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SÉRIES MANIA 2022 Séries Mania Forum

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum

"C’est un âge d’or pour la série"

par 

- Le pilote des journées professionnelles du Festival Séries Mania qui se dérouleront à Lille du 22 au 24 mars, livre ses réflexions sur la conjoncture d’une industrie de la série en plein boum

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum

Très fin connaisseur de l’univers des séries, Francesco Capurro, le directeur du Séries Mania Forum (du 22 au 24 mars - lire la news), le volet professionnel du Festival Séries Mania (qui a démarré vendredi dernier à Lille - article), décrypte les tendances du secteur.

Cineuropa : L’édition précédente de Séries Mania s’est déroulée fin août 2021 et vous voilà déjà de retour. Ce délai raccourci a-t-il eu un impact sur le nombre de projets qu’on vous a soumis pour les Co-Pro Pitching Sessions ?
Francesco Capurro :
C’est vrai que c’était un vrai défi d’organiser un événement de cette ampleur en moins de six mois. Mais cela s’annonce très bien. Nous avons reçu malgré tout un grand nombre de projets, 330 en provenance de 56 pays, nous avons près de 3000 accrédités, nos stands et nos espaces publicitaires se sont très bien vendus : on sent que l’industrie a très envie de se retrouver en présentiel. Et nous avons eu de la chance car, après un hiver un peu difficile côté Covid, le gouvernement français a suspendu le passe vaccinal depuis le 14 mars. On voit la lumière au bout du tunnel et tous les signaux sont au vert.

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Ce nombre substantiel de projets reflète-t-il un volume de production tournant à plein régime dans tous les pays ?
C’est vraiment un phénomène mondial, de l’Afrique du Sud à l’Amérique Latine. C’est un peu la ruée vers l’or. On sait que c’est un âge d’or pour la série avec énormément de nouvelles plateformes, de nouveaux diffuseurs, une forte demande du public. Donc tout le monde s’y met : ceux qui étaient avant dans le secteur, mais aussi beaucoup de producteurs de cinéma qui se tournent vers la série. Il y a donc un volume assez conséquent de projets qui sont développés. Tous n’arriveront pas au bout, mais il y a un dynamisme très fort de la série à l’international.

Voit-on des nouvelles tendances émerger du côté des genres de prédilection, traditionnellement dominés par le thriller et la série historique ?
Ces deux piliers restent majoritaires, mais on constate que la série se fait aussi le reflet des préoccupations actuelles sociétales. Il y a ainsi beaucoup plus de figures féminines qui sont des personnages centraux dans les histoires, par exemple avec le projet italien The Impossible She qui parle de la première femme en Formule 1. Il y a également dans notre sélection beaucoup de projets de séries qui s’attaquent à des sujets comme le racisme ou la montée des mouvements d’extrême-droite comme le projet allemand Island of Youth ou le danois A Boy Disappears. Nous avons aussi remarqué la présence de beaucoup de "teen dramas", un genre qui était plutôt américain au début, mais qui commence à être produit aussi en Europe avec par exemple le projet germano-français The Mars Project.

Et pour les formats ?
Les formats sont assez disparates, mais la tendance est plutôt aux séries courtes, à diminuer le nombre d’épisodes, entre six et huit désormais, par rapport aux grandes séries beaucoup plus longues qu’on a connues il y a quelques années. Maintenant, se pose presque la question de la frontière de plus en plus floue entre la mini-série et la série.

Quid des budgets ?
C’est assez lié à la capacité de production de chaque pays. En Europe, il y a une grande différence entre l’Est et l’Ouest en termes de budgets, à qualité parfois équivalente d’ailleurs, mais c’est plus cher par exemple de tourner en Allemagne, en France ou en Italie. Cependant, il n’y a pas eu d’évolution majeure sur ce plan depuis la dernière édition.

De nombreuses sociétés de production cinématographique investissent désormais le territoire de la série. Est-ce que cela change les contenus ?
C’est une vraie richesse en Europe car il y a un réservoir de savoir-faire très important dans le cinéma et quand ces professionnels passent à la série, ils apportent une certaine qualité, de l’esthétique dans la réalisation, mais aussi de la complexité dans les scénarios et dans l’approche artistique. Je pense que la montée en qualité artistique des séries européennes est due en partie à cette migration des talents, producteurs, scénaristes, réalisateurs, qui viennent du cinéma. Nous organisons d’ailleurs un débat au Forum autour de cette question d’actualité que nous allons creuser en partenariat avec ACE et EAVE, deux associations de producteurs de cinéma dont de plus en plus de membres font justement des séries.

Vous organisez aussi un débat sur le phénomène de concentration (prises de participation, rachats) s’opérant actuellement dans l’industrie. Une bonne chose pour les séries européennes qui disposeront de plus de moyens ou des risques de standardisation pour la créativité ?
C’est un phénomène qu’on ne peut pas nier, mais en fonction de la façon de travailler de chaque groupe, on laisse plus ou moins de liberté créative et artistique. De ce que j’ai pu constater, la grande majorité des producteurs ne s’en plaint pas car il y a quand même un certain nombre de bonnes pratiques qui permettent une forme de liberté, et cela offre sans doute une solidité industrielle et financière. Il faut néanmoins faire attention et préserver l’indépendance de la création et le rôle de producteur indépendant. En tant qu’événement, nous n’avons pas de position arrêtée sur la question : nous essayons de donner la parole à tout le monde et de confronter les points de vue. Je pense qu’il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants, mais des façons de travailler différentes.

Que vous inspire le succès mondial de la série sud-coréenne Squid Game qui incarne l’art de la production de ce pays à rencontrer le grand public avec un mélange de réalisme et de "trash", un genre souvent cantonné à des diffusion de niche dans d’autres pays, en particulier européens ?
Quand se produit une "success story" pareille, cela a le mérite de parfois briser un peu des tabous et des réticences. Maintenant, il y aura certainement moins de frilosité peut-être à prendre des risques pour se lancer dans des projets qui auparavant pouvaient paraître un peu audacieux. Mais c’est encore une fois le reflet de la vitalité de la série et une forme de liberté aussi qui s’y épanouit et qui permet parfois de telles surprises. Il y aussi des projets audacieux en Europe et espérons que les diffuseurs prendront le risque de les accompagner.

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