26/10/2022 - La productrice française, des Films des Tournelles, parle du projet espagnol, réalisé par Guillermo García López, à l'occasion des Cinemed Meetings

(© C. Cabrol)

Pilotée par Anne-Dominique Toussaint, la société parisienne de production Les Films des Tournelles est présente au 44e Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier où elle pitche à la Bourse d’aide au développement des Cinemed Meetings (lire la news) le projet Ville sans sommeil (Ciudad sin sueño) qui sera le premier long de fiction de l’Espagnol Guillermo García López, multiprimé avec Délicate balance [+lire aussi :
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fiche film] (entre autres Goya 2017 du documentaire).

Cineuropa : Comment avez-vous découvert le projet de Guillermo García López et qu’est-ce qui vous a donné envie de l’accompagner ?
Anne-Dominique Toussaint : L’année précédant la pandémie, j’ai été juré de la Cinéfondation qui donne un prix tous les six mois à l’un ou l’une des ses résident(e)s. J’ai été immédiatement séduite par ce projet. Ce qui m’a plu d’emblée, avant même de rencontrer le réalisateur, c’est ce mélange entre documentaire et fiction. Car c’est un vrai projet de fiction, mais ancré dans un endroit extrêmement particulier, la Cañada Real, un immense bidonville rassemblant plus de 8000 personnes dans la banlieue de Madrid. Dans ce lieu qui ne peut être que réel et absolument pas reconstitué, les habitants seront les personnages du film, interprétant non pas leurs propres vies, mais une histoire écrite par Guillermo. Ce qui m’intéresse aussi, c’est que la Cañada Real est très proche d’une grande capitale européenne, ce que je trouve terriblement fascinant. Guillermo est allé là-bas un très grand nombre de fois, il y a créé une école, des ateliers, afin de tisser du lien avec les habitants : la démarche est passionnante et j’ai eu envie de participer à ce film. Tout sera tourné sur place et l’intrigue tournera autour des problématiques que vivent réellement les habitants. La production majoritaire devra évidemment être espagnole car cela sera tourné en Espagne et en espagnol, mais j’ai très vite fait part de mon envie d’en être. La production est donc pilotée avec Marisa Fernández Armenteros pour Buena Pinta Media (qui vient d’enregistrer un grand succès avec Cinco lobitos [+lire aussi :
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interview : Alauda Ruiz de Azúa
fiche film] de Alauda Ruiz de Azúa) avec Manuel Calvo pour Encanta Films. Du côté français, comme Guillermo vient de tourner à Cañada Real un court métrage, une sorte d’expérimentation avant le long, qui été produit par Les Valseurs, j’ai trouvé cela logique de continuer avec eux.

Quelle est l’histoire de Ville sans sommeil ?
Le film sera centré sur Ramon, un jeune Rom de 13 ans, qui a toujours vécu avec sa famille à la Cañada Real. Avec son meilleur ami Saïd, ils filment le monde qui les entoure sur le téléphone portable qu’ils partagent. Un jour, Saïd annonce à Ramon qu’il retourne au Maroc avec sa famille. Ramon, lui, apprend que sa maison va être démolie et pour la première fois, il entraperçoit une chance de quitter la Cañada, dévoilant son désir caché de vivre une vie différente de celle de ses parents qui vont tout faire pour empêcher l’expulsion.

À quel stade en est le projet ?
Il y a une première version du scénario, mais le fait que Guillermo retourne tout le temps à la Cañada Real, qu’il y travaille et qu’il y ait tourné ce court métrage modifie beaucoup l’écriture. Il doit maintenant affiner car c’est très important de prendre tout le temps nécessaire au développement. Souvent, on se dit "c’est bon, on a une histoire, on y va", mais là, je pense que cela vaut vraiment la peine d’insister quelques mois encore en développement pour arriver à un scénario parfaitement abouti à présenter en financement.

Quel est le reste de l’actualité des Films des Tournelles ?
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fiche film] de Louis Garrel est une incroyable satisfaction. Le film a enchaîné Cannes, Angoulême, San Sebastián, l’ouverture du Festival Lumière, Rome, et surtout il marche très bien dans les salles françaises depuis sa sortie le 12 octobre. C’est une surprise que j’espérais, mais une surprise quand même. Ce genre de film inattendu, un petit film indépendant qui d’un seul coup trouve son public, c’est une joie décuplée et je vois que c’est aussi une satisfaction pour mes collègues productrices et producteurs car cela prouve qu’un film d’auteur indépendant peut vraiment susciter l’engouement, réaliser des entrées et déclencher l’amour d’un public de toutes les générations, avec un bouche-à-oreille excellent.

J’ai aussi coproduit Le colibri [+lire aussi :
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interview : Benedetta Porcaroli
fiche film] de l’Italienne Francesca Archibugi qui a fait sa première mondiale à Toronto, l’ouverture du Festival de Rome et qui est premier du box-office italien depuis deux week-ends. En ce moment, je suis une productrice qui marche sur les nuages !

En développement, j’ai d’autres projets en écriture dont il est encore prématuré de parler, avec des cinéastes qui sont des habitués (notamment Philippe Le Guay) mais aussi des nouveaux. Car j’aime faire des premiers films (j’ai produit ceux de Nadine Labaki, Riad Sattouf, Emmanuel Carrère, Rachid Djaïdani, Louis Garrel, etc.) : il y a davantage d’échange artistique, il ne s’agit pas seulement de réunir le financement et de faire en sorte que tout se passe bien. Mais j’aime également produire à l’étranger, en particulier en Europe. Ce qui compte surtout pour moi, c’est la rencontre avec des cinéastes.