email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2023 Compétition

Christoph Hochhäusler • Réalisateur de Till the End of the Night

“’Pas de dénouement heureux’ est aussi un scénario possible dans la vie”

par 

- BERLINALE 2023 : Entretien sur la distance inhérente aux histoires d’amour contemporaines et sur ce que signifie vraiment rester soi-même

Christoph Hochhäusler  • Réalisateur de Till the End of the Night

Entre, d’un côté, l'histoire d’amour qui s’épanouit entre une femme trans au destin compliqué doublée d'une criminelle nommée Leni et le policier gay et émotionnellement distant Robert, et, de l'autre, une enquête policière sur une histoire de drogue, dans Till the End of the Night [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Christoph Hochhäusler
fiche film
]
, Christoph Hochhäusler essaie de saisir l'essence de ce que signifie rester fidèle à soi-même, que cela emporte un dénouement heureux ou permette simplement d'apprendre des choses sur soi en chemin. Nous l’avons interrogé sur ce film, présenté en compétition à Berlin.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Le moment d’intimité le plus frappant entre les personnages principaux, Robert et Leni, se produit alors qu'ils sont séparés par une vitre de voiture (un mur, pour ainsi dire). Est-ce que vous aimez travailler avec les symboles ?
Christoph Hochhäusler : Je ne sais pas si le mur est un symbole, mais l’obstacle qu'il constitue, ou la protection qu’il offre, permet naturellement une certaine forme d’ouverture de soi. C’est un procédé aliénant, un obstacle qui est très présent de nos jours, où on peut faire l’amour sur Zoom ou Skype. Ce genre de chose m’intéresse. Qu’est-ce que ça améliore dans cette situation ? Après tout, gérer le corps de quelqu’un d’autre, c’est difficile. La relation qu'on montre dans le film est particulièrement riche en dilemmes.

Les corps sont une construction abstraite, et on dit à Robert d'ignorer les formulations binaires. D'un autre côté, ce n'est pas évident pour lui : il aime les hommes, tout simplement, et voilà que l’homme qu’il aime n’est plus un homme.
On ne peut rien changer aux sentiments. On peut les critiquer, mais ils sont là quand même. Robert est quelqu’un qu’on devrait critiquer, mais pas condamner. Il n’est pas encore prêt.

Il n’est pas encore prêt, alors que Leni est très à l'aise dans son corps. La situation est généralement inversée.
Elle est qui elle est, c'est tout, et c’est de là qu’elle tire sa force. Même si l’aspect social ne peut jamais vraiment être totalement ignoré, il joue toujours un rôle dans la formation de l’identité de chacun. Comment les autres me voient-ils, qu'attendent-ils de moi ? C’est une grande part de la fascination qui entoure [l’actrice] Thea Ehre et Leni.

Est-ce que c’est aussi la raison pour laquelle certains personnages du film ont droit à un dénouement heureux, et d’autres non ?
Il y a une phrase que prononce Robert, à savoir que ce n'est pas son genre. "Pas de dénouement heureux" est aussi un scénario possible dans la vie. Je ne condamne pas du tout ça, si quelqu’un ne sait pas qui il ou elle ou autre est. Il y a toujours cette terreur aujourd’hui : il faut "être soi-même". Mais ce n’est pas aussi simple, ce n'est pas tout noir ou tout blanc.

Au-delà des relations humaines, le film décrit aussi une enquête sur une histoire de drogue. Normalement, dans ce genre d'histoires, on voit beaucoup de gros durs, mais vous bousculez le paradigme avec ce film LGBTQ. Qu’est-ce qui est venu en premier : l’idée de ces personnages ou l'enquête ?
Les personnages ont toujours été l’élément fixe, ainsi que leurs problèmes et l'amour qu'ils sentent l’un pour l’autre. C'est plus tard dans l'élaboration du film qu'est arrivé l'élément gangster. Le gangster Viktor, qui a justement l'intelligence émotionnelle qui manque à Robert, a l'effet d'un catalyseur pour les histoires d’amour. Je voulais montrer un gangster qui est méchant, certes, mais pas aveugle aux sentiments des autres, et qui a aussi une vie domestique.

En regardant le film, on ne sait jamais avec certitude où est la vérité. Est-ce que Robert et Leni se connaissaient avant ou pas ?
J’ai toujours été fasciné par les films noirs, le fait qu'on se trouve happé dans un bourbier obscur et qu’on ne sait pas à qui faire confiance. Ça peut être frustrant, mais je trouve ça fascinant.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy