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SÉRIES MANIA 2023 Séries Mania Forum

Antoine Vitkine • Scénariste de Asma et The Salvatore Mundi Case

"Il y a une attente de séries parlant du monde réel à travers la fiction"

par 

- L’auteur français parle de ses deux projets de série, sélectionnés aux Co-Pro Pitching Sessions de Séries Mania Forum

Antoine Vitkine • Scénariste de Asma et The Salvatore Mundi Case

Cela s’appelle des débuts très remarqués dans l’univers de la série internationale, de fiction puisque le Français Antoine Vitkine, réalisateur chevronné de documentaires, est l’auteur de deux des 15 projets sélectionnés aux très courues Co-Pro Pitching Sessions (news) qui se déroulent aujourd’hui à Séries Mania Forum, le volet professionnel du Festival Séries Mania (qui a démarré vendredi dernier à Lille – article).

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Cineuropa : D’où est venu l’idée de Asma (8 x 52’ - produit par Nilaya Productions), votre projet de biopic sur la femme de Bachar el-Assad. Avez-vous été inspiré par votre documentaire Bachar. Moi ou le chaos ?
Antoine Vitkine :
Le documentaire m’a fait explorer les arcanes de la famille Assad et je me suis rendu compte que la figure de Asma était assez hors normes parce qu’elle est en décalage absolu apparent avec le régime, la dictature, la brutalité de la guerre, et à cause de son parcours : elle a été élevée en Angleterre, elle vient de la banque new-yorkaise... Pour moi, elle est une sorte de pont, qui permet d’essayer de comprendre, entre nos vies ici et la situation dans une dictature telle que la Syrie. Quand je cherchais des idées d’histoires à traiter en fiction, cela m’est vite apparu comme une évidence car c’est très romanesque et parce que ce qui est intéressant se passe derrière des portes fermées. À partir de là, tout le travail a été de rencontrer des proches d’Asma et du clan Assad, un nombre relativement important, pour pouvoir d’abord écrire un pré-scénario qui permettait de valider qu’il y avait matière à fiction. Car c’est une série inspirée d’une histoire réelle, donc cela doit coller au réel. Les témoins directs m’ont permis de nourrir un récit au plus proche du personnage, sans faire d’erreurs.

Vous ne venez pas de la fiction. Comment avez-vous travaillé à l’écriture ?
De manière assez artisanale. Je me suis lancé avec l’inconscience du novice tout en ayant évidemment une réflexion sur comment on raconte les choses par la fiction. Mais je ne me suis pas posé trop de questions. L’objectif était de combler les strates manquantes, de partir de ce que je savais pour imaginer ce que je ne savais pas précisément et ce qui fait le sel de la fiction, par exemple les relations avec son mari à tel moment, les dialogues, etc. Je voulais être le plus vraisemblable possible et j’avais déjà un certain nombre de scènes fortes que l’on m’avait racontées sous différents points de vue, que j’ai assemblées et dialoguées de manière chronologique. J’y ai injecté de l’intime, ce qui était plus délicat, issu de déductions ou d’informations glanées à travers des témoins. J’ai été inspiré par Narcos pour son rapport au réel assez fort tout en étant romanesque, et par une autre série beaucoup moins connue : The House of Sadam. Je voulais être seul le plus longtemps possible à l’écriture car je trouve que le risque, en travaillant trop nombreux et trop tôt à l’écriture, était de diluer ce que je voulais dire. Maintenant, et c’est une clé dans l’équation des coproducteurs et du diffuseur, il faut évidemment retravailler à l’écriture avec quelqu’un qui a une plus grosse expérience de ce genre de forme. Et le projet a aussi toutes les cartes pour être en langue anglaise.

The Salvatore Mundi Case (6 x 52’ – produit par Incognita et Wonder Films) que vous pitchez aussi ici à Séries Mania Forum a une trajectoire différente puisque vous avez réalisé récemment le documentaire à succès Salvator Mundi, la stupéfiante affaire du dernier Vinci. D’où est venue l’idée de l’adapter en fiction ?
C’est moi qui l’ai proposé aux producteurs. Pour l’avoir travaillé en documentaire, je voyais la puissance romanesque du sujet et la possibilité de passer à nouveau derrière les portes fermées pour raconter ce que je n’avais pas pu dire dans le cadre d’un documentaire. Là, j’ai immédiatement travaillé avec une co-scénariste, Angela Soupe, d’une manière plus classique, sur une bible. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’histoire du tableau devenu le plus cher du monde et qui avait été acheté pour une somme très modique il y a une dizaine d’années. Convoitises multiples, imposture, thriller politique avec quasiment une affaire d’État engageant la France et l’Arabie Saoudite : c’est un récit révélateur du monde dans lequel on vit et qui tourne autour de l’argent. La vie de tous les personnages au contact de ce tableau est transformée. Le récit est assez polyphonique, mais il y a un personnage central, une femme travaillant pour une société de ventes aux enchères.

Vous avez réalisé plus d’une vingtaine de documentaires. Pourquoi cette envie de fiction et de séries ?
Je ne veux pas renoncer au documentaire car j’ai une âme de journaliste et c’est un genre en prise avec le réel qui permet la légèreté et la maîtrise complète du propos. Je pense que c’est plus difficile dans la fiction où la chaîne des intervenants est plus importante. Mais je me pose toujours la question de la mise en récit, de comment on raconte une histoire, et la fiction est une autre partie de la gamme, donc j’avais envie d’explorer ce mode de narration. Pourquoi la série ? Déjà, c’est s’adapter à un marché mais surtout, et c’est pour cela que l’on aime regarder les séries, c’est le moyen d’aller dans la profondeur, dans la subtilité, dans la complexité des personnages, de donner de l’ampleur aux récits. Il y aura sûrement des compromis à faire car la série doit parler à un large public et aussi être "divertissante", mais les séries les plus réussies à mes yeux sont celles qui parviennent à rendre compte d’une certaine complexité et à être, notamment les fictions du réel, le plus proche possible des événements avec toutes les adaptations qu’il faut évidemment faire. Une série comme Tchernobyl par exemple, qui essaye de ne pas faire trop de compromis même s’il y a des effets de mise en récit, est de ce point de vue une sorte de modèle. Et je pense qu’il y a une attente de séries parlant du monde réel à travers la fiction.

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