Martyn Robertson • Réalisateur de Ride the Wave
“On voit les parents de Ben au summum de la vulnérabilité”
par Kaleem Aftab
- Le réalisateur écossais détaille pour nous son nouveau documentaire, qui se présente comme un film sur le surf, mais se double d’un récit d’apprentissage sur le jeune Ben Larg, 14 ans

Ride the Wave [+lire aussi :
interview : Martyn Robertson
fiche film] de l’Écossais Martyn Robertson, est un documentaire consacré à Ben Larg, un ado de 14 ans, qui dès l’âge de 12 ans, était champion de surf des moins de 18 ans. Si le surf est indiscutablement au cœur de ce film, il s’agit également d’un récit sur le passage à l’âge adulte. L’histoire d’un enfant retiré de l’école après avoir été victime d’intimidations et de brimades, qui commence à s’intéresser aux filles, le tout contrebalancé par l’appréhension croissante de ses parents lorsque Ben s’attaque à des vagues plus importantes. Ride the wave est le premier long-métrage documentaire de Robertson.
Cineuropa : Comment avez-vous découvert l’existence de Ben ?
Martyn Roberton : Je connais la famille de Ben depuis des années, depuis ma jeunesse lorsque j’allais à Tiree, l’île isolée dans l’archipel écossais des Hébrides où réside la famille. Nous nous sommes un peu perdus de vue, mais j’ai suivi l’ascension de Ben dans les médias. Il y a environ cinq ans, j’ai donc contacté Marty, son père. Il se trouvait sur une plage à Fuerteventura et regardait Ben, alors âgé de 11 ans, surfer une vague de trois mètres. Je lui ai dit que l’histoire de son fils m’intéressait.
Quand l’histoire est-elle devenue davantage que celle d’un jeune surfeur prodige ?
Je regardais énormément de films sur le surf, et je me suis dit que le problème avec ce genre de films, c’est qu’ils se ressemblaient tous. Ils sont agréables à regarder, mais l’histoire est toujours négligée. Je cherchais celle de Ben, et bien entendu je l’avais sous le nez, sur son île natale, au large de la côte ouest écossaise, là même où Ben ne parvenait pas à trouver sa place enfant. Fait étrange, car il est l’enfant le plus cool de la ville : un Écossais au look de surfeur californien ordinaire.
Le documentaire joue avec l’idée que les parents vivent leur propre rêve à travers leur enfant. Comment en est-on arrivé à cela ?
Je pense c’est ce que l’on voit dans la première moitié du film avec les scènes banales d’un père sur la plage, la frustration d’être un parent, de voir son enfant qui ne réalise peut-être pas l’opportunité qui s’offre à lui. Ses parents sont de bons surfeurs, mais Ben est plus téméraire qu’eux, il a plus de culot. Parmi les surfeurs les plus célèbres, certains ont commenté l’audace de Ben lorsqu’il s’attaque à des vagues immenses. C’est ce que l’on voit tout au long du film, et on se demande ce qui passe par la tête du père.
Au fur et à mesure que Ben s’améliore, on voit Marty se demander s’il a eu raison de pousser Ben dans cette voie, compte tenu du danger de cette discipline.
Absolument. C’est intéressant, car pendant le tournage, ma femme est tombée enceinte, et j’ai commencé à réfléchir au concept de paternité. Puis, au cours de la dernière année de production, nous avons accueilli notre premier enfant. J’ai commencé à m’intéresser à ce qui se passait dans la tête de Marty. En fait, Marty avait peur de tout. Il se renseignait toujours sur l’hôpital le plus proche, comment s’y rendre, et la durée du trajet. On voit les parents de Ben au summum de leur vulnérabilité. Je crois que c’est ce qui arrive lorsque votre enfant vous annonce qu’il veut pratiquer le hobby auquel vous l’avez initié à l’extrême et qu’il veut mettre sa vie en danger.
Le tournage s’est déroulé sur trois ans. Comment l’avez-vous financé ?
Screen Scotland a entièrement financé le film. L’autre partie du financement repose en grande partie sur la bonne volonté et le bon vouloir des acteurs de l’industrie cinématographique ici en Écosse. À Londres, nous avons bénéficié du soutien de Met Films, mais également de Hopscotch Films. Ils ont été un soutien de poids en me poussant simplement à être ambitieux, tout comme le Scottish Documentary Institute, qui m'a encouragé à participer aux festivals et à me créer un réseau. Ce premier long-métrage documentaire a été très formateur.
(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)
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