier a été une phase délicate

Yvan Attal  • Réalisateur de Les Choses humaines
(© La Biennale di Venezia - Foto ASAC/G. Zucchiatti)

Pour adapter le roman de Karine Tuil, sur une histoire de viol, dans Les Choses humaines [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Yvan Attal
fiche film
]
, projeté hors-compétition à la 78e Mostra de Venise, Yvan Attal a dû prendre à bras le corps plusieurs challenges : le processus d’écriture notamment a été une opération délicate, ainsi que retrouver à la maison le soir deux de ses acteurs principaux.

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Cineuropa : Cela fait maintenant un peu plus de 30 ans que vous avez reçu le César 1989 du meilleur jeune espoir masculin dans Un monde sans pitié. Aspiriez-vous déjà à réaliser des films, à l’époque ?
Yvan Attal :
Ce dont je me souviens surtout, c'est que je ne savais pas si je voulais être acteur ou réalisateur. Et comme je n'ai pas fait d'école de cinéma, je me suis dit que jouer me convenait. Cependant, après quelques films, c'est pratiquement comme si j’avais fait des études de cinéma. Je ne quittais pas le plateau : je restais là jour et nuit, pour voir comment tout se faisait. Je suis probablement devenu metteur en scène parce que j’étais frustré comme acteur. Quand on aime les films, on veut tout faire. Si je pouvais, je ferais aussi la musique de mes films.

Comment vous y êtes-vous pris pour adapter le roman de Karine Tuil (notamment pour le condenser et en garder toutes les parties essentielles, y compris l’incident central) de la manière la plus sensible possible ?
Ça a été difficile. D’abord, il fallait transformer le livre en un scénario qui fonctionne. L'idée que j'ai eue de diviser l'histoire en une partie "Lui", une partie "Elle" et une partie sur le procès m'a paru très efficace. Ce qui était plus délicat, et plus important, était de n'être jamais blanc ou noir, et de ne pas trahir la cause féministe. Je savais que faire un film sur ce sujet serait difficile parce qu'aujourd’hui, quand on fait un film de ce type, il faut dire clairement... certaines choses. Ce que j'ai aimé dans le livre, c'est que je pouvais m’identifier avec les deux parties. J’ai un fils et j’ai une fille. Si j’étais le parent du fils, je dirais : "Non, il n'est pas capable de faire ça et il ne l'a pas fait". Si j’étais le parent de la fille, je tuerais ce type. Les faits sont les mêmes, mais les vérités sont multiples et très différentes entre elles. L’ensemble du processus a été très émouvant pour moi et plus je me suis approché de la fin, plus c’est devenu intéressant.

Vous avez écrit ce scénario avec Yaël Langmann, avec qui vous avez collaboré plusieurs fois. Comment vous êtes-vous partagé le travail ? Était-il important de former une équipe homme-femme pour co-écrire ce film ?
Même au stade du montage, je voulais une femme. Je voulais être entouré de femmes, parce que je suis un homme et que j’avais besoin de leur point de vue. Par ailleurs, je pense que je m’entends mieux avec les femmes en général. Pour ce qui de la division du travail, le boulot principal était déjà fait, puisque nous avions le roman. Ensuite, j’ai décidé de structurer le film tel que vous l'avez vu, j'ai établi une chronologie etc. Yaël m'a ensuite aidé à trouver la vérité, le bon rythme, ce qu’il fallait couper (ou pas) par rapport au livre. Cette fois, nous avons vraiment discuté plus qu'on n'a écrit.

Pour le rôle d'Alexandre, l'accusé, vous avez choisi votre fils Ben, et pour le rôle de sa mère Claire, vous avez pris votre femme, Charlotte Gainsbourg. Avez-vous d'emblée pensé à eux ? A-t-il été facile ou difficile pour vous trois de coexister "au travail” ?
En lisant le livre déjà, j’ai imaginé Ben et Charlotte devant moi, dans ces rôles. Ça n’a pas été difficile pour moi, mais peut-être que ça l'a été pour eux, car ils étaient soudain traités juste comme "des gens travaillant sur le tournage". Je ne suis pas très diplomate comme réalisateur, dans l'ensemble, mais il est vrai que je dois rarement passer la soirée avec mes acteurs en rentrant à la maison tous les jours, comme c’était le cas ici. Aussi, je les connais tellement bien que je peux voir en une seconde s'ils sont authentiques ou faux dans une scène, donc j’ai probablement été un peu plus exigeant avec eux.

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(Traduit de l'anglais)

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