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IFFR 2023 Bright Future

Zaida Carmona • Réalisatrice de La amiga de mi amiga

“Il serait intéressant qu’une personne hétérosexuelle puisse avoir comme références des personnages de films LGTBIQ+”

par 

- Nous avons interrogé la réalisatrice espagnole sur son premier long-métrage, une comédie indépendante, profondément cinéphile et fièrement lesbienne

Zaida Carmona • Réalisatrice de La amiga de mi amiga

La amiga de mi amiga [+lire aussi :
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interview : Zaida Carmona
fiche film
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, réalisé, coécrit (avec le réalisateur Marc Ferrer) et interprété par Zaida Carmona, arrivera dans les salles espagnoles le 3 février avec Begin Again Films, après une première internationale dans la section Bright Future de l'IFFR et, avant cela, des passages couronnés de prix au Festival D'A de Barcelone, à Lesgaicinemad et Rizoma.

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Cineuropa : Ce film, qui est votre premier long-métrage, se retrouve à Rotterdam.
Zaida Carmona : C'est une surprise qui a dépassé toutes nos attentes. Quel honneur d’être invités là-bas avec un long-métrage aussi punk, surtout au niveau de la production.

Parce que vous l'avez produit de manière complètement indépendante
Grâce au crowdfunding et à l’autofinancement, mais avec un budget limité, celui d’un court-métrage, pour tout vous dire. C’était la seule manière de le faire ; c'est ainsi que nous avons réussi à le mener à son terme, en marge de l’industrie, quoiqu’on ait ensuite été rejoints par une société de distribution, (Begin Again), ce à quoi on ne s'attendait pas non plus. Parce que le film est né d’une nécessité physique de le tourner, grâce à la participation de contacts et de l’équipe qu’on avait à la maison.

C’est un peu comme ça que fonctionne votre coscénariste Marc Ferrer pour faire ses films.
Oui, c'est la méthode guérilla et kamikaze de Marc. Être proche de lui m’a donné l’élan pour tourner le film de cette manière. Si je n’avais pas vu que c’était possible, je n’aurais pas osé.

Même Carlos Vermut a avoué qu'il était fan de La amiga de mi amiga.
Nous le connaissions parce qu'il avait aimé les films de Marc, mais qu'il voie le mien me faisait à la fois peur et envie parce qu’un soir, un peu éméchés, nous avions parlé d’Éric Rohmer. Quand on admire autant quelqu’un et que cette personne aime une chose que vous avez faite... c'est un choc.

Rohmer est plus qu’une "guest star" dans votre film. D’où vient votre fascination pour ce cinéaste ?
Je l’ai découvert à l’université, quand j’étudiais la communication audiovisuelle, mais je n’ai pas vraiment fait attention. Plus tard, il y a quelques années, j’ai revu Les Nuits de pleine lune et j’ai totalement accroché. Ça m’a paru très amusant que quelqu’un ait fait des comédies romantiques dans le cadre de la Nouvelle Vague. Par ailleurs, ses personnages féminins sont raides, comme dans un âge bête permanent. En discutant avec Marc, on s'est dit qu'on devrait faire un hommage ou une adaptation, parce que ces trames sont proches de nos vies. Le film a commencé comme une adaptation, mais c'est devenu un hommage.

Un hommage cinéphilique et de l'ordre du simulacre de culture. Les personnages sont comme ça, du reste.
Oui, le personnage de Rocío Saiz se moque un peu de ce snobisme. C'est fréquent à Barcelone : nous ne nous prenons pas trop au sérieux.

C’est une comédie fière d’être lesbienne : le seul garçon qui apparaît à l’écran est Ferrer...
Oui, c’était par justice poétique : il fallait qu’il y soit. Dans la première version du scénario que nous avons écrit ensemble, il m’a dit qu'il adorait le fait que je n'y aie mis aucun garçon. J’ai répondu : c'est venu comme ça, sans chercher. Ensuite, on s'est dit que ce serait amusant qu'il n'y ait pas un seul figurant masculin : juste lui.

C'est aussi une comédie joyeuse qui propose une vision pas du tout dramatique de l’environnement lesbien.
Pour moi, il était important de tourner un film où on vivrait notre identité plus sainement et où on la célébrerait. Il y a beaucoup de films à thématiques lesbiennes que j’adore, quoiqu'il s'agisse de films dramatiques. C’est normal, quand on a une identité LGTBIQ+, de vivre des choses problématiques et douloureuses, mais j’avais envie de composer un chant identitaire où on s'amuserait bien et où les personnages ne se conduiraient pas toujours très bien. On dirait qu'il faut toujours que nous créions des personnages qui soit des références, des exemples, et dont l'identité soit justifiée par un traumatisme. J’avais envie de faire dans le registre idiot sans cesser d’être activiste. On s'amuse bien et à partir de là, on peut aussi déranger.

Mais parfois, le cinéma LGTBIQ+ n’est vu que par un public LGTBIQ+. Pensez-vous que les films comme le vôtre, légers, festifs et enjoués, peuvent faire envie à un autre public ?
Oui, c’est dommage, parce que les gens comme moi, de la communauté LGTBIQ+, regardons constamment des films avec des histoires hétéro, où on se retrouve sur certains points et qui nous intéressent. Ça me paraîtrait intéressant qu’une personne hétéro puisse avoir comme références des personnages de films LGTBIQ+, mais ça n'arrive pas. C’est comme si c’était un genre à part, comme c'était le cas avant avec les films faits par des femmes. C’est une question d'éducation et d’industrie : quel que soit le nombre de regards différents qui se présentent, ils peuvent s'insérer dans la programmation conventionnelle, mais il y a un gros travail à faire.

Est-ce que vous êtes d’accord avec l’étiquette de conte moral qu’on a apposée sur votre film ?
Il est plutôt amoral, non ? Voire immoral.

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(Traduit de l'espagnol)

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