email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

GIFF 2022

Anaïs Emery • Directrice générale et artistique, GIFF

"Je pense que le public cherche dans les séries un miroir de notre société"

par 

- Rencontre avec la directrice du festival suisse qui nous parle avec entrain d’un événement à la pointe des innovations proposant une vision inclusive du septième art

Anaïs Emery • Directrice générale et artistique, GIFF

Nous avons pu nous entretenir avec Anaïs Emery, à sa deuxième édition à la tête du GIFF – Geneva International Film Festival (4-13 novembre) qui nous a parlé des défis et des avancées de la création numérique mais aussi de l’amour que le festival genevois porte au septième art.

Cineuropa : Quels sont les temps forts et les nouveautés de la prochaine édition du GIFF ?
Anaïs Emery : C’est ma deuxième édition au GIFF, c’est une étape très importante qui représente une confirmation de stratégies mises en place l’année dernière, une édition très complexe encore marquée par le Covid. Avec mes collègues on poursuit un effort de positionnement du GIFF en tant que festival qui propose une vision inclusive du septième art. Cela se manifeste au travers de ses programmes qui mélangent les différents formats de l’audiovisuel. Le but est celui de montrer dans chaque format les grandes tendances en termes d’innovation narrative, d’alchimie des genres mais aussi de représentation sociale. Il s’agit d’œuvres fortes qui ne sont pas trop formatées. Pour ce qui est des nouveautés, pour la Compétition internationale dédiée aux séries, le public pourra voir comme d’habitude deux épisodes en salle avant de recevoir un lien privatif qui lui permettra de visionner l’entier de la série chez lui. On propose cela de manière expérimentale mais on y croit beaucoup parce qu’on a l’impression que ça correspond aux nouveaux modes de consommation de l’audiovisuel. On veut montrer les séries comme des œuvres qui se déploient sur une saison entière. Pour d’autres séries pour lesquelles ce n’était pas possible de mettre en place ce système, on a tenu à montrer l’intégralité des épisodes sur grand écran. Les séries pour lesquelles on ne propose que deux épisodes sont par contre des séries que le public pourra assez rapidement rattraper sur les plateformes de streaming.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Les séries font encore partie des points forts du GIFF ?
Oui, les séries mais également le cinéma ! On propose des œuvres qui sont très fortes et originales, des oeuvres en lien avec la société qui font vivre au public des expériences uniques. Je pense notamment à des films comme Saint Omer [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Alice Diop
interview : Kayije Kagame
fiche film
]
ou The Whale. Pour ce qui est des oeuvres numériques, une qui se distingue particulièrement est Evolver, produite par les meilleurs talents dans le domaine de la VR (Atlas V et Marshmallow Laser Feast) et du cinéma (Terrence Malick et Pressman Film) et accompagnée par la voix de Cate Blanchett et par une composition musicale absolument classieuse qui voit la participation d’artistes reconnus tels Meredith Monk ou Jonny Greenwood de Radiohead.

La révolution numérique est au cœur du GIFF, quels sont les avantages et les dangers pour le septième art ?
Je pense qu’il n’y a pas de risques pour les gens du cinéma à s’intéresser, à expérimenter avec la création numérique. Les technologies sont encore en transition mais le langage lié à l’immersion, à l’interactivité gagnerait surement à collaborer artistiquement avec les réalisateurs et producteurs de l’audiovisuel classique. Bien évidemment il s’agit d’un phénomène qui est en pleine évolution mais je pense que le risque plus grand serait de ne pas vouloir s’intéresser à cette révolution. Le risque est aussi lié au fait d’avoir une création numérique qui n’est pas prise en main par des personnes qui ont les compétences nécessaires pour raconter des histoires. Il s’agit d’une industrie qui n’est pas encore complètement structurée, surtout en Suisse, c’est en voie de développement mais ça prendra encore du temps. Je pense que toutes ces spécificités, que ce soit le cinéma, les séries ou la création numérique, coexistent au sein d’un même écosystème. Les artistes peuvent choisir tel ou tel autre format selon l’œuvre qu’ils veulent développer. Les barrières qu’on croyait très rigides entre le monde de la TV, des séries et du cinéma sont en train de tomber alors qu’il y a juste dix ans c’était inimaginable.

Ces dernières années les séries suisses se sont imposées grâce à une esthétique très soignée et à des thématiques fortes et actuelles. Quel est selon vous le secret de cette réussite ?
Je pense que les séries représentent un développement artistique très enthousiasmant pour l’audiovisuel local. Les réalisateurs peuvent raconter des histoires plus longues, il y a des processus de travail différents, sans oublier la question de l’écriture qui est au centre du processus créatif du monde des séries. Grace aux séries, les réalisateurs peuvent développer des imaginaires qui se déploient sur de longues périodes. Je pense que le public cherche dans les séries un miroir de notre société, c’est un format qui est en lien, d’une façon directe ou par le biais d’allégories, avec la société. Un bon exemple est la série This England [+lire aussi :
bande-annonce
fiche série
]
de Michael Winterbottom que nous proposerons cette année au GIFF.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy