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NIFFF 2022

Ludovic et Zoran Boukherma • Réalisateurs de L’année du requin

"Dès que nous avons commencé à écrire des films nous nous sommes rendu compte que tout nous ramenait aux lieux de notre enfance"

par 

- Les réalisateurs français nous dévoilent les coulisses de leur troisième long métrage, et nous parlent de leur passion pour le cinéma de genre

Ludovic et Zoran Boukherma • Réalisateurs de L’année du requin

De passage au NIFFF pour la première mondiale de leur troisième long métrage, L’année du requin [+lire aussi :
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, Ludovic et Zoran Boukherma nous parlent de la France qu’ils ont connu enfants et adolescents et de leur passion pour le cinéma de genre.

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et son loup garou vous choisissez cette fois-ci un requin tueur, d’où vient votre passion pour le cinéma de genre ?
Ludovic et Zoran Boukherma : Le cinéma de genre nous accompagne depuis l’enfance. Nous avons grandi bercés par les histoires de Stephen King que notre mère nous lisait, en regardant Carrie, The Shining, Misery mais aussi la série des Contes de la crypte. Quand nous avons commencé à faire des films nous avons un peu mis ces références de côté. Après notre premier long métrage, Willy 1er [+lire aussi :
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(ACID) nous avons eu envie de revenir à cet univers-là. Nous avons donc commencé à écrire L’année du requin mais côté scénario nous ne savions pas bien sous quel angle l’approcher. À cette époque en France l’actualité était chargée d’histoires sur la radicalisation, les attentats etc. C’est dans ce contexte là que nous avons eu l’idée d’écrire Teddy (sélection officielle Cannes 2020), un film qui nous semblait en phase avec les inquiétudes du moment. Après Teddy il y a eu le Covid et le confinement, du coup nous avons repris en main le scénario de L’année du requin. Nous tenions notre angle d’attaque, nous avions l’impression que c’était une façon un peu détournée de parler du Covid et de ce qui se passait dans le monde, ce sentiment d’enfermement et de colère. Notre requin était en quelque sorte la clé d’accès pour parler du quotidien qu’on vivait, de la pandémie etc. Le monstre est un peu un prétexte pour parler de la société dans laquelle on vit.

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Quelles sont vos références cinématographiques (cinéma de genre mais pas seulement) ?
Nous avons vu beaucoup de films différents et c’est pour ça que nous faisons des films qu’on pourrait qualifier d’hybrides ou de bizarres. Nous aimons autant Bruno Dumont que Wes Craven ou John Carpenter. Cela dit, nous essayons de ne pas trop nous inspirer des autres et de faire notre propre cinéma. C’est magnifique d’arriver à trouver sa propre voie. On a beaucoup cité Les dents de la mer comme référence de notre film mais notre idée n’a jamais été celle de refaire ce film, une référence monstrueusement écrasante. Nous volions simplement voir ce qu’on pouvait faire comme film de requins avec notre sensibilité et notre style.

Dans L’année du requin vous mettez en scène une France que l’on pourrait définir comme "populaire", une sorte d’anti cliché parisien, pourquoi ce choix ?
C’est la France dans laquelle on a grandi, c’est la réalité de l’écrasante majorité des français. On emploie souvent le terme de "France des invisibles" comme si ces gens-là étaient invisibles mais nous en grandissant nous ne voyons que ces gens-là. Nous nous sommes beaucoup ennuyés dans le Sud-Ouest où on a grandi et nous avons fui pour aller à Paris où on a fait nos études etc. Dès que nous avons commencé à écrire des films nous nous sommes pourtant rendu compte que tout nous ramenait aux lieux de notre enfance. Chaque fois que nous imaginons un univers de fiction nous revenons assez naturellement au milieu des classes populaires du Sud-Ouest, celui de nos amis, de nos parents. Ce qui nous intéresse dans les films de monstres est de reprendre les figures du cinéma américain que nous avons aimé gamins et de les ancrer dans le Sud-Ouest. On veut créer une sorte de choc, une confrontation entre ces deux univers très antithétiques. Ce choc est aussi un très bon vecteur de comédie.

Comment avez-vous choisi vos acteurs.trices, notamment ceux.celles non professionnels.les ?
Nous avons cherché nos "acteurs.trices" dans le Sud-Ouest avec un directeur de casting qui a rencontré beaucoup de monde. Il nous montrait par la suite les vidéos des gens qu’il trouvait intéressants. La seule consigne que nous lui avons donnée était de rencontrer des gens qui n’avaient jamais joué la comédie. C’est notamment comme ça que nous avons trouvé l’acteur (époustouflant) qui joue le directeur du parc aquatique. Il y a un truc assez extraordinaire qui se passe avec les comédiens non professionnels parce qu’ils sont toujours très proches de la vie réelle. Nous aimons confronter les acteurs professionnels et non professionnels, un peu comme le requin qui nage dans la mer su Sud-Ouest. C’est ce décalage qui nous intéresse, ces deux univers qui s’entrechoquent.

Comment travaillez-vous sur vos films en tant que binôme ?
Nous sommes frères jumeaux, nous avons grandi en regardant les mêmes films et en ayant exactement les mêmes références. Nous nous sommes vite rendu compte que l’écriture à deux était beaucoup plus facile que l’écriture en solo. Nous avons beaucoup d’amis qui écrivent seuls et qui cherchent leur co-auteur idéal. Pour nous ça s’est fait naturellement parce ce que nous nous comprenons tout de suite. Nous imaginons par exemple assez automatiquement les mêmes décors. C’est beaucoup de pression pour nous de tourner un film et le fait de partager ces émotions avec quelqu’un d’autre ça permet d’alléger la tension. Nous ne nous partageons pas les tâches, nous travaillons véritablement ensemble : de l’écriture jusqu’au montage.

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