17/03/2022 - Cineuropa a interviewé les co-réalisateurs, qui ont décroché le Prix Eurimages au développement de la coproduction à Cartoon Movie pour leur projet animé sur "l’amour perdu et la culpabilité”

Romain Renard (à gauche) et Fursy Teyssier (© Lukasz Jaszak)

Au terme de la dernière édition de Cartoon Movie (8-10 mars), le Prix Eurimages au développement de la coproduction (assorti de la somme de 20 000 euros) est allé à Melvile, un projet de long-métrage d'animation co-réalisé par Romain Renard et Fursy Teyssier, produit par la société belge Need Productions avec les enseignes françaises Creative Touch Studios et Special Touch Studios (lire l'article). Cineuropa a saisi cette occasion pour discuter avec le duo de réalisateurs, qui nous a parlé du film et de ses thèmes principaux, ainsi que les prochaines étapes du chemin qui va permettre à ce projet de voir le jour.

Cineuropa : De quoi parle Melvile ? Comment décririez-vous votre projet et les sujets principaux qu'il aborde ?
Romain Renard : Melvile est un petit monde imaginaire. Le scénario enchevêtre deux niveaux temporels : le présent et les souvenirs qu'a le héros de son dernier été à Melvile. À l’époque, alors qu'il n'était encore qu'un adolescent, il a perdu son meilleur ami et sa première amoureuse dans un incendie. Quand il revient, vingt ans plus tard, il se retrouve coincé là pour différentes raisons, et il est forcé de se confronter au passé dont il s'était détourné par culpabilité. Il va aussi découvrir la vérité sur la mort de sa petite amie, ainsi que les vraies raisons de cette tragédie. Le film parle d’amour perdu et de culpabilité. Il parle du besoin de régler ses comptes avec le passé pour se réinventer. C’est un film pour adultes et jeunes adultes qui utilise les codes du thriller psychologique.

Comment prévoyez-vous d’utiliser le Prix Eurimages ?
Fursy Teyssier : Nous allons définitivement en faire bon usage, avant tout pour le storyboard ! Quand on fait un film avec des images qu'on tourne, c’est un luxe ; dans le champ de l’animation, c’est la pierre de touche. Le storyboard est la référence pour tous ceux qui travaillent sur le film, car toutes les intentions sont là. Le montage et tous les aspects de la narration sont fondés sur cette étape. Et nous avons vraiment hâte de commencer !

Comment évalueriez-vous, dans l’ensemble, votre participation a cartonné Cartoon Movie ?
R.R. : Nous travaillons avec une très petite équipe depuis des mois ; c'est la première fois que nous avons dévoilé devant un public notre travail sur Melvile, donc nous étions très excités par l'idée de projeter notre pilote. Le prix a généré un bouche-à-oreille autour du projet, ce qui est vraiment stimulant pour nous et pour nos producteurs. Notre pitch est celui qui a attiré le plus de public cette année à Cartoon Movie, ce qui est merveilleux.

Pourriez-vous, s’il vous plaît, nous parler de votre approche visuelle pour ce projet ?
F.T. : Nous voulions conserver la singularité de la bande dessinée au niveau du graphisme. Romain trace au fusain des dessins très réalistes et forts, puis il les colorise numériquement. Le défi était de trouver une manière qui soit fidèle à l'album (à son atmosphère), voire même qui le sublime, tout en restant faisable compte tenu des contraintes de l’industrie du film… Nous avons donc développé notre propre méthode. Nous l’appelons "charcoalisation" (charcoal signifie "fusain" en anglais, ndlt.). Elle permet de mélanger dessins, images et vidéos, ce qui permet d'obtenir des environnements visuellement puissants et ouvre le champ des opportunités offertes par l’animation en 2D. Melvile, notre film, est une histoire, mais c’est aussi une prémisse visuelle.

Quelle est la prochaine étape pour vous maintenant ?
R.R. : Notre objectif est de finir le développement, d’avoir un bon scénario de production et un bon design pour les personnages, une animatique, et puis de commencer la production. Nous sommes très impatients de monter notre équipe avec les gens qui vont nous rejoindre.

Avez-vous une idée de la date à laquelle le projet sera prêt ?
F.T. :Cette question est toujours un peu effrayante pour les réalisateurs… Si on compte la fin du développement, le financement et la réalisation du film, ce sera prêt au mieux en 2026, mais nos producteurs diraient au mieux en 2027 !

(Traduit de l'anglais)