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BERLINALE 2022 Encounters

Kurdwin Ayub • Réalisatrice de Sonne

“Je sais comment Yesmin et les filles issues de la migration se sentent ; c’est pour cela que je voulais faire ce film pour elles”

par 

- BERLINALE 2022 : Dans son premier long-métrage, la réalisatrice kurde-autrichienne traite de questions d'identité, de religion et de normes sociales complexes

Kurdwin Ayub • Réalisatrice de Sonne
(© Elsa Okazaki)

La réalisatrice kurde-autrichienne Kurdwin Ayub a présenté Sonne [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Kurdwin Ayub
fiche film
]
cette année au Festival de Berlin, dans la section Encounters, ce qui lui a valu le Prix GWFF du meilleur premier long-métrage, assorti de la somme de 50 000 € (lire l'article). Nous avons interrogé la réalisatrice sur ses sources d’inspiration, son lien personnel avec cette histoire et la manière dont elle a conçu l’approche visuelle adoptée dans le film.

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Cineuropa : Pourquoi souhaitiez-vous raconter cette histoire ?
Kurdwin Ayub : Il y a quelques années, j’ai vu sur YouTube un groupe de filles qui chantaient des chansons en anglais, en portant des hijabs. J’ai trouvé que c’était fascinant et j’ai voulu faire un documentaire sur elles, mais elles ne m’ont pas répondu – peut-être parce qu’elles ont vu ma homepage et qu’elles ont pris peur, se disant que ce pourrait être pousser la provocation trop loin. C’est pour cela que j’ai décidé de me concentrer sur mon propre projet, à partir de cette idée.

Comment avez-vous développé cette idée ?
Il était clair qu’il y aurait ces trois filles et que le père deviendrait leur manager, pour ainsi dire. Le frère aussi est un personnage important ; c'est un peu le "voyou", ici. Je savais que je voulais amener ce coup de théâtre à la fin, parce que je trouvais intéressant d’altérer les rôles : ce sont les deux autres filles qui prennent à bras-le-corps le rôle de Yesmin, bien qu'elle-même ne définisse pas clairement son identité. À la fin, les autres pensent qu’elles savent mieux que Yesmin elle-même comment elle devrait être.

Avez-vous intégré à l’histoire des éléments autobiographiques ?
Je joue toujours avec l’ambiguïté de l’identité du personnage qu'on voit à l'image. Quelle part de moi-même ai-je mis là-dedans ? Mes parents jouent le rôle des parents dans le film. Même s’ils ne jouent pas leurs propres rôles, juste en étant là, ils ajoutent forcément des aspects de moi dans le film. Et bien sûr, les pensées et les sentiments de l’héroïne sont autobiographiques. L’intrigue ne l'est pas, même si j’ai aussi eu une meilleure amie avec qui je faisais des vidéos (sauf que ce n’est pas devenu viral !). Je sais comment Yesmin et les filles issues de la migration se sentent ; c’est pour cela que je voulais faire ce film pour elles.

Comment avez-vous trouvé les trois comédiennes ?
J’ai participé à plusieurs programmes de développement de scénario, comme Ekran+ et Script Lab, par exemple. Pendant ces phases de recherche, il y a quelques années, j’ai aussi eu la chance de tourner quelques scènes. J’ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs filles par ce biais, ainsi qu'à travers d’autres projets que j’ai faits. Et finalement, nous avons formé une troupe.

Visuellement, vous avez été inspirée par l’esthétique des réseaux sociaux.
Il était clair dès le début que j'utiliserais l’allure des vidéos YouTube, j’aime beaucoup ça. C’est aussi connecté à mon travail artistique. J’aime bien cette mauvaise qualité en termes de composition : ça rappelle l’esthétique des films d’horreur, je trouve. J’aime bien le concept de cinéma direct. À vrai dire, j’ai collecté beaucoup de vidéos, y compris des vidéos des filles que nous avions filmé quelques années avant, ou qu’elles ont tourné elles-mêmes avec leurs propres téléphones portables. Pendant le tournage, je leur ai aussi donné un téléphone portable et je leur ai demandé de filmer avec.

Pourquoi avez-vous choisi comme titre Sonne (soleil) ?
Il y a là un aspect poétique et un aspect plus simple. D’abord, le soleil brille sur chacun de nous, qui que nous soyons. Et ensuite, il y a un soleil sur le drapeau kurde.

Pourriez-vous cette expérience de production avec Ulrich Seidl?
Le film a été produit par Veronika Franz et Ulrich Seidl. Ils m’ont énormément soutenue, surtout dans ma décision de travailler avec des acteurs non-professionnels, car ils savaient tous les deux très bien ce que cela implique. Je me suis sentie en de très bonnes mains.

Quelles ont été les plus grosses difficultés auxquelles vous avez fait face en faisant le film ?
Le plus gros problème qui s'est présenté est que nous avons dû interrompre le tournage à cause du coronavirus. À vrai dire, à la fin, ça s’est avéré une bénédiction, car nous avons dû recommencer du début et avons ainsi pu corriger les erreurs que nous avions faites avant. Nous avons eu moins de jours de tournage, mais c’était agréable aussi, de tourner avec une équipe beaucoup plus réduite.

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(Traduit de l'anglais)

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