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BLACK NIGHTS 2022 Compétition

Ciaran Creagh • Réalisateur d'Ann

“Nous voulions être avec Ann et lui donner la parole”

par 

- Le réalisateur irlandais nous explique pourquoi il a voulu porter sur le grand écran l’histoire bouleversante d’Ann Lovett

Ciaran Creagh • Réalisateur d'Ann

Le film dramatique Ann [+lire aussi :
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, de Ciaran Creagh, a participé cette année à la compétition internationale du Festival Black Nights de Tallinn. Nous avons interviewé le réalisateur sur son approche de cette histoire triste mais vraie, qui s’est passée en 1984 et continue d’être pertinente aujourd’hui.

Cineuropa : Vous dites à la fin du film que les parents et les gens de la ville n'ont pas de documents sur ce qui est arrivé à Ann en 1984. Où avez-vous recueilli des informations sur les faits ?
Ciaran Creagh: C’est une histoire très connue en Irlande, même si les parents et les habitants de la ville n'en parlent jamais. Un journaliste s'est penché sur l'affaire, et certains faits sont connus grâce à lui, à ce que les gens lui ont dit. Il y a aussi des documents rédigés par la police et le médecin légiste qui sont accessibles au public. Dans les documents officiels, on peut trouver les témoignages fournis par les locaux à l’époque.

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Comment avez-vous développé le personnage d’Ann ?
Au cours de mes recherches, j’ai découvert que c'était une jeune femme très forte, dans ses positions et ses actes. Elle a eu un petit ami très jeune, à 13 ou 14 ans disons. Elle était très indépendante, ce qui n’était pas la norme à l'époque. Je voulais m’assurer qu'on la dépeindrait bien ainsi. Je ne voulais pas que le film soit une histoire criminelle dont le principe est de retrouver le coupable : l'idée était de creuser à fond pour comprendre qui était la véritable Ann. Je pense qu’elle était une figure à laquelle les femmes d'aujourd'hui peuvent se rapporter ; elles peuvent se rapporter au courage dont elle a fait preuve.

Comment avez-vous trouvé la comédienne Zara Devlin pour le rôle d’Ann ?
Nous avons cherché nos acteurs pendant le confinement, donc après avoir contacté toutes les agences en Irlande, nous avons reçu plusieurs self tapes. On a réduit le choix à une liste de sept filles et finalement, on a choisi Zara – elle est formidable. Dans le film, elle parle très peu et exprime tout par les expressions de son visage.

Pourquoi était-il important pour vous de raconter son histoire ?
Comme je disais, l'histoire est très connue, aussi parce qu'un journaliste a publié plusieurs articles sur l'affaire en 2018. J'avais le sentiment que c’était une histoire qu'il fallait raconter, et j'étais surpris que ce n'ait pas encore été fait. C'est le scénario le plus facile que j’aie jamais écrit. En Irlande, comme dans d’autres pays, nous avons eu des problèmes concernant l'avortement ces dernières années. L’histoire d’Ann revient régulièrement dans ce contexte. Nous avons essayé d’être aussi respectueux que possible, car nous voulions être avec Ann, et lui donner la parole.

La question se pose, en voyant le film : "Pourquoi n’a-t-elle pas demandé de l’aide ?". Alors pourquoi, selon vous ?
C’est une question facile à poser, mais il est impossible d'y répondre. Aujourd’hui, une fille pourrait trouver sur YouTube des instructions étape par étape sur la manière de réagir, mais à l'époque, elle devait aller à la bibliothèque et emprunter un livre. Ainsi, tout le monde dans cette petite ville aurait tout de suite été au courant de sa situation. Je suppose qu’elle aurait pu demander de l’aide, mais la dernière étape était juste trop drastique pour les gens, à cause de la honte et du contexte religieux.

Le personnage du père d’Ann est très important. Comment vous y êtes-vous pris pour le développer ?
Nous voulions être aussi authentiques que possible par rapport à l'idée qu'on avait de la figure de l'homme à l’époque. Le père est charpentier, c'est un type plus introverti et froid que la moyenne. Je l’imaginais assez dogmatique. Il devrait être fidèle à la réalité et dans le contexte de sa famille, et dans celui de la société des années 1980.

Du point de vue de l’Église, cette famille était damnée : Ann n'était pas mariée et sa soeur s'est suicidée.
L’Église faisait la loi en conjonction avec l'État, à l’époque, mais ça a changé maintenant. Avant, quand on avait besoin de conseils, on allait d'abord voir le prêtre. C’est aussi le cas dans le film : au lieu d’appeler d’abord un médecin, ils appellent le prêtre.

Vous utilisez principalement une caméra tenue à l’épaule. Pouvez-vous nous dire pourquoi c’était important pour cette histoire ?
Je savais dès le départ que je voulais obtenir du mouvement grâce à la caméra. Elle devait guider et suivre les personnages pendant tout le film. J’aime quand la caméra donne aux acteurs l’espace dont ils ont besoin. La caméra doit nous aider à nous mettre dans la peau des personnages tout en rendant compte de l'atmosphère de la ville. Je voulais rester authentique par rapport à l’action, et c’est pour cela que nous avons aussi fait de très longs plans.

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(Traduit de l'anglais)

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