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CINEMED 2021 Cinemed Meetings

Serge Lalou • Producteur de El portero

"L’avenir ne m’a jamais fait peur"

par 

- Rencontre avec le producteur des Films d’Ici Méditerranée qui parle du projet de Aurel, à l'occasion des Cinemed Meetings, mais aussi de la conjoncture dans l’industrie

Serge Lalou  • Producteur de El portero

Producteur emblématique chez Les Films d'Ici depuis 1987 (avec à son actif entre autres des longs métrages d’Arnaud des Pallières, Valse avec Bachir [+lire aussi :
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d’Ari Folman, les quatre derniers documentaires de Gianfranco Rosi, mais aussi Avi Mograbi, Nicolas Philibert, etc.), Serge Lalou exerce aussi parallèlement aux Films d’Ici Méditerranée société qu’il a fondée en 2014. C’est avec cette structure qu’il est présent au 43e Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier où il a pitché à la Bourse d’aide au développement des Cinemed Meetings (lire la news) le projet El portero qui sera le second long d’Aurel après Josep [+lire aussi :
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interview : Aurel
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Cineuropa : Après le succès de Josep (Sélection Officielle Cannes 2020, European Film Award, César et Lumière du meilleur film d’animation), ce n’est pas une surprise de vous voir enchaîner un nouveau long avec Aurel. Ce qu’il l’est revanche, c’est que le film sera en prise de vues réelles.
Serge Lalou : D’abord, ce n’est pas si attendu que cela parce qu’on ne connaît que la part claire de l’histoire de Josep qui a engagé des années de travail. Il fallait que cela tienne à la fois dans l’adversité et dans le succès, et si c’est devenu une évidence de repartir ensemble, c’est que cela s’est très bien passé dans les deux situations. El portero, le nouveau projet d’Aurel prolonge la question du dessin avec un dessinateur comme personnage principal, mais il voulait s’affranchir de ce qu’il avait fait et partir dans une autre direction tout en suivant les thématiques qui l’intéressent : l’Espagne, la mémoire, le dessin et la musique. Ce sera de la fiction pure, mais avec des interventions visuelles sur lesquelles il est en train de réfléchir et d’expérimenter. Ce projet réunit de nouveau Jean-Louis Milesi au scénario et Silvia Pérez Cruz pour la musique, et de nouveaux arrivants avec au casting prévisionnel l’Espagnole Alba Flores (La casa de papel) et Artus. Le film suivra un personnage qui, en allant à la recherche du passé de son grand-père, fait un parcours sur lui-même lui permettant de retrouver le dessin. Le récit ira de la France vers l’Espagne et Valence. Le producteur catalan Jordi Oliva (Imagic) nous accompagne déjà à ce stade du développement. Il était là sur Josep, depuis un pitch à Annecy. C’était un nouveau partenaire pour moi, mais il s’est révélé formidable et nous avons plusieurs projets ensemble.

Qu’est-ce qui caractérise Le Films d’Ici Méditerranée par rapport aux Films d’Ici ?
J’ai essayé d’avoir des lignes éditoriales très distinctes puisque j’ai des partenaires différents dans les deux sociétés. Les Films d’Ici Méditerranée réunit d’abord des talents de la région Occitanie : Aurel vit et travaille à Montpellier, Sylvère Petit qui a eu l’avance sur recettes du CNC pour La Baleine (qui devrait être distribué par Jour2Fête et qui est coproduit par l’Espagne et la Belgique) vit à Pézenas, etc. Puis il y la Méditerranée avec notamment le film d’animation They Shot The Piano Player [+lire aussi :
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de Fernando Trueba et Javier Mariscal (en coproduction déléguée avec l’Espagne, les Pays-Bas et le Portugal).

Vous avez produit pour le cinéma et pour la télévision, de la fiction, du documentaire, de l’animation. Quel regard portez-vous sur la conjoncture : l’impact de la pandémie, la croissance des plateformes, les difficultés des salles, etc.
Tant qu’on maintient un pôle public fort, il ne faut pas avoir peur du privé et des opportunités du privé mais il faut qu’elles se rajoutent. Selon moi, la plus grande menace, ce sont ceux qui vont aux élections en voulant supprimer la redevance TV et supprimer le service public. Car le service public est un endroit qui maintient la diversité et on a besoin de pôles qui la maintiennent. Ensuite, tant que l’État est présent et qu’il impose des obligations à ceux qui se développent et vendent des abonnements sur le territoire français, ile participent au financement de la production. Un autre signe très intéressant, c’est de regarder où recrutent actuellement les plateformes : en partie chez Arte qui se caractérise par une certaine exigence éditoriale à la française. L’avenir ne m’a jamais fait peur et toutes les études montrent que les évolutions actuelles sont bonnes pour la production en termes de volume. Après, la question, c’est : pour en faire quoi ? C’est ce sujet du maintien de la diversité, d’un certain nombre d’obligations et d’une puissance publique qui veille à ce que tout le monde puisse avoir accès à la culture, qui est essentiel. Comme les obligations sur les plateformes ont gagné, je ne vois que du positif. La production ne serait en danger que si disparaissait le sens de l’intérêt général de la puissance publique dans l’audiovisuel et le cinéma.

Sur la question de salles, je ne sais pas. J’aime la salle de cinéma, mais je ne la fétichise pas. Les pouvoirs publics jouent leur rôle en soutenant un maillage remarquable du territoire, mais si à un moment, notre monde change et que les gens n’ont plus envie d’aller au cinéma ou moins envie d’y aller, cela n’empêchera pas l’imaginaire d’exister et de s’exprimer autrement. Je ne sais pas comment les gens vont sortir de la période que nous vivons encore. C’est vrai que c’est beaucoup plus romantique de dire qu’on a un attachement viscéral à la salle de cinéma et que c’est une expérience formidable, mais je ne pense pas que l’on puisse décréter le bien des gens à leur place.

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