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France / Belgique

Jean Libon et Yves Hinant • Réalisateurs de Poulet Frites

"Le temps et la confiance sont des éléments clés pour capter le réel"

par 

- Rencontre avec les réalisateurs belges 5 ans après le succès de Ni juge ni soumise à propos de leur dernier film, qui sort demain en Belgique

Jean Libon et Yves Hinant • Réalisateurs de Poulet Frites
Jean Libon (à gauche) et Yves Hinant (à droite) (© Cédric Gerbehaye)

Rencontre avec les réalisateurs belges Jean Libon et Yves Hinant, à propos de leur dernier film, Poulet Frites [+lire aussi :
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, qui sort en Belgique ce 19 novembre avec Apollo Films, qui l'a aussi sorti en France le 28 septembre. Ils reviennent 5 ans après le succès de Ni juge ni soumise [+lire aussi :
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interview : Jean Libon et Yves Hinant
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avec une nouvelle émanation de Strip-tease en mode polar, variation un trio fertile de cinéma : le policier, le juge et l’assassin.

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Cineuropa : Pourquoi avoir choisi de retravailler une matière filmique pré-existante pour en faire un nouveau film ?
Yves Hinant :
Alors que nous sortions à peine du premier confinement, nos producteurs nous ont proposé d’imaginer un nouveau film, suite au succès de Ni juge ni soumise. A cette époque-là, il ne semblait pas possible de tourner un documentaire, alors que tout le monde était masqué. Jean a repensé à ce film, fait il y a une vingtaine d’années, qui n’était pas complètement abouti. On s’est dit qu’on pouvait le reprendre, et en faire un vrai polar. J’ai retrouvé assez miraculeusement tous les rushes de l’époque, et Jean s’est mis au montage pendant 4 mois, moi.

Comment aviez-vous choisi le cadre et les personnages à l’époque ?
Jean Libon :
Je me souviens avoir dit à Yves : "Et si on faisait un vrai polar ?" Il s’est alors mis en chasse, mais ça a pris près de deux ans juste pour avoir les autorisations de l’institution. Ensuite on a fait un casting pour trouver la juge et le flic, ça a pris encore un an, et puis les essais, ça a pris un an aussi. Ça a pris beaucoup de temps en fait. On avait nos personnages, mais il ne se passait rien. Un lundi, Yves arrive au bureau, décomposé, en mode "J’en peux plus, rien ne fonctionne". Et je lui dis : "Allez, encore une semaine". Trois jours après, on avait notre cadavre, et c’était parti. Mais je dois dire qu’on en était presque arrivés au point où je me disais : "Bon, ben on va trouver notre cadavre nous-mêmes".

A l’origine, c’était une série de 3x50mn, mais il y avait vraiment moyen de faire un truc plus serré, sous forme de polar. On a choisi de le faire en noir et blanc. Un film noir, forcément, ça peut pas être en couleurs. Quand je vois la gueule de notre flic, Jean-Michel, en noir et blanc bien contrasté sur un écran de 50 mètres carrés, ça a quand même une autre allure. Ce sont d’autre émotions.

Quel dispositif mettez-vous en place sur le tournage ?
Y.H. :
Même si c’est du réel, on l’organise un peu. J’ai fait un casting pour les policiers, et j’ai fini par trouver Jean-Michel. J’avais une autre juge en tête, mais qui a été nommée à la Cour européenne de justice, et c’est elle qui m’a renvoyé vers Anne Gruwez. Je l’avais déjà repérée, d’ailleurs j’allais souvent voir ce qui se passait dans son bureau. J’avais là un formidable duo. On a fait en sorte qu’ils soient de garde ensemble. Et on a attendu, un an. On était trois, un caméraman, un preneur de son et moi. Jusqu’à ce qu’on ait notre cadavre, et notre assassin. Enfin, notre suspect. Quand j’ai rencontré Alain, un type que tout accuse, j’ai été surpris qu’il accepte qu’on le filme. On avait le sentiment que malgré l’apparente évidence, une sorte de doute subsistait.

Ce que le film fait ressortir, c’est qu’on est très loin de l’expertise scientifique, et très proche de l’étude de caractère.
J.L. :
Moi les expertises je m’en fous. A la limite, je me fous de savoir qui est coupable. Je n’aime pas spécialement les thrillers, je préfère les polars, où finalement on se moque de l’identité du coupable. Les seules choses qui comptent, ce sont le sexe, le pognon, le pouvoir, on mélange tout ça, et on a un bon polar.

L’un des marqueurs du format, c’est l’humour. Est-ce qu’il est déjà là sur le plateau ?
Y.H. :
J’ai passé des heures à la cafétéria avec les policiers, et on y rit beaucoup. Quand je vois des films policiers français sans aucun humour, je ne comprends pas. Ces gens vivent une telle violence. Ils ont besoin des blagues pour décompresser. Sans humour, ce n’est pas le réel. Même notre suspect fait des blagues.

Le facteur temps est crucial sur le plateau et dans la salle de montage ?
J.L. : Les choses ne se passent qu’une fois, et il faut être là, et prêt. J’ai toujours dit à mes cameramen : tu filmes tes pieds en attendant, je m’en fous, mais au moment où ça se passe, tu cadres ! Ça prend du temps mais c’est assez simple. Après, le montage, c’est de la technique.

Y.H. : Moi sur le plateau, je suis plutôt régisseur que réalisateur. Je ne suis pas forcément sur la scène, souvent c’est exigu, ou tendu, et le cameraman et le preneur de son savent très bien ce qu’ils doivent faire. Le plus important, c’est de préparer ce qui va arriver, d’avoir bien repéré les personnages, de connaître les gens, de les respecter. D’avoir leur confiance.

J.L. : Le temps, c’est l’élément clé. Je dis toujours que le film est d’autant plus réussi que la poubelle est bien remplie. Il faut jeter, jeter, jeter. Mais c’est un peu compliqué à faire comprendre aux financiers.

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