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SUNDANCE 2023 Compétition World Cinema Dramatic

Adura Onashile • Réalisatrice de Girl

“Je voulais éviter tout sensationnalisme et toute dramatisation”

par 

- Nous avons interviewé la réalisatrice résidant à Glasgow sur son premier long-métrage, qui propose un tableau très intime du rapport d’une mère à sa fille

Adura Onashile • Réalisatrice de Girl

Cette année, au Festival de Sundance, dans la compétition World Cinema Dramatic, la réalisatrice écossaise d'origine nigériane Adura Onashile a présenté son premier métrage, Girl [+lire aussi :
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, à travers lequel la réalisatrice traite aussi d'expériences qu'elle a personnellement vécues, tout en l'exprimant dans un langage très universel. Nous avons interrogé Onashile sur la manière dont elle a développé ses personnages et sur ses choix artistiques, notamment l'utilisation qu'elle fait ici de la musique.

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Cineuropa : Pourquoi souhaitiez-vous raconter cette histoire ?
Adura Onashile : Il y a différentes raisons. Une raison très personnelle, par exemple : enfant, il y a eu un moment où j'ai vécu avec ma mère murée dans un appartement, de manière assez similaire au cas de ma jeune héroïne. Mais au-delà de ça, j'avais aussi envie d'aborder des sujets plus universels. À quel moment de la croissance devient-on totalement soi-même ? L'héritage qu'on a joue un rôle très important là-dedans. Que transmettent les mères à leurs filles et dans quelle mesure cela affecte-t-il ces dernières ? À quel moment laisse-t-on le passé derrière soi, avec ses traumatismes ? Je voulais explorer cette relation mère-fille spéciale. Il n’y a qu’un enfant, ce qui rend la relation encore plus particulière. Leur lien est compliqué, un peu suffocant tout en gardant sa beauté.

Avez-vous appris quelque chose en travaillant sur le film ?
Je ne me rendais pas compte qu'être parent était aussi dur avant d’avoir ma fille. Je vois aussi qu’il y a quelque chose qui fait qu'instinctivement, on refait les mêmes choses, encore et encore. J’espère changer ce processus qui tient de l'héritage qu'on porte avec soi. J’essaie d’être extrêmement attentive avec ma fille. Il est important de voir, dans une telle relation, que tout le monde a des besoins différents.

Avez-vous fait des recherches spécifiques pour le film ?
J’ai écrit le scénario sur trois ou quatre ans. Pendant cette période, j’ai beaucoup parlé avec cette communauté, avec des femmes résidant ici à Glasgow. J’en ai connu beaucoup qui ont vécu des choses traumatisantes, mais essaient d’enfouir ces souvenirs dans la maternité. C’est possible de laisser les choses en sommeil, mais ça n'est possible que jusqu'à ce quelque chose d'autre se passe qui déclenche quelque chose en vous et fait remonter le traumatisme à la surface. J’ai rencontré beaucoup de gens dans des situations difficiles.

Pourquoi avez-vous décidé de ne pas en dire davantage sur l’histoire de fond de la mère dans le film ? Pourquoi ce choix était-il important ? Était-il clair pour vous dès le départ ?
C’était ma décision dès le départ. Parfois, je pense qu’on devient obsédé par le désir de remettre en contexte les expériences des gens. Ce qui compte, c’est ce qui est là maintenant. Nous n’avons pas à fonder notre jugement sur le passé. Contentons-nous de considérer les gens sur le moment, pas besoin de poser des questions, par exemple depuis combien de temps ils sont là. Je sais ce que c’est que d’être jugée avant qu'on vous connaisse. Pour ma part, je n’ai pas besoin de voir ce qui s’est passé pour ressentir ce que la personne ressent. Je ne voulais pas sensationnaliser ou dramatiser.

Aviez-vous d'autres dénouements possibles en tête ?
Il y a un montage du film où la fin est plus expressionniste. Je voulais qu’elle soit moins didactique, mais il était difficile de convaincre les producteurs.

Comment avez-vous choisi votre actrice principale ?
Mon directeur de casting s’est demandé si je voulais absolument une actrice britannique pour jouer la mère, ou si nous pouvions envisager des acteurs d’origine africaine d'où qu'ils soient. Nous avons opté pour la deuxième proposition et trouvé Déborah Lukumuena. Elle élève le personnage au niveau au-dessus. C’était déjà clair sur la première cassette qu’elle nous a envoyée. J'ai trouvé en elle la Grace de mes rêves. Elle est capable d'exprimer tant de choses sans rien faire. Déborah est une comédienne très spéciale, qui est en train de devenir réalisatrice, en ce moment même, et je suis très curieuse de voir ce qu’elle va faire.

Comment avez-vous travaillé avec les deux comédiennes pour préparer les rôles de la mère et de la fille ?
Nous avons fait des répétitions principalement pour qu'elles deviennent proches l'une de l'autre. Elles devaient être à l'aise l’une avec l’autre. Donc nous nous sommes vues tous les jours pendant trois semaines, à raison d'une demi-journée à chaque fois. Nous avons discuté du scénario, mais nous jouions aussi beaucoup et nous bougions, l'idée étant qu'elles se sentent à l'aise.

La musique joue un rôle important dans le film. Comment avez-vous choisi les différentes chansons et la musique ?
Dans beaucoup de scènes, il n'y a aucun contexte et de très gros plans. Cela signifie qu’il faut qu’il y ait du son. Il fallait que ça paraisse universel, sans âge et que ce soit profond. J’aime les voix des femmes qui commentent l’histoire comme un chœur grec. Pour la relation entre les filles, il fallait que ce soit une musique plus commerciale et pour l'univers congolais de Grace, j’ai choisi une musique plus mélancolique, qui donne un sentiment d’espace, a une certaine ampleur et porte le poids de l’histoire.

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(Traduit de l'anglais)

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