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SÉRIES MANIA 2023

Vasilis Kekatos • Showrunner et réalisateur de Milky Way

“Nous voulions faire notre propre version du Nouveau Testament”

par 

- Le réalisateur, lauréat d’une Palme d’or du meilleur court-métrage, promet de secouer le secteur de la série grec : son travail est la première série hellénique jamais sélectionnée à Séries Mania

Vasilis Kekatos  • Showrunner et réalisateur de Milky Way
(© Marie Rouge/Séries Mania)

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interview : Vasilis Kekatos
fiche série
]
 suit l’histoire de Maria, une adolescente qui a hâte de quitter sa vie provinciale, mais dont les projets sont contrecarrés par une grossesse inopinée. Aux commandes de cette série, on trouve le réalisateur Vasilis Kekatos, qui reconnaît qu’il a encore du mal à croire que la chaîne Mega Channel lui ait donné carte blanche pour cette production, lui permettant d'intégrer une esthétique audacieuse, des discours queer et une critique progressiste dans un format grand public. Nous avons interrogé Kekatos à l’occasion du Festival Séries Mania.

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Cineuropa : D'où est parti Milky Way ?
Vasilis Kekatos : De mon adolescence. J’ai grandi sur une île appelée Kefalonia. C’est un endroit très isolé, surtout l'hiver. Les gens ont une impression pittoresque du lieu, qui n'a en réalité rien à voir avec ce qui se passe en basse saison. Quoi qu’il en soit, quand j'étais lycéen là-bas, il y avait toujours une fille à l’école qui tombait enceinte. Et ça se produisait chaque année scolaire, et à chaque fois, on ne la revoyait plus après ça. Plus jamais. Et avorter n’était pas une option. C'est arrivé à une amie proche avec qui j'ai partagé un pupitre sur toute une année. Je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer toutes les possibilités qui dansaient autour d’elle et s'envolaient soudainement, alors j'ai voulu écrire une histoire sur ces filles.

Est-ce que c’est encore comme ça ?
Bien sûr ! C’est pour ça que nous avons fait la série. Pour être franc, je n’étais pas certain de vouloir faire une série, mais je me suis rendu compte que j'avais la possibilité de choisir ce sujet dont personne en Grèce ne voulait parler, à cause des croyances religieuses et des idées conservatrices profondément ancrées. Vous savez, nous avons vécu sous une dictature militaire jusqu’à il y a environ 40 ans. Nos parents l'ont connue. De fait, les choses font très vieux jeu, parfois, en Grèce. Nous voulions faire cette série pour secouer un peu tout ça, pour voir où ça pouvait mener.

Comment compareriez-vous votre expérience dans le cinéma et l'industrie de la série TV ?
Je suis un peu ignorant en la matière. Je ne sais pas comment fonctionnent les chaînes de télévision. J'ai l’habitude de faire des courts-métrages avec beaucoup plus de liberté, mais je crois que j’ai amené cette force avec moi. J’ai été très clair dès le départ sur le fait que j’avais besoin d’une liberté artistique totale pour rejoindre le projet. Je me souviens d’avoir rencontré les producteurs de Mega Channel, qui est l'antenne la plus téméraire du pays dans son genre, soit dit en passant. Ils me disaient que la série allait se faire, alors je n'ai pas pu m'empêcher de leur demander : "Mais est-ce que vous avez vraiment lu le scénario ?". Je savais que leur enthousiasme à l'idée de travailler avec nous venait du fait que nous avions gagné la Palme d'or du court-métrage à Cannes, mais je me suis même mis à me demander s'ils avaient vu le court-métrage [The Distance Between Us and the Sky]. Je veux dire, ce n’est rien de fou, mais c’est quand même assez cru ! Et ils l'avaient bel et bien vu, et ils étaient totalement résolus à nous laisser toute la liberté que nous voulions.

La série use même de symboles religieux qu'elle subvertit. À quelle fin ?
Nos personnages principaux s'appellent Maria et Joseph, ce qui est assez évocateur. Nous voulions créer notre propre version du Nouveau Testament. Il y a plusieurs siècles, c'était révolutionnaire, donc si on l’écrivait aujourd’hui, je pense que c'est ça qu'on obtiendrait comme histoire. Je ne peux pas trop en dire à ce sujet, parce que c’est le coeur de l'intrigue, et je ne veux pas "spoiler" l’histoire. Ce que je peux vous dire, c’est qu'en Grèce, le dernier épisode de la série sera diffusé à Noël.

C’est la première série grecque à jamais être présentée à Séries Mania. Est-ce que c’est une surprise pour vous ?
D'une certaine manière, nous avons toujours l’impression de faire du cinéma et non de la télévision. Le télévision, en Grèce, reste très très vieillotte ! En gros, on n'y voit que des feuilletons. On a déjà fait de bonnes séries, attention, je ne dis pas le contraire, mais qu'une chaîne de télévision grecque mise ainsi sur des jeunes talents, c'est clairement inédit. Qui plus est en nous laissant la liberté la plus totale – même maintenant, j'ai encore du mal à le croire. Et je suis fou de joie que la série ait été invitée au Festival Séries Mania. C’est une reconnaissance de notre travail et du risque énorme qu'on pris les producteurs. Nous nous sentons chanceux : je veux dire, notre gouvernement a récemment dévalué les diplômes des écoles d'art dramatique du niveau licence au niveau lycée, et voilà que nous (surtout nous !) avons droit au plus gros budget qui ait jamais été accordé à une série limitée grecque. C’est un drôle de pays que le nôtre, ça c’est sûr !

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(Traduit de l'anglais)

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