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BERLINALE 2022 Compétition

Michael Koch • Réalisateur de A Piece of Sky

“Ce qui m’intéresse, c’est la puissance immédiate de la nature qu’on ressent dans l’univers des montagnes”

par 

- BERLINALE 2022 : Le réalisateur a placé les montagnes suisses et leurs habitants au centre de ce film dramatique intime et doté de belles qualités artistiques

Michael Koch  • Réalisateur de A Piece of Sky

Le film dramatique A Piece of Sky [+lire aussi :
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de Michael Koch est l'un des deux films qui ont représenté le cinéma suisse cette année en compétition à Berlin. Nous avons interrogé le réalisateur sur son approche du paysage montagneux, son travail avec ses acteurs non-professionnels et son approche visuelle pour ce film.

Cineuropa : Par rapport à votre film précédent, Marija [+lire aussi :
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, A Piece of Sky se situe dans un environnement complètement différent. Quelle signification cela a-t-il pour le film ?
Michael Koch :
Marijase passait dans un monde complètement différent, c'est vrai, mais je porte en moi et le milieu urbain, et le milieu rural qu’on voit ici. J’ai vécu en ville, mais j’ai aussi passé beaucoup de temps dans les montagnes. Pendant les recherches pour le film, je me suis rendu compte que je vois cet endroit comme un des personnages principaux du film. Cet endroit a un fort impact sur la manière dont Anna aborde la situation difficile dans laquelle elle se trouve. Elle a grandi dans un lieu où elle a vécu très tôt l’expérience du fait que la nature est peut-être plus forte que les humains. Je me suis demandé si vivre là fait qu’on développe une sérénité d’un autre ordre, dans la vie, pour aborder les circonstances difficiles. Je n'ai cessé de constater cette sérénité lors de mes recherches dans les montagnes. J'ai senti que les gens, là-bas, acceptent l'idée qu’il y a certaines choses qu'ils ne peuvent pas influencer dans la vie. Je suis sûr qu'à cause de cela, l’histoire que raconte le film se serait développée différemment dans un autre endroit. Le lieu est donc fondamental pour cette histoire. J’essaie d’introduire le monde des montagnes comme un personnage. Le premier plan montre une pierre : c'est censé être un portrait. Les portraits des personnes viennent après. J’ai essayé de former un lien intense avec cet endroit, ses personnages et ses animaux. Toutes mes décisions artistiques se sont fondées là-dessus.

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Vous êtes-vous soucié de l’image de la Suisse que vous véhiculiez ?
J’étais conscient que je marchais sur une corde raide. Le danger était grand de se perdre dans le romantisme des Alpes suisses, dans l’idylle. Je ne voulais pas véhiculer une image romantique de l'univers montagnard, même si je jouais un peu avec tout de même. Les Indiens qui viennent en Suisse, que j’ai intégrés au film, cherchent exactement cela. Ce qui m’intéresse c’est la puissance immédiate de la nature qu'on ressent. On peut presque ressentir ça plus intensément quand la météo est mauvaise que sous un soleil radieux. Cette force de la nature est fondamentale pour moi.

Comment avez-vous développé l’histoire et les personnages ?
En parallèle de mes recherches sur le lieu, les gens et leur vie quotidienne, j'ai rencontré tout du long des gens qui m’intéressaient, et puis je leur ai demandé s’ils voulaient jouer dans le film. Plus j'étais en contact avec eux, plus je me suis rendu compte que j’étais presque plus intéressé par la population locale que par mes propres personnages. Que je travaille avec des acteurs non-professionnels était donc, pour moi, une conséquence logique de tout cela,. Je trouvais que l’environnement se reflétait dans leur corps, leurs visages et leurs attitudes. Cette authenticité, je voulais m'en servir, et puis je voulais faire contraster cette approche documentaire avec un design formel strict qui créait un effet de friction.

Comment avez-vous enquêté sur la maladie du personnage principal ? Et comment l’aspect sexuel en particulier est-il entré en jeu ?
J’ai étudié plusieurs cas de gens qui avait perdu le contrôle de leurs impulsions à cause d'une tumeur. J’ai travaillé avec un neurologue qui a pu m'en dire beaucoup sur le sujet. Pour moi, la perte de contrôle sexuelle n'est pas le seul élément qui se trouve au premier plan, même si elle représente le point culminant dans le film. Ce qui m'intéressait, c'est le moment où les besoins primaires d’une personne ne peuvent plus être régulé, quand un comportement imprévisible se développe à cause de la maladie qui ressemble à celui d’un enfant qui ne sait pas comment notre comportement social est régulé.

La caméra fait presque l'effet de respirer la nuque des personnages.
Ce que je voulais, c’est mettre en avant la corporéité des acteurs, notamment le corps massif de Marco. Il est tellement taciturne et introverti que son corps en dit beaucoup plus que ses mots. Pour ce qui est d'Anna, je voulais montrer la délicatesse de son corps, en contraste avec celui de Marco. Par ailleurs, il s'agissait de suivre le développement de Marco, qui semble d'abord très fort et puis, à cause de la tumeur, s'écroule. Avec Anna, c'est le contraire : elle développe une force intérieure et une armature qui va lui permettre de gérer la situation.

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(Traduit de l'anglais)

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