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IFFR 2023 Compétition Big Screen

Edgar Pêra • Réalisateur de The Nothingness Club

"Je suppose que c’est le film dont j’ai le plus discuté avec tout le monde avant qu’on ne commence enfin le tournage"

par 

- Nous avons dialogué avec le réalisateur sur ce film, qui est un hommage enfiévré au génie de l’auteur portugais Fernando Pessoa

Edgar Pêra • Réalisateur de The Nothingness Club

Edgar Pêra a été invité au the Festival international du film de Rotterdam avec plusieurs de ses travaux déjà. Son nouveau film, The Nothingness Club [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Edgar Pêra
fiche film
]
, où il essaie de réunir tous les hétéronymes de Pessoa, a fait sa première cette année dans le cadre de la Compétition Big Screen. Nous avons interrogé le réalisateur portugais sur sa relation avec son personnage central et certains détails relatifs à la production du film.

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Cineuropa : Fernando Pessoa est une figure présente dans plusieurs de vos films. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rapport à cet auteur et son oeuvre ?
Edgar Pêra : Dans les années 1980, Le livre de l'intranquillité de Pessoa, inspiré d'un de ses sous-hétéronymes Bernardo Soares, est paru pour la première fois. À l’époque, je me suis complètement rendu à ses pensées sur l'humanité, la conscience de soi et la petitesse des humains par rapport à l’échelle cosmique, ou au moins à l’échelle de toute l’humanité. J’ai commencé très tôt à utiliser ses textes dans mes travaux. Ce projet a commencé il y a de nombreuses années. J’ai trouvé ces trois mots dans un texte de Pessoa, le "Club du Néant", et j’ai commencé à imaginer ce que ça donnerait si tous ses hétéronymes travaillaient pour lui et complétaient ses idées. Ses travaux et ses notes sont très complexes. Pour moi, le cœur du film est cet état particulier dans lequel on se trouve quand on est totalement plongé dans une activité, artistique ou autre. On se sent superbement bien quand on peut se concentrer uniquement sur cette chose, qui dans mon cas est le cinéma, sauf qu'ensuite, on a beaucoup plus de mal à établir une connection avec d’autres personnes. Il est beaucoup plus difficile de trouver quelque chose qui vous complète à ce point dans l’humanité. Cette improbabilité de l’amour est ce qui nourrit le film. Parce que je ne pense pas qu'il soit impossible, juste difficile. Comme Pessoa, j’ai toujours envie de créer des choses nouvelles, mais je me languis de trouver l’harmonie.

Comment avez-vous développé le scénario de ce film ?
Pessoa a créé des personnages complets, avec un horoscope et un passé, et puis il a créé leurs travaux. Il s'est fragmenté lui-même et il a considéré son travail sous différents points de vue. Je pense que nous avons tous ces personnages distincts en nous, mais la plupart sont opprimés. Dans ce film, je voulais montrer comment il traitait toutes ces versions de lui-même. Pour des raisons liées à la pandémie, nous avons dû tout tourner dans un seul endroit, donc j’ai eu l’idée de mettre le personnage de Pessoa dans un asile où il se serait fait interner de son propre chef. Ainsi, nous avons tourné principalement en intérieur et les scènes censées se passer à Lisbonne ou dans d’autres endroits, nous avons les avons tournées dans le jardin du même bâtiment, et au bord du fleuve. L’histoire a changé du fait de la situation, mais c’était toujours inspiré par Pessoa lui-même. Il y a une lettre fictionnelle qu’il adresse un psychiatre, très romantique et tragique, plus que celles qu’il écrivait à sa vraie amie et amante Ofélia.

Vous avez déjà fait des films en 3D. Dans quelle mesure cette expérience a-t-elle influé sur ce film ?
J’ai songé à réaliser ce film en 3D, mais c’est très frustrant de savoir que la plupart des gens ne le verront pas en 3D et que la plupart des cinémas ne le projetteront pas en 3D, donc ça n’a pas vraiment de sens. Pour le moment, je travaille sur ce que j’appelle "intelligence animale", ce que d’autres appellent "intelligence artificielle". C’est un projet sur Pessoa et Lovecraft intitulé Lettres télépathiques. Ça parle de ce qu'ils avaient en commun, et du fait qu'ils sont tous les deux, dans un sens, des spectateurs cosmiques déconnectés.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile, pour le tournage du film ?
Le plus gros challenge, c'était la partie artistique, trouver comment créer les images et illustrer le scénario. Nous avons travaillé pendant un an avec le chef décorateur et nous avons partagé beaucoup d’idées. Nous savions que nous tournerions dans une usine alors nous nous sommes adaptés au lieu. Je pense que c'est le film dont j'ai le plus discuté avec tout le monde avant de commencer le tournage. Nous avions beaucoup de matériel après, beaucoup de scènes que nous avons fini par couper, à tel point que j'envisage de faire une installation avec. Il a aussi été difficile de choisir parmi les mots de Pessoa. Ce projet a été une enquête très complexe sur les mots et les images. À vrai dire, elle n’est pas réellement terminée, même si le film l'est.

Vous avez présenté plusieurs de vos films à Rotterdam. Quelle relation avez-vous avec ce festival en particulier ?
C’est une relation non monogame, mais la seule qui soit vraie, principalement à cause des gens qui y participent et du concept même de l'événement, qui essaie de trouver de nouvelles frontières pour le cinéma. Il n’utilise pas un algorithme qui définit ce qu'est le cinéma d’auteur.

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(Traduit de l'anglais)

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