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IFFR 2023 Bright Future

Andrei Tănase • Réalisateur de Day of the Tiger

“Tourner avec des animaux n’est jamais simple, mais tourner avec des animaux qui peuvent vous tuer en quelques secondes, c’est encore autre chose”

par 

- Le réalisateur roumain nous parle de son premier long-métrage, des personnages forts et d’acteurs qui peuvent avaler un réalisateur en deux temps, trois mouvements

Andrei Tănase • Réalisateur de Day of the Tiger

Chaque année, le cinéma roumain, réputé pour son austérité, nous offre quelques nouvelles voix avant-gardistes. Avec Day of the Tiger [+lire aussi :
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, actuellement à l’affiche de Bright Future à l’IFFR, le jeune réalisateur Andrei Tănase semble déterminé à faire entendre sa voix en parlant d'espoir et d’affranchissement et, qui plus est, avec de vrais tigres. Voici ce que Tănase a à dire sur les personnages forts et les acteurs qui peuvent dominer les réalisateurs en quelques secondes…

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Cineuropa : Vous êtes donc un amoureux des félins…
Andrei Tănase : J’aime les animaux, mais effectivement, j’ai un petit faible pour les chats, grands et petits. Et je dois avouer que je préfère les tigres aux lions. Leur taille est équivalente à leur puissance, mais ils sont pourtant de mystérieux solitaires. Alors que je regardais les informations il y a plus de dix ans de ça, je suis tombé sur l’histoire tragique de la tigresse Mihaela, et j’ai tout de suite su que je lui dédierais un jour un film. En résumé, au cours de l’hiver 2011, une tigresse s’échappe d’un zoo de province suite à la négligence d’un gardien. Elle se promène tranquillement dans les bois environnants et s’aventure même dans un quartier résidentiel avant d’être repérée par les chasseurs missionnés pour le récupérer. Les images de ce cadavre exotique m'ont marqué plus que je ne peux l'exprimer. J'ai voulu réécrire cette tragédie absurde, que l’on aurait pu éviter, et en changer le dénouement. Mais j'ai réalisé que cet animal majestueux, après avoir vécu en captivité dans un zoo de province, a finalement pu profiter de quelques heures de liberté, peut-être pour la toute première fois de sa vie. Il a enfin respiré l'air frais de la forêt. Et j'ai commencé par ça…

Véra, votre héroïne, est-elle une réponse au manque de personnages féminins forts dans le cinéma roumain ?
Je ne pense qu’il y ait un manque de personnages féminins forts dans notre cinéma. Je pense aux héroïnes de 4 mois, 3 semaines and 2 jours [+lire aussi :
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, et j’aurais beaucoup de mal à trouver des personnages masculins aussi puissants que les femmes de ces films. Mais si nous parlons de la dernière décennie, effectivement, je pense que, non seulement le cinéma roumain, mais également le cinéma mondial, a été dépourvu de personnages forts. D'un côté, nous avons les superproductions américaines qui semblent s'adresser à un public d’adolescents. De l’autre, la scène du cinéma d'art et d'essai qui semble s’intéresser davantage aux nouvelles formes d'expression stylistique ou aux sujets du moment. Ces deux approches nuisent à une narration profonde et convaincante, et le spectateur qui souhaite regarder des histoires captivantes peuplées de personnages forts se rend compte qu'il a plus de chances d'y parvenir dans une émission de télévision.

Bien que l’espoir ne soit pas spécifiquement mis en lumière, il semble être un thème important dans votre histoire.
L’espoir et l’affranchissement. Vera et Rihanna vivent en cage. Vera vit dans la cage qu’elle s’est construite à la suite d'une tragédie personnelle. Rongée par la culpabilité et comme anesthésiée, elle s’est éloignée de son mari et est obsédée par un passé qu'elle pense pouvoir encore rectifier, d'une manière ou d'une autre. Les différentes situations auxquelles elle est confrontée au cours du film l'amènent à accepter que nous n’ayons pas vraiment le contrôle sur ce qui nous arrive. Cette acceptation fera naître l'espoir et le pardon.

Vous êtes le seul réalisateur roumain à avoir filmé de grands félins. Pourriez-vous nous en dire plus sur la logistique que cela implique ?
Tourner avec des animaux n'est jamais simple, mais tourner avec des animaux qui peuvent vous tuer en quelques secondes, c’est encore autre chose. Nous avions des règles très strictes, et nous avons travaillé dans des enclos spéciaux dont les barreaux ont été effacés en postproduction. Si Thierry (le Portier) est le maître en matière de dressage et si la précision avec laquelle il a positionné le tigre dans le cadre était vraiment impressionnante, un animal sauvage reste un animal sauvage, et ce genre de collaboration a ses limites. Si le tigre était fatigué ou distrait par quelque chose, peut-être l'odeur d'un autre animal, nous faisions des pauses, et nous interrompions même le tournage ce jour-là.

Quel accueil l'industrie cinématographique roumaine réserve-t-elle aux nouveaux réalisateurs ?
La vie est dure pour les primoartistes dans tous les domaines artistiques, mais dans le cinéma, il y a quelques avantages, car les producteurs, les organismes de financement et les festivals sont toujours à la recherche de "quelque chose de nouveau". Les débutants peuvent bénéficier de fonds spéciaux et des festivals entiers, ou du moins des sections annexes, sont consacrés à leur travail. Mais lorsqu’on débute, la pression est énorme. Vous devez tout donner pour prouver que ce que vous avez à dire mérite d'être entendu, alors qu'un cinéaste déjà reconnu attire l’attention et a moins de difficulté à réunir des ressources.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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