Raúl Cerezo et Fernando González Gómez • Co-réalisateurs de La pasajera
“Le genre fantastique permet de créer des univers où l’on peut faire ce qu’on veut”
par Alfonso Rivera
- Nous avons discuté avec le duo de réalisateurs espagnols, auteurs d’un film d’horreur qui déconseille fortement de partager une fourgonnette avec des inconnues
Nous avons contacté par Zoom Raúl Cerezo et Fernando González Gómez, les auteurs de La pasajera [+lire aussi :
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fiche film], sélectionné au 54e Festival de Sitges après avoir participé à l’événement Fantastic 7 de Cannes (lire l'article). Le premier nous a parlé de chez lui, le second alors qu'il était derrière son volant, garé en double file, comme s’il était le héros de son espiègle road movie.
Cineuropa : Comment, quand et où vous êtes-vous rencontrés ? Comment est né votre union artistique ?
Fernando González Gómez : Nos courts-métrages se promenaient partout dans les festivals et nous nous connaissions de vue et à travers les réseaux sociaux, mais c'est quand Raúl a participé à l’organisation d’un festival où j’étais invité avec un de mes courts-métrages que nous avons établi un lien.
Raúl Cerezo : J’avais déjà le projet La pasajera, que j'ai présenté à beaucoup de sociétés de production, mais les gens le trouvaient trop dingue, alors je l’ai passé à Fernando et je lui ai dit : "Regarde le scénario, dis-moi s'il te plaît". Il a adoré et je lui ai proposé de le co-réaliser. En deux semaines, la production s’est mise en branle.
Peut-on donc dire que La pasajera est un film indépendant et que c'est pour cela que vous avez eu une liberté de création absolue ?
R.C. : Totalement. S’il était tombé dans les satanées griffes d'une société de production importante, on aurait reçu des tas d'opinions sur comment procéder pour ne pas offenser tout un tas de collectifs et ce serait un film amusant, mais il ne serait jamais devenu aussi sauvage qui l'est maintenant. Ce coup nous a réussi, mais si ça n'avait pas fonctionné on l'aurait eu dans le baba, parce que ce n’est pas un film bon marché.
F.G.G. : Estándar [+lire aussi :
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fiche film] était déjà un film bien dingue, très libre, sur un scénario avec lequel nous avons fait ce qui nous chantait : les gens l'ont qualifié de comédie bizarre. La pasajera ou Viejos [+lire aussi :
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interview : Raúl Cerezo, Fernando Gonz…
fiche film], notre nouveau long-métrage, se caractérisent par la même liberté créative et la même prise de risques : il suffit de voir le film pour en faire l’expérience. Le genre fantastique vous permet de créer des mondes dans lesquels on peut faire ce qu’on veut.
De fait, vous êtes-vous autant amusés à le tourner qu'on l'imagine en le voyant ?
F.G.G. : Les semaines du tournage ont été dures, avec beaucoup de scènes nocturnes et de conditions traître, dans les forêts de Navarre, alors qu’il faisait froid. J’aime bien faire du sport et parfois, je compare le moment du tournage avec l’époque où je faisais des entraînements à vélo et qu'il se mettait d'un coup à pleuvoir : là, la chose devient épique, encore plus dure qu'au départ, mais il y a une motivation qui fait que vous le vivez avec un certain plaisir, malgré la souffrance.
R.C. : Ça s’est bien passé, mais ça a été très dur. Je me souviens d'une phrase de Steven Spielberg, quand il a terminé son film 1941 : "On s’est éclatés, mais ce film ne sera jamais bon". C'est dire que sans dépasser un certain niveau de souffrance, le long-métrage ne fonctionne pas. Quand on a fait La pasajera, on s'est amusés, oui, mais on a travaillé dur.
Est-ce que vous avez toujours tourné en extérieur ? Il semblerait que certains moments se passent dans des décors…
R.C. : C’est une combination : nous avons fait trois semaines en extérieur et trois en intérieur, dans un studio. Le département décors a fait une réplique de la fourgonnette et c’était comme un Lego : on pouvait la démonter de manière à placer la caméra dans n’importe quel angle.
F.G.G. : Normalement, quand on a une voiture sur un plateau, on simule le mouvement en bougeant la caméra. Ici, non : on a construit une structure avec des pistons hydrauliques qui faisaient que toute la fourgonnette bougeait, tandis que la caméra restait fixe.
Sur le motif du véhicule, vous coïncidez avec deux films récents : la comédie Con quién viajas [+lire aussi :
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fiche film], qui est déjà sortie en Espagne, et le prochain Alex de la Iglesia (lire l'article).
F.G.G. : Oui, c’est comme un micro genre.
R.C. : Quand nous l’avons tourné, nous étions contents parce que nous pensions que nous étions les premiers à aborder ce thème. Quand le film était déjà dans la boîte, nous avons appris l’existence de celui de Martín Cuervo et nous avons eu très peur, mais nous avons su après que c’était une comédie, avec un élément de suspense. Notre film terminé, nous avons appris l’existence d'El cuarto pasajero, machin, qui apparemment se rapproche de Con quién viajas. Ce qui est bien dans notre film, c’est que les plaisanteries sur la voiture partagée se dissipent rapidement, pour passer à autre chose.
F.G.G. : Nous voulions mettre dans une fourgonnette des gens de toutes sortes et montrer leurs différences : la même chose se serait passée avec une famille, par exemple.
Certains plans dans votre film rappellent Sergio Leone et Brian de Palma.
R.C. : Oui, nous avons la référence de la double focale, habituellement employée par Brian de Palma ou Alfred Hitchcock : cette technique nous passionne, mais elle est très peu utilisé en Espagne.
F.G.G. : Nous aimons tellement ce procédé que nous l’avons utilisé sur toute une séquence. Nous nous sommes inspirés de grands cinéastes que nous aimons : nous avons utilisé les mêmes procédés, mais avec notre style.
(Traduit de l'espagnol)
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