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ZINEBI 2022

Agnieszka Holland • Réalisatrice

“Maintenant, nous devons être créatifs et courageux pour défendre la présence de vraies oeuvres de cinéma dans les salles”

par 

- La cinéaste polonaise aguerrie et présidente de la European Film Academy vient de recevoir un Mikeldi d’honneur au rendez-vous Zinebi de Bilbao, dédié aux documentaires et aux courts-métrages

Agnieszka Holland • Réalisatrice
(© Zinebi)

À Zinebi, Bilbao, un rendez-vous basque dédié au documentaire et au court-métrage, nous avons eu l’occasion de discuter avec la cinéaste polonaise chevronnée Agnieszka Holland, qui était là pour recevoir un Mikeldi d'honneur en reconnaissance de toute son œuvre et sa contribution au Septième Art. Nous avons discuté de son rôle comme présidente de la European Film Academy et de l’impact actuel de la pandémie, entre autres sujets.

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Cineuropa : Vous avez été élue présidente de la European Film Academy en 2021 et avant cela, vous étiez présidente de son comité de direction. Vous remplacez Wim Wenders, qui a occupé cette position pendant 24 ans. Vous voyez-vous rester longtemps dans ce rôle ?
Agnieszka Holland : J’ai été présidente du comité de direction pendant un certain temps, ce qui impliquait une participation beaucoup plus active au travail de l’académie que le rôle de présidente. La présidence est une fonction honoraire : je n’ai aucune responsabilité réelle ; mon objectif est de servir et promouvoir l'Académie et le cinéma européen. Je me tiens bien sûr disponible à chaque fois qu’il sera nécessaire d'aider le comité de direction et le directeur de l’Académie, et d'intervenir face à une situation de crise. Être présidente du comité était beaucoup plus chronophage et intensif en termes de travail. Je ne resterai certainement pas à la présidence aussi longtemps que Wim. J’aimerais beaucoup transmettre cette mission à la jeune génération.

Qu’est-ce que vous avez ressenti en entrant dans vos nouvelles fonctions, en pleine pandémie ? Est-ce que vous voyez cette date d'arrivée comme un hasard regrettable ou un moment opportun ?
Cette pandémie n'avait rien d'opportun, sauf que j’ai soudainement arrêté de travailler, pendant deux ans, et passé tout ce temps dans ma maison à la campagne. J’ai eu du temps pour penser, pour me reposer et pour profiter de la nature, mais pour ce qui est du cinéma, ça a été un désastre, et ça a généré une crise dont on va devoir se battre encore longtemps pour rattraper les conséquences, j’en ai bien peur. Ça a été difficile aussi pour l'Académie, parce que la partie la plus joyeuse et importante des activités de l’Académie, ce sont les réunions entre les membres et les cinéastes, les discussions que nous avons et les réunions du comité, échanges qui ont tous été suspendus pratiquement pendant deux ans. Aussi, notre outil principal pour promouvoir nos films sont les EFA-European Film Awards, or les cérémonies se sont tenues en ligne au lieu d'avoir lieu en vrai. Ces dix dernières années, quand j’étais plus impliquée dans la vie de l’Académie, c’était toujours une rencontre très joyeuse, vivante et inspirante entre les auteurs de films et la communauté, et ça donnait de former une famille, une famille de réalisateurs européens, ces professionnels du métier qui se soucient du futur du cinéma, et de l’importance de notre message et de notre art. Quand tout ça se passe en ligne… eh bien, nous avons fait de notre mieux, mais bien sûr ce n’est pas la même chose. Et on voit bien les effets de ce manque de communication et de rencontres physiques avec les autres dans la crise de la distribution et du box-office. Donc maintenant, nous devons être très créatifs et courageux dans notre combat pour qu'il y ait du vrai cinéma dans les salles.

Comment voyez-vous l’état du cinéma et de la culture après après cette pandémie ? Sommes-nous en bonne voie pour nous en remettre ?
Je ne sais pas si nous sommes en bonne voie pour nous en remettre, franchement. Je pense que nous devrions travailler beaucoup plus dur que nous ne travaillons actuellement. Je pense que nous sommes un peu paresseux ; nous nous plaignons au lieu de nous battre pour défendre nos valeurs. Quand le public aura l’impression qu’il est important pour nous, nous serons probablement important pour lui.

En mai, vous avez critiqué Cannes pour avoir accueilli la coproduction russe La Femme de Tchaïkovski [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
de Kirill Serebrennikov. C’est difficile, comme décision, quand il y a un vrai talent derrière les films. Pensez-vous que votre position va changer, dans un futur proche, peut-être une fois que la guerre sera terminée ?
Je n’ai rien contre la culture russe, les cinéastes russes ou leurs films. Je pense juste que tant que la guerre fait rage, il n’est pas convenable d'offrir une plateforme aux films russes financés par l’État russe ou les oligarques. Et ces oligarques sont très proches de Poutine : ils sont ses instruments. Ce qui s'est passé avec Kirill Serebrennikov, qui est un homme très talentueux, a prouvé que j’avais raison parce que la chose principale qu’il ait trouvé à dire quand il a obtenu cette plateforme a été de défendre l’oligarque qui a payé ce film, Roman Abramovich. Alors même que toute la nation ukrainienne et nos amis, collègues et cinéastes de ce pays sont en train de souffrir sous les missiles et les bombes, qu'ils sont forcés d'émigrer ou de se battre, ce n’est pas convenable de célébrer la gloire du cinéma russe.

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(Traduit de l'anglais)

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