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BERLINALE 2023 Encounters

Tia Kouvo • Réalisatrice de Family Time

“Je dois pouvoir croire que tout est vrai”

par 

- BERLINALE 2023 : La réalisatrice finlandaise nous parle de son premier long-métrage et de son désir de voir des représentations de la cellule familiale plus fidèles à la vérité

Tia Kouvo • Réalisatrice de Family Time

La Finlandaise Tia Kouvo a présenté son premier long-métrage, le fascinant et légèrement sarcastique Family Time [+lire aussi :
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interview : Tia Kouvo
fiche film
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, dans la section Encounters de la Berlinale. Nous l’avons interrogée sur ce qui lui a inspiré ce film ainsi que sur ses personnages et leur authenticité.

Cineuropa : Pourquoi Noël ?
Tia Kouvo : Je pense qu’il y a quelque chose d’universel dans ce genre de réunion de famille. Nous voyons les membres de notre famille un certain nombre de fois par an, et il y a des attentes particulières quant à ce à quoi ces retrouvailles devraient ressembler. L’idée de ce film m'est venue il y a dix ans alors que je regardais un film de Noël, en me disant que mes Noël ne ressemblaient pas du tout à ça. Je pense que nous manquons d’images qui livrent un tableau réaliste des réunions de famille – quelles qu'elles soient, pas nécessairement à Noël.

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Quelle part de votre histoire familiale personnelle se retrouve dans le film ?
J’essaie de beaucoup puiser dans la réalité, d’être authentique dans le tableau que je brosse. Tout doit faire vrai. Les personnages sont un mélange de différentes personnes que je connais. C’est un film de fiction, ce qui signifie, bien sûr, que j’ai inventé beaucoup de choses aussi. Difficile de dire quelle part exactement vient de ma propre expérience, mais je dirais une grande partie. Je voulais partir de quelque chose de personnel afin de rendre le film très universel. L'objectif n’est pas de raconter une histoire personnelle. J'observe cette famille et ses comportements et je me dis qu’il y a là des choses auxquelles tout le monde peut se rapporter.

Est-ce que vous diriez que c’est une famille finlandaise typique que vous dépeignez ici ?
Dans un sens. Par exemple, l’alcoolisme est très commun en Finlande, tout comme le schéma consistant à ne pas communiquer les uns avec les autres – il n’y a pas de proximité émotionnelle. Il y a quelque chose entre les gens qui les sépare et leur empêche de se parler entre eux de ce qu'ils ressentent vraiment.

Le personnage de la grand-mère remplit ce vide, car elle n'arrête jamais de parler.
J’aime vraiment ce personnage. Je voulais que ce soit la grand-mère typique, mais il était important qu’elle ne soit pas une victime. Elle contrôle totalement ce qu’elle fait. J’écris toujours mes personnages en ayant le sentiment que je crois tout ce qu'ils croient. Ce qui se passe dans leur subconscient ne m'intéresse pas tant que ça. Pour moi, la grand-mère est le cœur battant de cette famille, mais elle permet aussi à certaines des mauvaises choses qui vont survenir de se produire. Ce n’est pas une personne parfaite.

Vous trouvez un bon équilibre entre l’humour et le drame. Considérez-vous le film plus comme un récit dramatique ou une comédie ?
"Drame" est un mot difficile, parce que j’essaie d’éviter le drame. Je ne voulais pas amener de drame dans l’histoire, juste observer ce qui se passe dans la pièce, en espérant que le drame et le conflit survienne entre le film et le spectateur. Ces étiquettes sont difficiles, mais peut-être que c’est une comédie dramatique.

Les sœurs ne peuvent pas se supporter : la plus jeune souffre d’un complexe d’infériorité et cherche une reconnaissance qu’elle n’a jamais eue.
Je pense que c’est un personnage très typique. En Finlande, nous avons beaucoup de Susannas, qui sont les filles d'hommes très austères et taciturnes. Elles n’ont jamais reçu assez d’amour de leur père, donc elles se démènent pour être parfaites. Susanna est un peu tiraillée par rapport à ce qu’elle veut vraiment dans la vie et quant à savoir si elle est heureuse dans son couple. Elle a des soucis d'estime de soi. Elle essaie de se défendre elle-même. Peut-être qu’elle a lu un article dans un magazine sur la manière de procéder pour avoir davantage confiance en soi et qu'elle essaie de l'appliquer. Sauf qu'au travail, ses collègues ne la prennent pas en compte. C’est courant, ça m'est arrivé aussi dans le travail : je pensais qu'on allait me remercier pour quelque chose, et puis l'attention s’est déplacée sur autre chose. On est toujours la personne la plus importante pour soi-même, mais pour les autres, hélas, on n'est pas si important.

Vous utilisez une caméra fixe. Pourquoi ce choix ?
J’ai passé du temps sur le développement de mon approche visuelle, avec mon chef opérateur. En 2016, nous avons fait un court-métrage avec le même titre et les mêmes personnages, réalisé dans le même style. Beaucoup de choses se passent entre les lignes de ce que les gens font ou disent. On peut dépeindre tellement de choses avec un cadrage, comme quand on laisse quelqu’un hors champ. Je pense qu’une image plus large est tellement plus intéressante à regarder, ça laisse de l'espace au spectateur pour qu'll regarde par lui-même. Je n'ai pas envie de recourir aux gros plans, parce que c’est la situation qui m’intéresse.

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(Traduit de l'anglais)

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