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VENISE 2022 Semaine internationale de la critique

Florent Gouëlou • Réalisateur de Trois nuits par semaine

"Je voulais rendre hommage à toutes les drag queens"

par 

- VENISE 2022 : Avec cette rom-com sur les drag queens, le Français donne au Lido des airs de fête

Florent Gouëlou • Réalisateur de Trois nuits par semaine

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interview : Florent Gouëlou
fiche film
]
, un garçon rencontre une fille, mais ensuite le même garçon rencontre une drag queen. En adoptant la gentillesse d'une comédie romantique, les paillettes du monde du drag et une petite dose d’obscurité, Florent Gouëlou nous livre un des films qui a le plus enchanté le public de la Mostra de Venise, où il a été dévoilé dans le volet hors-compétition de la Semaine internationale de la critique.

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Cineuropa : C'est étonnant de voir ce film à la Semaine internationale de la critique. C’est un titre tellement plaisant pour le public, et qui ne s'en cache pas. Votre intention était-elle de faire un film qui pourrait avoir une vie en dehors du circuit des festivals ?
Florent Gouëlou : Je ne pensais pas à la manière dont j'allais le "vendre", mais je voulais bel et bien faire un film porteur de joie, une véritable comédie romantique. Je voulais qu’il soit accessible, qu'il offre aux gens un moment de joie et de bonheur. C’était mon désir le plus sincère.

Il y a beaucoup de joie ici, mais vous la combinez avec des moments où on voit les difficultés qu'affrontent les personnages.
J’ai travaillé avec une scénariste, Raphaëlle Valbrune-Desplechin, et elle m’a encouragé à ancrer le film dans le réel, pas juste à raconter une histoire qui se passe dans une bulle où tout est facile et où tout le monde accepte l'art du drag ainsi que l’homosexualité. C’est pour cela qu’il y a des confrontations dans le film : il y a une rixe avec des camionneurs, une queen est attaquée dans la rue... Je voulais montrer que ce n’est pas si facile que ça, pour elles, d’être libres.

Cette histoire d’amour est intéressante parce qu'au début, ils ne savent pas ce qu'il se passe. Il y a une fascination qui semble n'avoir aucun sens, mais qui est indéniable.
Je voulais montrer la manière moderne d’aimer. Pour moi, elle a à voir avec l'acceptation de son désir, même si on est surpris par lui. Baptiste tombe amoureux de Cookie Kunty alors qu'il sait déjà que Cookie est une fiction. C’est un personnage de bande dessinée, mais il y a un véritable être humain derrière. Quand il le rencontre, il tombe aussi amoureux de lui. Un autre aspect moderne de cette histoire peut être trouvé en Samia, sa petite amie, qui a beaucoup de sagesse et qui est capable de lui demander : "Qu’est-ce que tu veux, vraiment ?"

C’est la confrontation la plus mature que j’aie vue depuis un moment. Ils ne réagissent pas comme des stéréotypes : ils réagissent comme des gens qui ont partagé quelque chose d’important.
Quand Samia chante une chanson à Baptiste, c’est sa manière de reconnaître la longue histoire d’amour qu'ils ont vécu. Je voulais rendre hommage aux gens que j’ai aimés dans ma vie privée. Je me sens aussi une certaine responsabilité quand j'écris mes personnages, notamment les femmes. Il n’y en a pas tant que ça dans le film, j’étais conscient de ça, alors il fallait que j’en prenne bien soin.

Avec quelqu’un comme Cookie, il y a dilemme : par qui suis-je vraiment attiré ? Le type sans le maquillage ou la star qui monte sur scène ?
J'ai ressenti ça quand j’ai rencontré des drag queens. On reste soi-même, bien sûr, mais la voix et la manière dont on évolue changent. Quand on est dans le public et qu’on connaît quelqu’un en drag et hors-scène, il n'est pas toujours évident de connecter les deux. Maintenant que je suis moi-même drag queen, je vois bien les difficultés qu'il y a à cohabiter avec son alter ego.

Quel est votre nom de drag?
Javel Habibi.

Mais vous êtes dans le film ! Et vous êtes magnifique, soit dit en passant.
Il fallait que j’aie un petit rôle. Je me suis donné une scène qui ne pouvait pas être coupée [rires]. Je fais ça depuis quelques années maintenant, et je me suis tout simplement dit qu'il serait plus simple d’aborder le sujet en parlant d’amour. Parce que c’est un triangle amoureux : il y a trois personnes dans cette relation. Baptiste et Quentin se rencontrent grâce à Cookie, mais elle se pose aussi en obstacle.

Leurs performances représentent une grande partie du film. Certaines sont assez humoristiques, comme celle avec la baguette de pain géante.
Il fallait que ce soit drôle, le film devait être drôle. Quelquefois, quand on veut émouvoir les gens, il faut d’abord les faire rire. En procédant ainsi, après, on peut aller en plus en profondeur. Chacune de ces performances devait avoir une raison d'être dans le film. La première fois que Cookie monte sur scène, c’est pour montrer que c'est une formidable artiste, et Baptiste tombe amoureux de ça aussi. Quand ils vont danser, c’est une expérience qui le libère. Par ailleurs, je voulais vraiment rendre hommage aux nombreux visages du drag : il y a le stand up, le lip-sync, la scène des bars. Je voulais vous offrir une expérience complète de notre art.

Quand ils se rencontrent, il y a une délicieuse scène de séduction qui semble tout droit sortie d’un vieux film. Que recherchiez-vous en faisant ce choix ?
Parfois, Cookie est la blonde chez Hitchcock. Elle peut être tellement Hollywood à l'ancienne, mais ce que j’aime, quand je filme des drag queens, c’est qu’on peut facilement changer de genre : ça peut être du réalisme social et puis tout d’un coup, c’était un film noir. Je voulais jouer avec les codes de comédie romantique, où on a toujours le moment de la rencontre. Notting Hill a été une source d'inspiration à cet égard. J'aime vraiment la combinaison du réalisme cru du centre de tests VIH et de cette queen, qui y amène tout son côté glamour. Il ne s’attendait pas à la rencontrer là. Elle est comme la licorne dans Harry Potter, qui sort tout droit de la Forêt interdite.

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(Traduit de l'anglais)

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