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SÉVILLE 2022

João Pedro Rodrigues • Réalisateur de Feu follet

“Je voulais faire un long-métrage amusant et court, parce que je trouve que beaucoup de films d’auteurs ces temps-ci sont très longs et très ennuyeux”

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- Le réalisateur portugais nous a parlé de son long-métrage qui, pour être court, est ambitieux et divertissant

João Pedro Rodrigues • Réalisateur de Feu follet
(© Lolo Vasco)

À l’occasion du Festival de Séville, nous avons interviewé le réalisateur portugais João Pedro Rodrigues sur la fantaisie musicale qu'est Feu follet [+lire aussi :
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bande-annonce
interview : João Pedro Rodrigues
fiche film
]
, où un prince portugais décide de devenir pompier. Le film, qui a fait sa première mondiale à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, vient de recevoir le Grand prix du jury (ex aequo) à l’événement espagnol.

Cineuropa : Quel a été le point de départ du projet ? Les feux de forêt, la danse ou les deux ?
João Pedro Rodrigues : J’étais chez le dentiste et d’une certaine manière, ça a été un peu tout ça. Il y avait dans la salle d'attente des magazines people, que je ne lis habituellement jamais. L’un deux contenait un article sur notre "famille royale" – nous n’avons plus vraiment de famille royale maintenant, nous vivons en république depuis 1910, mais les descendants de l’ancien roi continuent d’apparaître dans les magazines people. Je me suis demandé pourquoi. Ces gens n’ont aucune importance ; pourquoi les gens continuent-ils de fantasmer à leur sujet ? Dans le même temps, j’étais aussi intéressé par la question de la manière dont on se représente face aux autres, parce que l’article racontait qu'ils faisaient visiter leur demeure. Ils vivent dans une sorte de palais, et ils le montrent aux gens du commun, même si nous vivons en république. Ils continuent de vivre selon les mêmes stéréotypes dépassés.

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Le film tourne beaucoup autour de cette idée : comment on se représente devant les autres, et ce qu’on est vraiment. Le prince du film est élevé selon les principes d'une éducation rigide, et il découvre le monde des pompiers, qui est plus fou et plus libre, un peu le contraire du sien. Et puis il y a le changement climatique, et les feux de forêt qui ravagent le Portugal et le reste du monde tous les étés – l'article en question mentionnait également que notre prince voulait être pompier.

Je me suis dit que c’était une histoire intéressante, mais comment la raconter autrement qu’à travers une comédie ? C’est tellement improbable. J’ai toujours voulu faire une comédie, et je pense que c’était le bon moment. Le film a été écrit avant le Covid, donc c’était j’ai récrit cet élément à l’intérieur du scénario pendant la pandémie. Nous étions censés tourner en 2020, mais nous avons fini par tourner en novembre 2021.

Le film n'a pas du tout une progression classique. Il surprend constamment, fait des sauts en avant dans le temps. Comment avez-vous travaillé sur l’écriture avant et après la pandémie, et pendant le tournage ?
L’idée de base du film a toujours été de raconter une très longue histoire en un temps très court. Je voulais faire un long-métrage qui soit court et amusant, parce que je trouve que beaucoup de films d’auteurs ces temps-ci sont très longs et très ennuyeux. J’essaie aussi toujours, à chaque film que je fais, de faire quelque chose de différent. J’ai écrit le film avec mon partenaire, João Rui Guerra da Mata (qui est aussi directeur artistique et chef décorateur sur mes films ; nous co-écrivons souvent des films ensemble), et avec Paulo Lopes Graça, un ami à nous qui est diplomate et qui a un sens de l’humour formidable. Tout a été entièrement écrit avant la pandémie.

De mon côté, pendant le confinement, j'ai senti que quand je tournerais le film, ce ne serait pas comme avant la pandémie. Il me semblait difficile de faire un film sur le temps présent (une partie du film se passe dans le présent) sans parler de la pandémie. Je ne comprends pas comment les gens peuvent tourner des films aujourd’hui et faire comme si le monde n’avait pas changé, parce que pour moi, le monde a bel et bien changé. Ça a été un événement tragique, mais il y a aussi eu un moment où nous nous sommes dit que les gouvernants allaient enfin comprendre qu'il était nécessaire que les choses changent. La manière dont nous nous rapportons les uns aux autres a changé, je pense que nous sommes plus distants les uns avec les autres. Et puis finalement, le monde est revenu à… enfin politiquement, c’est n’importe quoi. C’est triste. Mais selon moi, il était important que ce moment spécifique existe dans le film.

Je voulais faire un film qui joue beaucoup avec les ellipses, mais aussi, ce que j’essaie toujours de faire dans mes récits, c'est de choisir les moments de l’intrigue qui la font avancer, or là, comme je n’avais jamais fait de film qui va d'avant en arrière, j'ai aimé l'idée de faire ça. J’ai donc utilisé le procédé très classique du flashback, et aussi le motif du personnage qui, à l'approche de la mort, se souvient de sa vie et de son premier amour. Parce que je pense que ce qui est aussi important, dans le film, c’est l'histoire d’amour. Ce que j’essaie de faire, c’est un conte de fées, mais réel. J’essaie toujours de rendre l’incroyable crédible.

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(Traduit de l'anglais)

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