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VENISE 2022 Semaine internationale de la critique

Philippe Petit • Réalisateur de Tant que le soleil frappe

"Une prise de conscience sur la nécessité d’avoir du végétal autour de nous"

par 

- VENISE 2022 : Le cinéaste français repéré avec des œuvres réalisées hors système parle de son premier et très attachant long métrage

Philippe Petit • Réalisateur de Tant que le soleil frappe
(© Walter Olavran)

Dévoilé à la 37e Semaine internationale de la critique de la 79e Mostra de Venise, Tant que le soleil frappe [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Philippe Petit
fiche film
]
, qui compte Swann Arlaud en tête d’affiche, est le premier long officiel du Français Philippe Petit, repéré avec les œuvres réalisées hors système Insouciants et Danger Dave (San Sebastian 2014 au programme Savage Cinema).

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Cineuropa : Il est très rare de voir un personnage de paysagiste protagoniste d’une fiction cinématographique. D’où est venue cette idée ?
Philippe Petit : À l’époque où je préparais les concours des écoles de cinéma, j’ai fait une licence de géographie et travaillé dans un cabinet d’études d’impact sur l’environnement. C’est là que j’ai découvert la nature observée par les ingénieurs sous différents angles et que j’ai eu l’idée d’un personnage de film évoluant dans ce milieu. Je suis d’abord passé par les questions de l’arbre, de la mobilité, etc., mais je n’ai pas réussi à financer le projet. Quelques années plus tard, j’y suis revenu, cette fois autour du sujet de l’architecture et de l’incorporation du végétal en ville. Avec Tant que le soleil frappe, j’ai eu envie de rendre compte de ce qu’est mener un travail, un combat, un projet, à la quarantaine, dans la société contemporaine. Là ont resurgi l’idée du paysagiste et la question de ce que devient le végétal aujourd’hui en ville, comment on remodèle les parcelles végétales urbaines. C’est un sujet actuel important et il y a une prise de conscience sur la nécessité d’avoir du végétal autour de nous.

La question de l’ouverture est au cœur du film. Max veut créer un jardin ouvert, il y a certes des obstacles, mais pas de "méchants" au sens habituel du terme. Comment vouliez retranscrire cet état d’esprit ?
C’est un film un peu en soustraction. Ces zones ouvertes n’existent que dans les très grands parcs, type Central Park ou Vincennes qui sont quasiment des forêts. En France, les jardins sont entourés de grilles, il n’y a pas cette culture du lieu ouvert au passage, on est dans une mentalité plus renfermée. Au départ, je devais d’abord tourner à Rome, mais avec la Covid, ça n’a pas été possible. Je me suis demandé quelle autre ville pouvait avoir ce foisonnement méditerranéen. En France, c’était Marseille où nous avons trouvé ce que l’on appelle une parcelle de terre "délaissée". Avec le personnage de Max et son désir d’ouvrir les possibles et de soustraire les clôtures, j’ai voulu aller à l’encontre d’un type de cinéma qui ajoute de l’addictif à de l’addictif. C’est donc un film assez simple, un peu en suspens, avec des nœuds narratifs relativement ténus. Tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir, et l’architecte qui pourrait sembler à priori un "méchant" propose même du travail à Max, une vraie chance, une carrière. Simplement, ce sont des projets de terrasses végétales pour des hôtels, et non des jardins ouverts. J’ai également enlevé des scènes de luttes sociales, des rencontres à la mairie, etc., pour éviter les clichés. J’avais envie que le combat soit plus aérien et plus porté par cette musique un peu atmosphérique que j’ai saupoudrée dans le film.

Quelles étaient vos principales intensions visuelles ?
Je voulais une image contrastée, éviter le rendu laiteux de certaines caméras, et j’ai tourné avec une RED et des optiques un peu anciennes. Quant à la mise en scène, il fallait que ce soit à la fois sobre et instinctif pour restituer la nervosité de Max. De toutes façons, j’avais très peu de jours de tournage, donc la rapidité s’imposait. On vit cette histoire à travers le prisme de Max car c’est un portrait et il ne fallait pas que l’image prenne le pas sur le récit.

Avant ce film, vous en avez réalisé deux autres hors système, non agréés. Comme le personnage de Max, êtes-vous une sorte d’outsider, de guérillero idéaliste dans l’industrie ?
Ma vision du cinéma, c’est Cassavetes qui disait que le mieux, c’est de parler de ce que l’on connait et de ce qu’il y a autour de nous. Donc je parle de ma famille, de mes amis, de moi, et ce film est la rencontre entre tout cela et le sujet du végétal. Il y a quelques années, j’ai raté l’avance sur recettes du CNC et j’ai dû jeter à la poubelle trois ou quatre ans d’écriture. Cela m’a rendu dingue d’autant plus que ce n’était pas la première fois. Avec Tant que le soleil frappe, j’ai voulu parler de combat qui est aussi celui d’amis architectes ou autres qui, à la quarantaine, commencent à se poser des questions : c’est dur, ne faut-il pas mieux faire autre chose ? De quoi demain sera t-il fait ? L’avenir n’est pas du tout rassurant, tout particulièrement quand on a des enfants.

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