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BLACK NIGHTS 2022 Critics’ Picks

Carol Morley • Réalisatrice de Typist Artist Pirate King

“Il était impossible de faire un film ordinaire sur une femme aussi extraordinaire”

par 

- L’artiste britannique Audrey Amiss n’a été reconnue qu’après sa mort, grâce à la réalisatrice Carol Morley, qui lui a dédié un film. Elle a révélé quelques détails intéressants à ce sujet pour nous

Carol Morley • Réalisatrice de Typist Artist Pirate King
(© Sarah Weal)

Nous avons discuté avec la Britannique Carol Morley lors de l’avant-première de son dernier film, Typist Artist Pirate King [+lire aussi :
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interview : Carol Morley
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]
, au programme de la Critic’s Picks du Festival Black Nights de Tallinn. La réalisatrice s’est livrée sur les recherches engagées autour de son personnage principal et sur sa manière de l’aborder, ainsi que sur son travail avec les acteurs.

Cineuropa : C’est à travers vos recherches que vous avez découvert Audrey Amiss artiste. Qu’est-ce qui a attiré votre attention dans ces archives ?
Carol Morley : Tout a commencé lorsque Wellcome, fondation caritative dédiée à la science et à la santé, m’a attribué une bourse de scénariste. Sachant que j’avais mené ces recherches par pure curiosité, c’était un rêve. Et lorsque j’ai commencé à consulter les archives non répertoriées sur l’artiste et ancienne dépressive Audrey Amiss, sur laquelle aucun chercheur ne s’était penché, sa voix était si forte qu’elle semblait m’appeler. J’ai aimé son art, la force de ses idées, son humour et sa manière de voir les choses et de présenter les aspects de sa vie comme un puzzle. Je me souviens avoir eu l’impression obsédante qu’elle me demandait de résoudre ce puzzle et de porter sa vie à l’écran. Et lorsque j’ai ouvert les pages de son ancien passeport et que j’ai lu la mention "Typist Artist Pirate King" (Artiste-dactylographe Roi Pirate) dans la rubrique réservée à sa profession, j'ai su qu'Audrey m'avait offert le titre du film que je lui consacrerais forcément un jour.

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Pourquoi avoir choisi un "biopic" insolite ? Au lieu de baser votre film sur des événements de la vie d'Amiss, vous avez en fait créé un road movie imaginaire dans lequel elle affronte son passé.
Il était impossible de faire un film ordinaire sur une femme aussi extraordinaire. D’un point de vue créatif, il me paraissait pertinent d’aborder les différentes manières dont Audrey décrivait son univers et d’en faire un film. Je n’ai jamais voulu m’emparer de son esprit ou faire un film qui prétendrait voir à travers ses yeux. J’ai au contraire voulu montrer ce qu’elle a laissé derrière elle et l’intégrer dans un portrait complexe. Créer une œuvre imprégnée de sa vision des choses.

Audrey était convaincue que certains des inconnus qu'elle voyait dans sa vie quotidienne appartenaient à son passé. J'ai utilisé cette idée pour qu'au lieu des flashbacks habituels que l’on rencontre dans les biopics, les personnes qu'Audrey rencontre au cours de sa vie représentent celles qu'elle a connues. C’est ainsi que l’on découvre son histoire personnelle. Audrey aimait voyager, et comme elle parlait constamment d'un événement important de son passé, il semblait logique que son histoire se révèle lors d'un voyage en voiture électrique jusqu'à sa ville natale avec son infirmière psychiatrique, Sandra Panza (Kelly Macdonald). Ce voyage semblait être le moyen idéal de présenter les nombreuses idées qu'Audrey avait sur la psychiatrie et de lui offrir la compagnie dont elle avait souvent rêvé dans la vraie vie. Il s'agit d'un élément fictif, mais tous les événements du voyage proviennent d’informations issues de ses journaux intimes, de ses lettres, et de son art.

Ce qui est remarquable dans le film, c’est que vous ne dispensez pas le public des désagréments occasionnés par son mauvais caractère. Était-ce un choix volontaire ?
Audrey a un jour affirmé qu’elle savait pouvoir parfois être difficile à gérer. Il arrivait souvent qu’un magasin la mette dehors parce qu'elle causait des problèmes, et parfois elle en venait aux mains. Mais souvent, c’était la frustration qu’elle ressentait lorsque personne ne croyait ce qu’elle pensait être vrai qui la poussait à agir de la sorte. Il me semblait indispensable d’inclure cette facette-là d’Audrey.

Monica Dolan est une évidence dans le rôle d’Amiss. Avez-vous pensé à elle dès l’écriture du scénario ?
J’avais déjà travaillé avec elle sur The Falling [+lire aussi :
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interview : Carol Morley
fiche film
]
, et la manière avec laquelle elle aborde les rôles m’impressionne. Elle ne décrit pas le personnage, elle l’incarne. Elle est incroyable, et j’ai donc pensé à elle dès le départ. Je savais qu’elle aurait l’énergie, le désir et l’intelligence nécessaires pour donner vie à Audrey. Ce fut également un plaisir de travailler avec l'incroyable Kelly Macdonald, que j'ai choisie pour interpréter l'infirmière psychiatrique d'Audrey. L'alchimie entre ces deux personnages féminins très différents, qui prennent le contrôle de leur propre vie ensemble, est merveilleuse. Et je suis heureux que le tournage ait fait naître une belle amitié entre Monica et Kelly.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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