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TRIBECA 2022

Signe Baumane • Réalisatrice de My Love Affair With Marriage

“J’aime bien le crowdfunding parce que ça rend le parcours de réalisation d’un film d’animation sur sept ans moins solitaire”

par 

- La réalisatrice lettone nous parle de son nouveau film, qui propose un examen de la rebellion féminine mis en scène comme une comédie musicale d’animation

Signe Baumane • Réalisatrice de My Love Affair With Marriage

Après Rocks in My Pockets [+lire aussi :
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(2014), qui traitait du sujet de la santé mentale, My Love Affair With Marriage [+lire aussi :
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, le nouveau film de l'animatrice letonne établie Signe Baumane, scrute l’identité féminine et l’amour dans un travail qui mélange humour, introspection et science. Nous l'avons interrogée sur son film, dans la foulée de sa première mondiale à Tribeca puis sa première européenne à Annecy.

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Cineuropa: Votre travail a toujours été intensément personnel et biographique. Dans quelle mesure ce que vit le personnage principal, Zelma, se rapproche-t-il de votre expérience, et qu’est-ce qui vous a inspiré ce film ?
Signe Baumane :
My Love Affair With Marriage n’est pas un documentaire, quoique le film contienne beaucoup d’éléments autobiographiques. L’étincelle, l’inspiration d’où est né ce projet est venue de mon désir de raconter l’histoire de mon deuxième mariage, avec un homme se décrivant lui-même comme quelqu'un qui aime subvertir les normes de genres, animateur également. C’était une histoire très dramatique mettant face à face Est et Ouest, mais quand j’ai commencé à réfléchir sur la raison pour laquelle on a voulu se marier, l’histoire a enflé, au-delà de ce que j’allais initialement écrire.

Qu’est-ce qui vous a amenée à ajouter des éléments musicaux ?
Un des thèmes du film est la manière dont la culture nous influence et modèle notre nature même. Le facteur prépondérant influant sur la manière dont une jeune personne forme sa notion de ce qu’est l’amour et de comment il faut l’aborder, c'est les chansons pop. De fait, assez tôt en écrivant le scénario, trois personnages chantants à forme changeante (des "sirènes mythologiques") ont fait irruption sur le papier et sont devenus une partie essentielle de l’histoire. J’adore travailler avec le compositeur Kristian Sensini. Nous avons collaboré sur mon film précédent et je savais que je voulais retravailler avec lui. À travers son travail (chansons et musique) sur My Love Affair With Marriage, Kristian montre vraiment que son talent ne connaît pas de limites.

Qu’est-ce qui vous a attirée chez Dagmara Domińczyk, qui fait la voix de Zelma ?
Avant toute chose, Dagmara est immensément talentueuse – comme comédienne, elle peut tout faire –, mais ce qui m’a vraiment tirée vers elle, ce sont ses origines polonaises. Avec elle, je savais que je n’aurais pas à expliquer les personnages ou leur environnement, ce qui nous épargnait du temps et des efforts que nous pouvions ainsi dédier à creuser les nuances du parcours de Zelma. Dagmara a aussi un incroyable instinct pour la comédie et un sens de l’humour noir, en somme une manière vraiment est-européenne d'observer le chaos de la vie, autour de nous. Je lui suis vraiment reconnaissante d'avoir accepté de participer au projet. Sans elle, le film n'aurait pas été le même. Il repose sur ses épaules.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les différents styles qu’on voit tout au long du film ? Par exemple, vous jouez du contraste entre les décors en 3D, les personnages en 2D et les séquences "scientifiques".
Tous ces styles différents représentent quatre mondes différents. Le monde dans lequel se déploie la vie de Zelma est représenté par des décors concrets en 3D, photographiés en stop motion avec des personnages animés en 2D par-dessus. L'univers imaginaire de Zelma est rendu par des des dessins plats et des décors plats et colorés ; ça lui permet de digérer les événements qui se déroulent autour d’elle. Le monde de la biologie est animé par un autre animateur, Yajun Shi, dans un style différent, afin de souligner que ce monde, aussi omniprésent et puissant qu'il soit, n’est pas visible à l’œil humain non-averti. Le monde politique (celui des cartes), est animé via une appli qui s'appelle GeoMaps, qui montre l'évolution de la compréhension qu'a Zelma du monde et de la manière dont il se rapporte à ses expériences antérieures.

Vous avez recouru au financement participatif pour une partie du film. Est-il très important pour vous de rester indépendante ?
Pour moi, être cinéaste indépendante signifie que j’ai toute la liberté créative nécessaire pour matérialiser ma vision et mes élans créatifs. Je travaille de manière intuitive, très souvent sans storyboard, donc les gens qui soutiennent mes projets doivent avoir pleinement confiance en mes capacités. Être indépendant signifie aussi travailler avec des budgets réduits au minimum et dans une certaine incertitude financière, ce qui peut être anxiogène. Cela dit, j’apprécie le crowdfunding, parce que ça rend le parcours de réalisation d’un film d’animation sur sept ans moins solitaire.

Au fil des années qu’il vous a fallu pour faire ce film, les thèmes qu'il aborde sont devenus encore plus clefs. Est-ce que ça vous a surpris de constater à quel point le film fait écho à ce qui se passe aujourd’hui ?
Oui. Ça me stupéfait, et pas en bien. En 2015, quand j’ai commencé à travailler sur le scénario, je pensais que nous allions, aux États-Unis, avoir une femme-présidente et je craignais que les sujets au coeur de mon film perdent toute leur pertinence. Ça me fait peine de me rendre compte à quel point j’avais tort, de voir que le film et les thèmes dont il traite sont encore plus pertinents aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 2015.

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(Traduit de l'anglais)

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