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France / Belgique / Islande

Dinara Droukarova • Réalisatrice de Grand Marin

“J’espère que le film sera reçu comme un poème visuel et un récit réaliste”

par 

- La comédienne russe vivant à Paris nous parle de son premier long-métrage comme réalisatrice, adapté du roman à succès Le grand marin de Catherine Poulain

Dinara Droukarova • Réalisatrice de Grand Marin
(© Joan Calvet)

Le premier long-métrage comme réalisatrice de la comédienne russe basée à Paris Dinara Droukarova, Grand Marin [+lire aussi :
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, distribué en France par Rezo Films et à l'international par sa société de production, Slot Machine, a été dévoilé dans la section New Directors du Festival de San Sebastian et plus récemment projeté à celui d’ Ostende. Droukarova explore, dans ce portrait d’une femme sur l'eau, toutes sortes de contrastes : la terre et la mer, le masculin et féminin, le corps et l’âme, le réalisme et la poésie. Nous l'avons rencontrée à l’occasion de la 2e édition du Festival Polarise Nordic Film Nights de Bruxelles, où Grand Marin a été choisi comme film d’ouverture.

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Cineuropa : Ce film est une adaptation du roman Le grand marin de Catherine Poulain. Comment avez-vous découvert le livre, et comment a-t-il fait son chemin vers vos envies créatives ?
Dinara Droukarova : J’ai lu un article de journal sur le livre de Catherine il y a environ sept ans. Sa photo, à côté de l’article, m'a vraiment interpellée. Il y avait tellement de force dans son regard. J’ai acheté le livre, et très vite, des images me sont venues à l'esprit. J’adorais tout simplement cette métaphore d’une personne qui veut tout quitter et aller au bout du monde, qui sent un besoin de quitter la terre et investir dans la mer afin de se confronter à elle-même, et de mieux comprendre ses forces et ses faiblesses. Elle fait tout cela en intégrant dans un environnement fondamentalement masculin, et rude, par-dessus le marché.

En effet, Lili se retrouve en conflit avec le reste de l’équipage, sur ce bateau androcentré. Quels éléments de l’expérience de la vie de femme voulez-vous transmettre ?
L’histoire de Lili fait écho à celle de beaucoup de femmes, bien au-delà de tous les stéréotypes dictés par la société, la religion ou n'importe quelle forme de structure. Tout ce qu’elle veut faire, c’est suivre son instinct et défendre la position qu’elle a choisie à travers son travail. Elle veut mériter le respect et éviter de se façonner à partir de ce que ses collègues pourraient attendre d’elle. Quand j’y pense, c’est facilement comparable à ce à quoi les femmes sont confrontées dans l’industrie du film.

Pourquoi avez-vous décidé d'en dire si peu sur le passé et les motivations de Lili ?
Elle est assez cryptique, c’est vrai. Au tout début de l'écriture du scénario, j’ai essayé de lui inventer une histoire de fond, mais elle éclipsait complètement l’histoire. Elle n'aurait pas laissé de place pour que le public puisse s'immerger dedans. C’est pour cela qu’on n'a jamais tout le récit de son passé, mais si on est attentif, on peut l'imaginer un peu. Quand elle dit à Jude [joué par l’acteur islandais Bjorn Hlynur Haraldsson] qu’elle ne supporte pas les murs et préférerait se noyer que rester sur terre, ça vous dit quelque chose. Je sais que ce genre de phrases existentielles m’ont émue, quand je les ai lues. C'est pourquoi j’ai conservé mot pour mot les dialogues du livre. J’espère que le film sera reçu et comme un poème visuel, et comme un récit réaliste.

Pourquoi avez-vous déplacé l’histoire de l’Alaska à l’Islande ?
Je pensais initialement au Québec, parce que la moitié des dialogues devaient être en français si je voulais répondre aux critères du CNC, qui a cofinancé le film, mais quand la pandémie a frappé, le lieu que nous avions trouvé était complètement fermé. Ma productrice m’a alors demandé ce que je pensais de l’Islande. Je trouvait l'idée séduisante, clairement, mais je pensais que ce serait trop cher. Nous avons tenté le coup tout de même et nous avons réussi ! En plus, ces paysages sont parfaits pour notre histoire, avec leur beauté magnétique et leur rudesse.

En parlant d’images, comment avez-vous travaillé avec Timo Salminen, qui est le collaborateur de longue date d’Aki Kaurismäki ?
Nous nous connaissions déjà parce que j’avais déjà demandé à Timo de travailler sur mon court-métrage Ma branche toute fine [2018]. C’est un poète, et c’est exactement ce que je cherchais. Je lui ai donné carte blanche, d’une certaine manière. Nous avons choisi un format Scope pour rendre l'idée d’immensité et d’espace dans l’esprit du spectateur. Il génère un contraste fort quand place le corps menu de Lili au milieu, et sa solitude aussi.

Catherine Poulain a-t-elle vu le film ?
Elle l’a vu, trois fois ! La première fois, elle était vraiment secouée et répétait : "Ça va trop vite !". Elle l'a vu une deuxième fois, et la troisième, c’était au Festival du film de San Sebastian. C’est là qu’elle m’a dit qu’elle se sentait enfin à l'aise en voyant le film, et qu'elle l'adorait. Elle a dit qu'elle le voyait enfin comme une oeuvre séparée, différente mais connectée à la sienne.

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(Traduit de l'anglais)

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